Statistiques de genre: Le Cameroun sur la bonne voie
Les professionnels des médias et responsables des cellules de communication ont été outillés, pendant trois jours, à l’utilisation des données et à la conception des data-visuels.
Du 30 mars au 1er avril, la capitale camerounaise a abrité un atelier national de formation des professionnels des medias et les responsables des cellules de communication des structures en charge de la production et la diffusion des statistiques. Une initiative d’Onu Femmes à travers le projet Women Count en partenariat avec le Réseau de journalistes sur les statistiques de genre et les ODD. Objectif : Outiller les journalistes et responsables de la communication institutionnelle à l’utilisation des données et à la conception des data-visuels mettant en exergue les problématiques de genre. Un objectif qui rentre en droite ligne des projections du gouvernement camerounais qui s’est engagé depuis 2019, avec l’appui d’Onu Femmes, à améliorer la disponibilité des statistiques de genre et les statistiques désagrégées par sexe dans le Système statistique national (Ssn), ainsi qu’une meilleure utilisation desdites statistiques pour la planification et le suivi-évaluation des programmes et politiques publiques. D’ailleurs, indique-t-on, le Ssn ne cesse de rendre disponible, depuis 2019, un certain nombre de données statistiques sur le genre et en promouvoir l’utilisation à tous les niveaux. Cependant, regrettent les organisateurs de l’atelier de Yaoundé, si l’on a pu noter des avancées remarquables en matière de production, il reste que le volet utilisation reste encore très peu avancé.
A travers plusieurs modules, la rencontre de Yaoundé aura entre autres outillé les participants sur la manière d’intégrer l’approche genre dans leur production éditoriale en utilisant les données statistiques et les data visuels, et renforcé les capacités des participants sur les techniques de storytelling et l’exploitation des rapports statistiques pour la production des reportages sur les questions de genre. « Nous souhaitons que les données statistiques sortent des gros rapports techniques propres aux initiés pour entrer dans le jargon de monsieur tout le monde », a précisé Ulrich Waffo, Gender statistics and SDG’s specialist, Onu-Femmes. « On va continuer ce processus de formation pour qu’à la fin de notre cycle de formation, nos cibles soient des formateurs. Notre vœu est que l’ensemble des journalistes Camerounais s’approprient l’utilisation des outils statistiques », a promis pour sa part, Emmanuel Batake, Coordonnateur du Réseau des journalistes sur les statistiques de genre et les ODD.
Réactions
Chantal Nga, journaliste, DP Lady News
« Je vais améliorer la façon d’écrire mes éditoriaux »
Les travaux de cet atelier sur le renforcement des capacités des journalistes concernant davantage l’approche genre dans les ODD, ont été très enrichissants. Il y a des thématiques que je ne maîtrisais pas. Nous avons été édifiés sur le document de Stratégie Nationale de Développement du Cameroun 2020-2030. Je vais améliorer ma façon d’écrire mes éditoriaux. Le Data visualisation abordé pendant ces travaux est un aspect très important pour la presse écrite. Mais, trois jours à mon avis étaient très insuffisants pour qu’on acquiert toute la technique nécessaire à son utilisation. C’était un enseignement très riche mais un peu complexe parce que c’était la première fois. Cependant, ce sont des idées nouvelles que nous allons intégrer dans notre pratique. Nous allons davantage avoir besoin des organisateurs pour nous bâtir.
