Coopération Oit-Industrie du tabac: Les défenseurs de la lutte antitabac exigent la rupture du contrat
Selon ces derniers, il est grand temps que l’Oit reconnaisse les effets néfastes du tabac sur la santé publique, les travailleurs et l’environnement et mette fin à son partenariat avec une industrie mortelle.
Les organisations de la société civile de lutte contre le tabac de plus de 100 pays se sont mobilisées pour réclamer la fin de la coopération entre l’Organisation internationale du travail (Oit) et l’industrie du tabac. La décision de l’Oit était attendue le 22 Mars 2018 à l’occasion de la 332è session du conseil d’administration du bureau international du travail qui se tenait à Genève en Suisse. Mais le vote du maintien ou non de la coopération avec l’industrie du tabac a été reportée en juin 2018. L’Oit est encore jusqu’ici la seule agence onusienne qui entretient encore les rapports avec l’industrie du tabac. Et pour les défenseurs de la lutte antitabac, cette agence Onusienne risque de tenir sa réputation en entretenant le partenariat avec cette « industrie mortelle ». Lequel partenariat transgresse les directives de la Convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac (Cclat) et « permet à l’industrie du tabac de vanter ses relations avec une institution réputée tout en continuant de saper les politiques de santé publique, d’exploiter les agriculteurs et entraver le droit de négociation collective », dénoncent les acteurs de la société civile.
Leurs appels ont été lancés à la suite des inquiétudes des activistes de la délégation Ougandaise, qui soutient que l’Oit continue de recevoir des fonds de Big Tobacco. Une attitude qui remet en cause l’intérêt des enfants prétendument protégé par l’Oit et par ailleurs surexploités par l’industrie du tabac. En effet, bien que les estimations mondiales ne soient pas disponibles, les recherches du Bit dans les différents pays montrent que le travail des enfants est très répandu dans le secteur du tabac et à tous les niveaux (le cordage, la récolte, le désherbage, le billonnage, l’arrosage des pépinières, la transplantation, l’épandage d’engrais et la récolte).
Perpétuation du travail des enfants
Le désherbage représente plus de la moitié de la main-d’œuvre nécessaire et est principalement assuré par des femmes et des enfants. Les enfants sont également engagés dans des travaux aussi dangereux que l’application de pesticides, le transport de lourdes charges et le travail de nuit. Selon les militants antitabac, l’Oit est la seule agence des Nations Unies qui accepte encore des fonds de l’industrie du tabac et qui en reçoit plus de 15 millions de dollars sous le prétexte de lutter contre le travail des enfants dans la culture du tabac. En poursuivant, « L’Oit risque de ternir sa réputation et l’efficacité de son travail si elle choisit de poursuivre ces partenariats avec l’industrie du tabac », peut-on lire dans leur communiqué.
D’après l’Oit, le tabac est produit dans 124 pays, et emploie quelque 40 millions de travailleurs principalement en Asie, en Afrique subsaharienne, au Brésil et aux États-Unis. Le marché mondial de la cigarette est actuellement évalué à 683 milliards de dollars. Mais les compagnies de tabac qui en veulent plus, ciblent dans leur quête effrénée de l’argent de plus en plus les populations vulnérables dans les marchés émergents tels que l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, conclut un rapport de l’Atlas du tabac.
Nadège Christelle BOWA