Covid-19 : La plateforme « Social Behavior change » aux cotés des détenus à Doumé
Ses membres pour la plupart des jeunes ont été formés aux techniques de sensibilisation pour prévenir la Covid-19 grâce à l’Unicef avec le soutien financier de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). A Garoua-Boulaï et Doumé notamment, dans la région de l’Est, ils œuvrent pour un changement social et comportemental afin de bâtir des sociétés plus équitables, inclusives, cohésives et pacifiques.
Prison secondaire de Doumé, Est du Cameroun. Jeudi 29 septembre 2022. En rang dans la cour, une quinzaine de pensionnaires écoutent attentivement une équipe d’agents sensibilisateurs. Une délégation de Constitué pour cette circonstance de cinq personnes et un agent vaccinateur conduite par Kelly Djombe, présidente de la Plateforme Social Behavior change (SBC) de cette localité. En français plateforme de sensibilisation pour le changement de comportement. « Le changement social et comportemental (CSC) vise à autonomiser les individus et les communautés, et à réduire les obstacles structurels qui empêchent les gens d’adopter des pratiques positives et les sociétés de devenir plus équitables, inclusives, cohésives et pacifiques », apprend-t-on sur https://www.unicef.org/social-and-behaviour-change#
S’appuyant sur diverses disciplines (de la sociologie et de la psychologie à la communication et à l’économie comportementale), le SBC englobe un ensemble de stratégies et d’interventions qui influencent les moteurs du changement et soutiennent l’action locale vers de meilleures sociétés. Il aide les praticiens du développement et les décideurs à concevoir des programmes plus efficaces pour réduire la pauvreté et les inégalités. Et il associe les connaissances scientifiques aux idées de la communauté, surtout pour étendre le contrôle des gens sur les décisions qui affectent leur vie.
C’est ainsi que dans le cadre de ses activités, aucune cible n’est oubliée. Que ce soit dans l’arrondissement de Garoua- Boulaï où elle cible en priorité les jeunes scolarisés ou non ou même à Doumé où les détenus sont pris en compte. « Nous sensibilisons dans les lieux de détention parce que presque tous les détenus dorment serrés et ne respectent pas les mesures barrières », révèle Kelly Djombe. La jeune fille prêche par l’exemple. Aussi n’a-t-elle pas hésité à se faire vacciner pour combattre la désinformation autour de la vaccination contre la covid-19. « Je suis vaccinée contre la Covid-19. Je suis bien portant. Faites comme moi pour vous protéger, protéger votre famille et votre entourage », encourage-t-elle face aux pensionnaires de la prison de Doumé. Ce jour-là aussi, sa méthode porte des fruits. Les 14 pensionnaires éligibles sont vaccinées. En attendant le contingent de 30 autres pensionnaires annoncés.
L’inclusion au-delà de la sensibilisation
« J’ai accepté de me faire vacciner, pour éviter cette maladie qu’on appelle coronavirus. Après avoir pris le vaccin, je suis posé, calme. Je me sens à l’aise », confie Théophile, un des détenus. Colins Bruno Abada Etaba, Chef du centre social de Doume, acclame la démarche de Kelly et ses compagnons. Selon lui, l’on s’achemine vers l’atteinte des objectifs : 58 personnes déjà vaccinées en un mois, sur les 100 prévu en 3 mois. Malgré les difficultés notamment : « les problèmes d’énergie, de moyen de déplacement et même quelques rejets », précise Kelly qui avoue parcourir parfois jusqu’à 7 kilomètres à pieds, pour sensibiliser. A Garoua-Boulaï où un autre regroupement de jeunes se déploie sous la même dénomination, la cible ce mercredi 28 septembre 2022 est : les élèves du Lycée Bilingue éligibles au vaccin. Arabo Hammadou et quelques camarades acceptent après la sensibilisation de se faire vacciner.
Dans l’équipe de jeunes volontaires sensibilisateurs, Merveille Marthe Assan Blessing, ne passe pas inaperçue. Devenue sensibilisateur par un concours de circonstance, l’adolescente soutient que cette activité lui a permis de mieux s’intégrer dans cette communauté qu’elle a rejointe en fuyant avec ses parents, la crise sécuritaire qui sévit depuis quelques années dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. « J’ai appris à vivre avec eux comme si j’étais de Garoua-Boulaï. Comme j’aime les gens, je m’assure qu’ils se sentent à l’aise et protéger contre toutes sortes de maladies comme le coronavirus et les maladies zoonotiques ». Comme Blessing, François Yodea, handicapé moteur, saisi aussi l’opportunité de la sensibilisation pour se faire accepter.
« J’oublie mon handicap quand je parle aux gens et qu’ils m’écoutent ». Le jeune garçon n’a pas non plus le langage facile, mais cela ne l’arrête nullement. Avec ses pairs de la plateforme, il sensibilise. « Ce n’est pas la première fois et je suis content que ce soit les élèves qui parlent à leurs camarades. Le message passe ainsi plus facilement », affirme Oscar Egbe Mbeng, proviseur du Lycée Bilingue de Garoua Boulaï. Il se dit par ailleurs satisfait de la prestation des jeunes volontaires qui a favorisé l’assimilation des messages de lutte contre la covid-19 au sein de cet établissement scolaire.
Ces jeunes, à l’instar de Kelly et les autres membres de cette plateforme, ont bénéficié d’une formation sur les techniques de sensibilisation pour prévenir la Covid-19 grâce à l’Unicef sous le financement de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). Outre la sensibilisation par les jeunes, les associations de femmes réfugiées et les femmes islamiques, le projet baptisé « prévention et réponse à la covid-19 », intègre aussi un volet appui en équipements des hôpitaux ; formation des personnels et se déploie principalement dans les villes de Bertoua, Garoua-Boulai, Doumé et Abong-Mbang pour la région de l’Est.
Nadège Christelle BOWA
de retour de l’Est