CENTRE : Les communautés Nlongpon et Bitogo apprennent à manger contre covid-19
C’est une initiative du Réseau de lutte contre la Faim (Relufa) avec l’appui financier du Programme d’Appui à la Citoyenneté Active (Procivis) qui mène auprès des communautés bénéficiaires, des actions de sensibilisation sur la covid-19 et l’éducation nutritionnelle.
Alors que les autorités sanitaires nationales annoncent une troisième vague de la pandémie mondiale liée à la propagation du variant Delta du covid-19, plus sournois et plus mortel que les précédentes, dans les communautés, on observe un relâchement du respect des mesures barrières. A Nlongbon 1 et Bitogo, deux villages du département de la Lekié dans la région du Centre précisément dans les arrondissements de Monatélé et Elig-Mfomo, bien qu’on garde encore les séquelles du passage de covid-19, les populations n’ont pas toujours pleinement conscience du danger. « On a connu la cessation de l’école, on a eu beaucoup de difficultés, on a payé la scolarité mais, nous nous sommes retrouvés dans le néant parce que les enfants n’ont même pas réussi les examens de fin d’année », rapporte Joseph Paulin Mvieyom, chef traditionnel 3e degré de Nlongbon 1.
Outre l’éducation, le covid-19 a eu dans ces localités, un impact sur l’économie et le social tel que relevé par son homologue de Bitogo, Sa majesté Valentin Bienvenu Ngono : « Dans ma localité, Il y a eu trop de changements surtout au niveau de l’économie. On croyait que le cacao allait se vendre plus cher mais ça a été le contraire. On a eu des morts. On a perdu une maman qu’on a dû enterrer brusquement. C’était une matriarche, ses obsèques auraient dû être une grande fête ». Le mode débrouillardise a été opté pour prévenir ou « guérir » la maladie. « On se défend pour esquiver la maladie. On prend des écorces en brousse », indiquent les populations qui ont à ce sujet composé une potion à base de produits issues de la pharmacopée traditionnelle que tous prennent en prévention. C’est dans ce contexte qu’intervient le Projet d’appui aux actions de sensibilisation et de protection des populations de la région du Centre contre covid-19 du Réseau de Lutte contre la faim (Relufa) avec le financement du Programme d’Appui à la Citoyenneté Active (Procivis), pour limiter les éventuels dégâts.
Education nutritionnelle
Pour la énième fois, depuis le démarrage du projet, Bonaventure Missinga Ohandja, président du Comité de santé de district (Cosadi) enfile son uniforme de sensibilisateur. Ce mercredi, 8 septembre 2021,il cible pour les populations de Nlongbon1 où sous le regard attentif d’Emilie Bong, chef de projet, il entretient son auditoire en langue locale sur le respect des mesures barrières qui intègre le bon port du masque et le lavage des mains avec de l’eau coulante, du savon, ou du gel hydroalcoolique. « Le second message porte sur la manière de se nourrir pour être en bonne santé. Dans nos communautés et dans nos champs, nous avons presque tout mais nous les utilisons très mal. Ce qui donne l’impression qu’on est mal nourri parce qu’on ne sait pas utiliser ce qu’on a », résume-t-il. Dans cette communauté traditionnellement agricole, en raison de la forte demande et du fait de la position géographique de Monatélé qui facilite l’écoulement d’une part importante de la production, les récoltes sont pour la plupart destinées à la commercialisation.
Daniel ESSAGA a retenu la leçon : « La covid-19 existe, on le sait. La nutrition joue un très grand rôle dans notre santé. Il y a les feuilles de manioc qui nous apporte le fer ». Comme lui, la plupart des membres de la communauté ont désormais un regard nouveau sur la nutrition et s’engagent à adopter des comportements bénéfiques pour la santé de tous en cette période de crise sanitaire. Pour consolider leur apprentissage, les populations ont reçu des kits anti-covid mais surtout un guide d’éducation nutritionnelle. Que certains, à l’instar de Félicité Nga, institutrice n’hésite pas à partager avec ses élèves pour le bien de toute la communauté.
Nadège Christelle BOWA
Réactions
Félicité Nga, enseignante à l’Ecole maternelle de Bitogo
« Les enfants transmettent ces enseignements aux parents »
À cause du Covid-19, on passe des moments assez difficiles. L’école n’est plus comme avant, il y a des interruptions. Beaucoup de congés et les enfants ne s’adaptent pas. Quand nous sommes revenus après la première vague du Covid-19, il nous a fallu beaucoup de travail pour les remettre à niveau. Mais je crois qu’avec les conseils qu’on nous donne ça va aller. Notamment en ce qui concerne la nutrition dans la prévention de la maladie. Depuis que j’ai été sensibilisée, j’en parle avec les enfants. Je les entretiens aussi au sujet de la consommation des fruits et des légumes. Une fois à la maison, les enfants transmettent ces enseignements aux parents qui essayent à leur tour de les intégrer dans leur quotidien.
Sa majesté Valentin Bienvenu Ngono, chef de village Bitogo
« Mes habitudes alimentaires vont changer »
Avant la venue de ce projet, beaucoup de gens ne comprenaient pas l’importance d’une bonne alimentation dans la lutte contre le covid-19. Grâce aux facilitateurs, on sait maintenant que nous avons tout sous la main, les feuilles, les fruits. On a compris que bien manger n’est pas seulement une question de beaucoup d’argent. Je ne savais pas par exemple que les prunes [safous, Ndlr] contiennent des éléments importants pour notre organisme. Avec cette sensibilisation, mes habitudes alimentaires vont changer.
Propos recueillis par
NCB