Biodiversité

Incursion dans l’univers du Dr Ekwoge Abwe

2- Forêt d’Ebo

Passionné par les primates, en particulier les grands singes, Dr Ekwoge Abwe a été le premier à observer des chimpanzés utilisant des pierres et du bois pour casser des noix au Cameroun.

« Une nouvelle découverte comportementale pour le chimpanzé Nigeria-Cameroun. Les travaux d’Ekwoge sur les chimpanzés à Ebo ont été révolutionnaires et essentiels pour leur conservation. Ses recherches sur les besoins en habitat, la structure sociale et le comportement des chimpanzés ont été d’une valeur inestimable pour l’élaboration de stratégies de conservation efficaces », affirme –t-on au sein de la communauté scientifique qu’il côtoie. La conservation des éléphants de forêt a également été une priorité pour Ekwoge. Par ailleurs avec son équipe, ils ont été les premiers à utiliser le piégeage par caméra vidéo pour surveiller les insaisissables éléphants de la forêt d’Ebo. L’une de ces réalisations récentes les plus remarquables apprend-t-on également, est d’avoir mené une campagne visant à dissuader le gouvernement camerounais d’exploiter illégalement la forêt d’Ebo. La destruction de la forêt aurait entraîné la perte de communautés entières de chimpanzés, de gorilles, d’éléphants et d’autres animaux sauvages.

« L’espoir d’Ekwoge et sa foi en un avenir meilleur pour tous sont contagieux, comme en témoignent les nombreux jeunes Camerounais qui le considèrent comme leur mentor. La fierté et l’amour qu’il éprouve pour son pays et son peuple transparaissent », affirme de lui, Bethan Morgan, responsable du programme sur les forêts africaines à la San Diego Zoo Wildlife Alliance, et auteur de la candidature d’Ekwoge. « L’impact d’Ekwoge sur la conservation au niveau local, national et international est inégalé. Les juges ont été impressionnés par ses réalisations notables en matière de rétablissement de la paix et d’activisme, par son engagement envers le peuple camerounais et par l’héritage extraordinaire qu’il a créé. Il mérite ce prix pour l’ensemble de sa carrière et nous sommes honorés de célébrer ce véritable défenseur de la biodiversité », témoigne Charlie Mayhew OBE, directeur général de Tusk.

Ebo, une forêt de toutes les convoitises

Drill (Mandrillus leucophaeus), l’une des espèces rares et en danger de la forêt d’Ebo

Remarquable par sa biodiversité, la forêt d’Ebo abrite d’importantes populations de grands singes. Notamment des chimpanzés et des gorilles. On y trouve aussi des colobes roux du Cameroun, L’éléphant de forêt, le perroquet gris, le picartharte du Cameroun, des drills et de nombreuses espèces rares et/ou menacées d’extinction. Un grand nombre de ces espèces figurent dans la liste rouge de l’UICN des espèces menacés et en danger d’extinction. De nouvelles espèces ou sous-espèce peuvent encore y être découvertes. On y trouve également plusieurs espèces de plantes endémiques ou rares. Seulement, cette biodiversité est menacée par la chasse, le braconnage et la déforestation ou d’autres types de conversion des forêts notamment depuis l’implantation d’une société productrice d’huile de palme, sur une superficie de 123 000 hectares, à proximité de la forêt. Des démarches étaient en cours pour l’obtention du statut de parc national, soutenues par le Ebo Forest Research Project (EFRP, créé en 2005).

Le Gouvernement s’était engagé en 2006 à classer cette zone en parc national; projet ensuite perpétuellement repoussé puis abandonné en 2012, selon le MINFOF « à cause de la non adhésion d’une grande partie de la population [dont les banens, « dépossédés » de ces territoires « dans les années soixante, lors des luttes pour l’indépendance du Cameroun sous le gouvernement du président Ahmadou Ahidjo] au projet de création du Parc, en dépit des campagnes massives de sensibilisation menées sur le terrain avec l’appui des partenaires actifs dans la conservation », mais ajoutait le ministre : « Le WWF et WCS y conduisent des activités de recherche sur certaines espèces emblématiques comme les éléphants, le Cross river gorilla et les chimpanzés ».

Contre toute attente, le 4 février 2020, le gouvernement a décidé d’ouvrir le massif aux exploitants forestiers (total de 64 835 hectares ouverts à la coupe, avec « une portion résiduelle de superficie de plus de 10 000 hectares localisée dans le Département du Mbam et Inoubou, reliée aux différentes enclaves par des corridors de migrations des animaux sauvages ». Pour Sylvie Djacbou de Greenpeace Afrique, « La préservation des espèces n’est pas possible avec des tronçonneuses, la forêt Ebo sera protégée seulement si l’exploitation du bois est interdite ». Aussi faut-il, à son avis, rester vigilant malgré l’annulation du décret de février 2020 légalisant la mise en exploitation de plus de 68 000 hectares de cette forêt. C’est dans cet univers que depuis 20 ans se meut le Dr Ekwoge Abwe et son équipe bravant des pistes sinueuses parsemées de nids poules plutôt des trous béants pouvant abriter des éléphants qui vous torturent le corps des jours durant après que vous l’ayez emprunté.

Nadège Christelle BOWA

Avec wikipedia

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