Mbouda : De l’eau potable coule à flot au Lycée bilingue
Cet établissement scolaire est depuis peu doté d’un système photovoltaïque d’adduction en eau potable capable de desservir environ 8 000 personnes. Ce qui a significativement amélioré les conditions de vie et d’apprentissage des élèves, enseignants, personnels ainsi que de la population riveraine.
Au Lycée Bilingue de Mbouda dans la région de l’Ouest au Cameroun, il est 10h00. La sonnerie retentit, rompant le silence au sein du Campus. C’est l’heure de la pause. Des élèves sortent des classes, des bouteilles vides à la main et se ruent vers les points d’eau flambant neufs pour se ravitailler. Ce scenario est nouveau. Selon les témoignages, la vie a radicalement changé. « Par le passé, nous n’avions que 04 points d’eau, alimentés par la Camwater pour environ 4500 élèves, 200 enseignants et personnels, sans compter les cantinières et les visiteurs. On enregistrait régulièrement les maladies hydriques. Il n’y avait pas d’eau dans les toilettes, c’était une situation très compliquée. Il fallait que les élèves transportent l’eau des points suffisamment lointains vers les toilettes. Actuellement nous avons l’eau dans toutes les toilettes du lycée », se réjouit Jules Akono, Proviseur de cet établissement scolaire.
Deux heures auparavant, lors du traditionnel rassemblement de 08h, l’homme a tenu rassurer élèves et enseignants sur la qualité de l’eau rendu disponible grâce à un projet financé par l’UNICEF, le Gouvernement allemand et l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (Sida). « Nous avons désormais l’eau potable. Les tests de qualité ont été faits. L’eau est de très bonne qualité. Vous pouvez la boire sans crainte. Le lycée vous offre ainsi de meilleures conditions pour apprendre et réussir », a-t-il vanté. D’un coût de 62 000 $ US, le projet été réalisé entre janvier et août 2022. Il s’agit d’un système d’adduction d’eau potable avec pompe photovoltaïque, alimenté de panneaux solaires, constitué d’un château avec deux réservoirs pouvant contenir chacun 5000 litres ; d’une série d’un forage productif ; de stations de pompage ; un réseau de refoulement et de distribution de près de cinq kilomètres de tuyaux en polyéthylène haute densité ; un système de traitement ; vingt et une bornes fontaines et des ouvrages de régulation.
On ne boit plus l’eau sale
Il a la capacité de desservir environ 8000 personnes. L’ouvrage de près de 15 mètres qui surplombe le lycée fait la fierté de tous : élèves, staff administratif, personnel enseignants, les cantinières et même des populations riveraines du quartier Bameboro. En effet, quelques bornes fontaines ont été installées hors du lycée. À la satisfaction de Ange, une mère d’enfants : « Avant nous allions puiser de l’eau au puits ou à la rivière. La borne fontaine est venue nous soulager, surtout pour les enfants qui étaient obligés de faire la corvée en se rendant à des kilomètres pour se procurer de l’eau. Cela avait pour conséquence des retards réguliers et des absences à l’école. Maintenant Ils arrivent tôt à l’école. On ne boit plus l’eau salle », se réjouit-elle. Pour le Délégué départemental de l’eau et l’énergie des Bamboutos : « En ciblant les établissements scolaires, une couche essentiellement vulnérable, l’UNICEF et ses partenaires sont en train de jouer un rôle déterminant dans l’accroissement de l’accès à l’eau potable et le combat contre les maladies hydriques ».
Selon lui, « La plupart des écoles n’ont pas une source fiable d’eau. Les communes financent des forages équipés de pompes manuelles, qui ne sont pas du tout pratiques. Si un enfant se retrouve seul, c’est difficile de pomper en même temps, recueillir l’eau et la boire. Avec un système doté d’une pompe qui prélève, stocke l’eau et assure la distribution à travers un réseau, les sources de pollution potentielle de l’eau sont limitées ». Ainsi, le Délégué du MINEE recommande la mise à l’échelle du projet jusque dans les centres de santé qui sont des points sensibles et des carrefours de germes multirésistants.
La demande est grande
Jule Akono, le Proviseur du Lycée ne manque pas d’occasion d’exprimer sa gratitude non sans en demander davantage. « Qui dit merci en redemande, je voudrais signaler que vous avons besoin davantage de bornes fontaines, que les points d’eau soient rapprochés des élèves. 21 points d’eau c’est bien, mais pas suffisant pour couvrir les besoins de 4300 élèves, 200 enseignants et personnels », relève-t-il. Et d’ajouter : « Par ailleurs, le lycée a besoin d’une bibliothèque. Nous avons 40 000 livres stockés dans les placards et qui ne sont pas utilisés comme nous le souhaitons. Nous n’avons pas d’espace de lecture. L’espace dont nous disposons est très réduit et nous permet juste de présenter les échantillons ». L’accès à l’eau pour tous demeure un enjeu sanitaire et économique important. Il fait partie de la vision du programme de l’UNICEF qui est de faire en sorte que chaque enfant au Cameroun — filles et garçons, y compris les adolescents — survit, s’épanouit, apprend, est protégé et développe tout son potentiel, contribuant ainsi à la croissance du capital humain et au bien-être social.
Si d’importants progrès ont été réalisés au Cameroun ces dernières années, l’accès à l’eau potable n’est pourtant pas encore assuré pour toutes les populations. Le taux d’accès à l’eau potable est de 74.9% au niveau national. En zone rurale, il est de 30% (EDS,2018). Les mauvaises conditions d’assainissement, la rareté et la mauvaise qualité de l’eau et les pratiques d’hygiène inadaptées sont catastrophiques pour les jeunes enfants qui passent de longues journées à l’école. L’environnement physique et la propreté des établissements scolaires ont des conséquences importantes sur la santé et le bien-être des enfants. Trop souvent, c’est à l’école que les enfants tombent malades. Il est donc essentiel de continuer à investir dans le développement de nouvelles infrastructures hydrauliques dans toutes les régions du pays et particulièrement dans les établissements scolaires si on veut atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD6) et ceux de la Stratégie Nationale de développement SND30 d’ici 2030. Car l’eau et l’assainissement sont les fondations du développement durable.
Nadège Christelle BOWA
avec UNICEF