Ulrich Waffo, Gender statistics and SDG’s specialist, Onu-Femmes
« …L’esprit est d’aller vers une gouvernance plus participative »
L’intérêt de cette activité n’est plus à démontrer pour le système statistique national dont l’une des faiblesses en ce qui concerne l’utilisation des statistiques au niveau national était la façon dont elles sont communiquées et appréhendées. Dans le cadre du projet « Women Count », on se dit qu’en rendant la donnée et l’information statistique accessible au citoyen lambda, on améliore sa compréhension des actions prises par le gouvernement. Mais aussi, on facilite la compréhension de l’information traitée statistiquement aux praticiens qui ne sont pas toujours des experts en statistiques. Les chargés de la communication, les professionnels des médias étant l’interface entre l’information et le consommateur de l’information (citoyen lambda), il s’est avéré utile que ces experts de la Communication et des médias aient les capacités à communiquer la bonne information en utilisant les bonnes données statistiques. Ce, dans un esprit d’accompagner la volonté du gouvernement de rendre l’information statistique accessible et aussi d’aller vers une gouvernance plus participative ; Que les données statistiques sortent des gros rapports techniques propres aux initiés pour entrer dans le jargon de monsieur tout le monde. L’intérêt d’Onu-Femmes et surtout du Minproff est davantage les questions de statistiques de genre désagrégée par sexe.
Marie France Mfombang, participante, INS
« Les experts apprennent beaucoup sur les moyens de diffusion des données »
Généralement, les données que nous produisons sont gardées dans les tiroirs. Alors trouver le moyen de bien les transmettre est très important. J’apprécie vraiment d’avoir travaillé avec le Gender Data Journalist Network. J’ai apprécié d’avoir appris à traduire les données de façon plus compréhensible pour le grand public. J’apprécie le travail des journalistes qui font l’effort d’aller vers les experts pour bien comprendre la chose. J’apprécie aussi l’interaction : les experts apprennent beaucoup sur les moyens de diffusion des données. Cet atelier nous met sur une même longueur d’ondes, producteurs et utilisateurs des données.
Edwige Grâce Mbakong, Journaliste, chargée d’Etudes 1 au Minproff
« J’ai renforcé mes connaissances techniques sur le storylling »
De cet atelier, je retiens de nombreux points positifs notamment la base de la formation. Cela m’a permis de renforcer mes connaissances techniques en ce qui concerne les storylling, la quintessence et le pourquoi de la mise en place d’une communication avec comme élément tourneur, le storytelling. J’apprécie cette initiative du réseau des journalistes des données. Les participants ont adhéré ! J’ai apprécié la qualité des échanges, le partage des connaissances, les exemples à travers les cas pratiques. J’ai approfondi mes connaissances du Data visualisation, de l’exploitation des données dans un document PDF ou brut afin de rendre visible ce qui nous semble important. Je sors de cette formation avec la sensation d’avoir renforcé à 70% mes capacités. Il reste un gap de 30% qu’il faudrait renflouer.
Emmanuel Batake, Coordonnateur du Réseau des journalistes sur les statistiques de genre et les ODD
« Que les journalistes s’approprient l’utilisation des outils statistiques »
Emmanuel Batake, Coordonnateur Gender Data Journalists
Le Gender Data Journalists avec l’appui de ses partenaires a initié depuis deux ans des réflexions pour accompagner de manière durable les journalistes, les statisticiens, les démographes et même les politiques dans la compréhension et l’utilisation des données sur le genre. Beaucoup de nos confrères sont arrivés avec un niveau bas en ce qui concerne le traitement, l’utilisation et même la recherche des données pour illustrer leur travail éditorial. Au terme de ces trois jours de formation, on note des avancées même si ce n’est pas évident de se doter de nouvelles compétences. On va continuer ce processus de formation pour qu’à la fin de notre cycle de formation, nos cibles soient des formateurs. Notre vœu est que l’ensemble des journalistes Camerounais s’approprient l’utilisation des outils statistiques. Que ce soit dans le domaine de l’économie, sport, Santé, société, politique, etc., tout le monde est concerné. Ça permet d’améliorer notre travail. Au-delà, nous attendons qu’ils fassent écho pour que tout la chaine, les patrons de groupe de presse, les rédacteurs intègrent que désormais le journaliste doit compter avec les statistiques. Ce n’est plus cette époque où lorsque tu produisais un papier avec des statistiques, on te demandait d’enlever parce que ce n’était pas digeste. Aujourd’hui, on a des méthodes qui permettent de présenter les statistiques de façon efficace.
Rassemblée par
Nadège Christelle BOWA