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Journées scientifiques ANRS-MIE : La communauté scientifique médicale en guerre contre les épidémies

Les travaux des 7e journées scientifiques du site partenaires ANRS-MIE Cameroun se sont déroulés à Yaoundé sur fond d’élargissement du champ de recherches de l’Agence. Occasion pour les chercheurs de présenter les résultats de leur recherche, nouer de nouveaux partenariats pour le bien-être des communautés. 

C’est l’une des questions importantes abordées par les chercheurs au cours des 7e journées scientifiques du site partenaires ANRS-MIE Cameroun à Yaoundé les 28 février et 1er mars 2022. Il s’agit de la prise en charge des adolescents vivant avec le Vih. En effet justifie Pr Paul Ndombo Koki de l’Université de Yaoundé 1, médecin exerçant à la Fondation Chantal Biya, en introduisant la thématique de la prise en charge du Vih pédiatrique et adolescents, « c’est une population vulnérable ». Pourtant, il existait alors très peu de données publiées sur cette cible. Toutefois de façon globale, l’Afrique subsaharienne enregistre 1,75 million nouvelles infections chez les 10-19 ans. En Afrique de l’Ouest et du Centre précisément, ce sont 200 000 nouvelles infections dont environ 55 000 chez les moins de 15 ans. En terme de prise en charge des cas, 77% sont sous antirétroviraux pour les plus de 15 ans et seulement 35% pour les moins de 15 ans. Le Cameroun au moment de l’étude comptait 413 188 enfants et adolescents vivant avec le Vih dont l’âge oscille entre 10 et 19 ans pour 35,2% des cas. Parmi les adolescents Vih attendus, 62% ont été effectivement identifiés.

Pour ce qui est de leur prise en charge, l’on apprend que 54,3% ont été liés au traitement antirétroviral. Soit 71,4% chez les 10-14 ans et 45,1% chez les 15-19 ans. Sur le site de la FCB où l’étude a été conduite, certains enfants sont déjà passés sous deuxième ligne, d’autres bien qu’ayant complété les séances d’éducation thérapeutique gardent toujours une charge virale élevée. La préoccupation est suffisamment importante pour que soit adressée, la problématique de l’échec virologique et pharmaco-résistance du Vih chez les adolescents sous ARV au Cameroun pendant ces assises. En effet, toute une session de plus de 60 minutes leur a été consacré en dépit de la densité des sujets au menu de cette rencontre de seulement deux jours, attendue depuis six années.  Comme l’a relevé SE Christophe Guilhou, Ambassadeur de France au Cameroun, dans son allocution lors de la cérémonie d’ouverture des travaux placés sous le patronage du ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie.

Recherche pluridisciplinaire

En dépit du contexte sanitaire lié à la pandémie covid-19, lequel sujet a également fait l’objet d’une session sous l’axe des projets de recherche de l’ANRS-MIE, les travaux en présentiel ont enregistré la participation effective du Pr Eric Delaporte, Coordonnateur Nord du site ANRS-Cameroun/IRD-Inserm de l’Université de Montpelier en France ; du Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur général de l’ANRS-MIE, très satisfait aux termes des deux jours de travaux. Lesquels ont permis aux chercheurs de présenter les résultats de leur recherche, de nouer de nouveaux partenariats pour le bien-être des communautés. Le tout sur fond d’élargissement du champ de la recherche ainsi que mentionné par le Pr Anne Cécile Zoung Kanyi-Bisseck, Coordonnateur Sud de l’ANRS. Cette agence dont le centre de coordination est situé à l’hôpital central de Yaoundé couvre tous les domaines de la recherche a pour missions l’animation, l’évaluation, la coordination et le financement de la recherche sur le Vih/Sida, les hépatites virales ; les infections sexuellement transmissibles, la tuberculose et les maladies infectieuses émergentes (MIE) et re-émergentes notamment les infections respiratoires émergentes dont la covid-19.

