Conservation de la biodiversité : La société civile africaine en sapeur-pompier
En partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), le Fonds mondial pour la Nature (WWF) vient de doter les organisations de la société civile d’un guide de sensibilisation sur la valeur de la biodiversité et les techniques de plaidoyer en vue de sa préservation.
Plusieurs menaces pèsent sur le maintien et la préservation de la biodiversité dans le monde et en Afrique. Pour ce qui est de cette dernière, les experts classent ces menaces en deux groupes : les menaces indirectes (croissance démographique, gouvernance) ; menaces directes (surexploitation des ressources et l’agriculture, changements climatiques et utilisation non durable de la terre). Produit par le Fonds mondial pour la Nature (WWF) tous les deux ans, le rapport Planète vivante souligne dans sa version de 2020, une diminution globale de 68% des populations de mammifères entre 1970 et 2016 et démontre que la demande de l’humanité en ressources vivantes dépasse la capacité de régénération de la planète d’environ 50%. Sur le plan national, une étude de l’empreinte des secteurs économiques sur la biodiversité au Cameroun montre que pour la période allant de 2010 à 2020, la production agropastorale rurale a contribué à environ 82,3% dans le recul des formations végétales au Cameroun, suivie de l’exploitation forestière (8,52%) et des plantations agro-industrielles (7,37%).
Egalement, une évaluation récente de l’Etat de la biodiversité et des services écosystémiques a révélé que dans l’ensemble, tous les six écosystèmes du Cameroun ont été affectés par les activités anthropiques et les changements climatiques au cours des dernières décennies. Il existe toutefois des pistes pour lutter contre ces menaces ; stopper le déclin de la biodiversité mondiale et promouvoir un « Nouveau Pacte » pour améliorer l’intégration de la biodiversité dans les décisions engageant les secteurs publics et privés au sein duquel la société civile joue un rôle important. C’est dans ce cadre qu’un guide intitulé « Menace sur la biodiversité : l’urgence d’une approche de conservation concertée » a été produit en juin 2021 par le WWF Cameroun sur financement de l’Agence Française de Développement (AFD) à l’effet d’outiller ces organisations sur la valeur et la gouvernance de la biodiversité dans le monde et en Afrique.
Outil pédagogique
Élaboré en partenariat avec l’équipe New Deal du WWF Cameroun et WWF France, « le guide a pour objectif d’informer et de sensibiliser les OSC africaines sur l’importance de la biodiversité, afin de les amener à s’impliquer dans les discussions et initiatives en cours en faveur de sa préservation », renseigne Marie-Madeleine Bassalang, consultante au cours du lancement officiel du précieux document à l’Institut Français de Yaoundé le lundi 21 février 2022 en présence Mathieu Sette, représentant l’Ambassadeur de France au Cameroun. Durant cette cérémonie, « nous avons brillamment échangé sur cet outil pédagogique sur la valeur de la biodiversité, les techniques de plaidoyer pour sa conservation ; partagé l’expérience des OSC Camerounaise dans le plaidoyer en vue du cadre post-2020 de la CDB et surtout fait le point sur les discussions en cours dans le cadre du processus d’adoption d’un cadre post-2020 et la position du Cameroun », résume Clotilde Ngomba, Directrice Nationale – WWF Cameroun. Par ailleurs persuadée que « cette rencontre a été un élément de base solide pour établir une compréhension commune de la convention sur la diversité biologique et du cadre mondial de la biodiversité post-2020 ».
D’autre part « ce rendez-vous nous a fourni la capacité nécessaire pour aborder les questions d’appauvrissement de la biodiversité et plaider plus fort, surtout maintenant que le Ministère en charge de l’Environnement travaille sur l’organisation de consultations/concertations nationales avec tous les groupes de parties prenantes pour préparer la position du Cameroun pour la 3e réunion du Groupe de travail à composition non limitée et la 15ème conférence des parties à la CDB (COP15) », poursuit Clotilde Ngomba, qui invite les OSC à exploiter minutieusement cet outil pédagogique afin d’élever la voix de la société civile pour un plaidoyer efficace en faveur de la préservation de la biodiversité et de l’adoption par les Etats d’un cadre post-2020 pour la biodiversité ambitieux et réaliste.
Nadège Christelle BOWA