WASH

Pénurie d’eau au Cameroun : Et si la CAMWATER explorait la piste de l’eau non-facturée

Ces pertes en eau non facturée dans la mesure où le liquide traité est perdu dans le réseau de distribution sans jamais atteindre le consommateur final, ont des impacts sur la performance dans la déserte de l’eau. Car, l’eau n’est pas utilisée ni payée, ce qui cause un préjudice financier aux compagnies. Le problème par ailleurs mondial a été l’objet d’une session organisée par l’AAE au 9e Forum mondial de l’eau au Sénégal.  

Le Cameroun vient de célébrer de concert avec le monde, la Journée mondiale de l’Eau, le 22 mars dernier. Dans le pays des Lions indomptables, cette célébration s’est déroulée sur fonds de revendications des organisations de la société civile en raison de la sècheresse des robinets dans les ménages. « La situation de l’eau est chaotique au Cameroun malgré les assurances qui nous ont été données par la Camwater [Cameroon Water Utilities Corporation, Ndlr] lors des travaux tenus l’année dernière […] Aucune diligence n’a été faite pour le lancement effectif du chronogramme d’activités arrêtées de façon concertée avec les hauts responsables de cette société », s’insurge Georges Ngono Edzoa, président national d’ASCEEEL. Par ailleurs Coordonnateur général de la Plateforme des consommateurs Paies, il annonçait un sit-in de réclamations dans une des agences de la Camwater. Se joignant au mouvement, Jean Moïse Mbog Baya, président de Mission Clarité soutient ne pas comprendre les coupures de longues durées de l’eau potable dans les quartiers. Il s’interroge aussi sur la qualité de l’eau servie dans les ménages quand cette denrée daigne être disponible. « Comment comprendre que l’eau qu’on paye soit de couleur rouge et que lorsqu’on écrit pour le signaler à la Camwater, que le chef d’agence d’Ekounou refuse de décharger la requête… »

Les griefs sont nombreux et concerne aussi la connexion au réseau d’eau. Ces questions font parties intégrantes des thématiques adressées par le 9e Forum mondial de l’eau qui se tient à Dakar du 21 au 26 mars 2022. Au 2e jour de cette rencontre mondiale qui se tient sous le thème de : « La sécurité de l’eau pour la paix et le développement », l’Association Africaine de l’Eau (AAE) a présenté mardi 22 mars 2022, au CICAD au Sénégal, ses projets portant sur la « Qualité de l’eau » et l’« Eau non-facturée ». Au cours de ce talk-show, rapporte notre confrère www.gapola.net dans ses colonnes, Gilles Djagoun, coordonnateur sénior eau en charge du programme AfriCap à l’AAE est revenu sur le bien-fondé desdits projets qui participent à l’amélioration des performances des sociétés d’eau membres de l’AAE. Selon cet expert, si aujourd’hui, les sociétés d’eau n’arrivent pas à honorer à 100% leur engagement de déserte d’eau potable à la population, c’est aussi parce qu’elles sont confrontées à des problèmes de perte d’eau. En effet, dans les villes du Cameroun desservies par la Camwater, il est courant de voir des conduites d’eau perforés appartenant à cette société en charge du service public de l’eau potable et de l’assainissement au Cameroun. Et personne pour les colmater et laissant se perdre le précieux liquide destiné au service des ménages en souffrance.

Améliorer le service

Une négligence que cette société devrait sûrement payer très cher dans ses caisses, suivant la logique de l’expert suscité. « Les sociétés d’eau n’arrivent pas à gérer l’eau non-facturée qui en réalité représente des pertes pour elles. Malheureusement, ces pertes ont des impacts sur la performance dans la déserte de l’eau », explique-t-il. Une piste est donc offerte à Camwater pour mieux servir ses abonnés présents et futurs, au-delà de ce que ce concessionnaire public en charge de la production, la distribution et la commercialisation de l’eau potable déplore un volume important de factures d’eau impayés. Lequel au demeurant pourrait être justifié par la piètre qualité du service offert.

Sur la question de la qualité de l’eau, le coordonnateur sénior eau en charge du programme AfriCap à l’AAE pense que la plupart des sociétés d’eau n’ont pas les outils nécessaires. « Aujourd’hui, les laboratoires font face à des défis pour garantir la qualité de l’eau. Ces défis sont d’ordres de ressources humaines et de plateau technique. C’est pourquoi depuis 2015, l’AAE avec l’appui de l’USAID renforce les capacités des opérateurs sur la qualité des services », souligne Gilles Djagoun. Plateforme continentale de gestion des connaissances de secteur de l’eau et de l’assainissement, l’AAE rassemble les entreprises de productions et de distribution d’eau potable, les entreprises gérant les services d’assainissement, ainsi que les régulateurs des politiques sectorielles de l’eau et de l’assainissement dans les pays africains en vue du partage des connaissances et des meilleures pratiques. Dans l’optique d’aider ses membres, cette association vient de publier deux ouvrages dont l’un porte sur des « Politiques de gestion de l’eau en Afrique » et l’autre intitulé « Livre blanc sur la qualité de l’eau en Afrique ». Ces publications sont les résultats de travaux scientifiques diligentés par l’AAE sur la performance des sociétés de production d’eau en Afrique soutenus par German Water Partnership.

Nadège Christelle BOWA

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