Le site de Yaoundé est l’aboutissement d’un partenariat ancien dans la lutte contre le Vih/Sida ; le premier projet Presica financé par l’ANRS au Cameroun date de 1994 conduit par le Dr Mpoudi-Ngole de regretté mémoire, dont les pairs n’ont pas manqué de lui rendre une nouvelle fois, un hommage particulier. Son organisation met un accent sur l’innovation et le renforcement de partenariats internationaux avec une approche One Health, s’intéressant à la santé humaine, animale et à l’impact de l’homme sur l’environnement, etc.

Nadège Christelle BOWA

Entretien

Prof Anne Cécile Bisseck

« Les chercheurs encouragés à monter des projets sur les sciences sociales »

L’objectif est de mieux comprendre la dynamique des épidémies sur les plans socio-anthropologiques ; davantage cerner la question de l’hésitation vaccinale. Selon Pr Bisseck, Coordonnateur Sud du site ANRS Cameroun au sortir des 7e journées scientifiques de l’ANRS-MIE du site Cameroun.

Quel bilan faites-vous de ces deux jours de travaux consécutif aux 7e journées scientifiques du site partenaire ANRS-MIE ?

Les nouveaux objectifs ont été bel et bien présentés. C’est-à-dire, outre d’accompagner les chercheurs des équipes conjointes du nord et du sud dans des projets de recherches sur les thématiques habituelles notamment le Vih, la tuberculose, les hépatites et désormais les maladies infectieuses et émergentes. Ensuite nous avons eu la restitution des projets de recherche en cours. A ce niveau, deux études importantes nous ont fournies des informations sur le Vih chez l’adulte, chez l’enfant, etc. Nous avons également eu des informations sur des activités à venir. Sur ce, les chercheurs ont été encouragés à présenter davantage les projets sur les hépatites, la tuberculose, les sciences sociales afin de comprendre quelle est la dynamique des épidémies sur les plans socio-anthropologiques. Nous avons aussi eu de bons résumés sur l’origine des virus. Notamment sur les 25 ans de recherche sur l’origine du Vih qui est parti des primates. C’était quelque chose d’important qui nous a permis de comprendre le cheminement des maladies virales et autres qui partiraient de l’animal vers l’homme. Cela a été une conférence très productive avec des recommandations aux chercheurs, au ministère de la Santé et les autres départements ministériels dans le cadre du « One Health ».

La question de la défiance vaccinale a été abordées au cours de ces travaux. Comment l’ANRS-MIE entend travailler afin qu’au Cameroun par exemple, les populations soient davantage intéressées par le vaccin ?

Effectivement, on a parlé de l’hésitation vaccinale et pas de la défiance vaccinale. Mais je pense que les travaux de recherche en sciences sociales vont beaucoup aider à comprendre. Mais comme vous l’avez certainement noté, ce n’est pas un problème local. Le problème est mondial ! Bien sûr il y a des croyances fermes en notre pharmacopée locale mais aussi, l’hésitation vaccinale a été aussi engendrée par les incertitudes sur le stade du développement du vaccin. Je pense qu’il a été entendu que les travaux en sciences sociales qui sont très fortement encouragés par le directeur de l’ANRS-MIE vont permettre de trouver les stratégies pour aborder cette question et encourager les communautés à se faire vacciner.

Des résultats de recherche ont été présentés. On a entendu parler de projets de recherches également. Mais le sentiment qu’on a est que ces résultats restent dans les tiroirs des chercheurs et les populations ne sont pas véritablement impactées. Quelle sera la différence au sortir de ces assises ?

Les discussions que nous avons eu encouragent les chercheurs eux-mêmes à restituer les résultats des recherches. C’est un exercice qui est vivement recommandé pour qu’on ait connaissance desdits résultats. C’est pour cela que, une occasion comme celle de ces 7e journées scientifiques de l’ANRS-MIE du site Cameroun permet à un plus large parterre de personnes d’être informées. Parce que quand il y a des publications scientifiques, c’est un nombre restreint de personnes qui y ont accès. Bien sûr pour les communautés, cela peut être difficile. C’est pour cela que lors d’une communication, il nous a été expliqué comment la recherche en sciences sociales peut faciliter l’accès des communautés à une information plus digeste.

Réalisé par

Nadège Christelle BOWA

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