« Il est urgent de réduire la séroprévalence au Vih chez les femmes et les filles »
La coordinatrice de programmes Gouvernance, Genre et Partenariats au Bureau Onufemmes du Cameroun, explique les enjeux de la Campagne de lutte contre le Vih chez les femmes et les filles lancée par cette agence des Nations Unies en collaboration avec le ministère de la Santé publique à travers le bras séculier de la lutte contre cette pandémie qu’est le Comité national de lutte contre le Sida (Cnls). Cette campagne qui rentre dans le sillage d’une autre dénommée HeforShe, cible prioritairement les régions où les indicateurs sont les plus alarmants.
Onufemmes Cameroun vient de lancer une campagne vient sur la problématique de la féminisation du Vih-Sida. Qu’en est-il exactement ?
C’est une campagne de sensibilisation sur le VIH-Sida chez les femmes et les filles au Cameroun. Elle a pour but de sensibiliser les populations à travers des messages clés adaptés à ces différentes cibles. C’est-à-dire, femmes et filles pour accroitre la prévention du VIH-Sida auprès des femmes et jeunes filles à travers des outils particuliers comme des microprogrammes radio TV, des spots, des banderoles, des scripts audiovisuels mais aussi à travers des débats ou des participations à des émissions, avec bien évidement une forte implication des leaders communautaires, des réseaux de femmes et d’hommes, des différents groupes de cibles de la population.
Qu’est-ce qui justifie cette campagne ?
Le Cameroun s’avère être un pays qui a encore une séroprévalence au VIH-Sida très élevée comparé aux autres pays de la région. Nous nous rendons compte que la baisse de ce taux de séroprévalence est plutôt lente en dépit de plusieurs efforts qui sont fournis. Onufemmes étant l’agence qui s’occupe particulièrement de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes, on s’est rendu compte du grand écart entre le taux de séroprévalence chez les hommes et celui chez les femmes. Donc, pour permettre de diminuer ce gap, nous nous sommes dit qu’avec d’autres agences de Nations Unies, OnuSida Unesco, Unfpa, et d’autres agences des Etats Unis, il convient de se mettre ensemble pour pouvoir contribuer au maximum avec un plus fort impact à cette lutte là, et à cette réduction du taux de séroprévalence au VIH-Sida au Cameroun.
Peut-on avoir des statistiques sur le sujet ?
Bien entendu, il y a des chiffres qui peuvent justifiés cette campagne. Nous voulons mettre un accent particulier sur les femmes et les filles parce qu’il y a un écart entre la séroprévalence des femmes et celle chez les hommes qui est très important. Nous voulons réduire cet écart. La séroprévalence chez les hommes est passé de 4,1%, il y’a quelques années, à 2,9% en 2011. Et chez les femmes, la baisse est proportionnellement moins importante. Entre 2004 et 2011, on est passé d’environ 7% chez les femmes à 5,6% selon les statistiques de la dernière Enquête de démographie et de santé. Entre les hommes et les femmes, on passe pratiquement du simple au double. L’écart reste encore très élevé. Cela montre à suffisance les femmes sont plus infectés que les hommes. Par conséquent, il faut mettre un accent particulier pour réduire encore beaucoup plus cette séroprévalence au VIH chez les femmes. C’est pour cela qu’en tant agence, qui insiste sur l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme, nous avons la responsabilité en tant que Onufemmes de pouvoir contribuer spécifiquement à s’attaquer au VUH-Sida auprès de cette cible particulière que sont les femmes et les filles. Nous mettrons de ce fait l’accent sur les mesures incitatives qui existent aujourd’hui. Je veux parler de l’initiative « Test and Treat ». Si vous êtes testé positif, vous êtes immédiatement mis sous traitement. Non seulement nous pourrons ainsi atteindre les objectifs mondiaux 90-90-90 en 2020 et d’élimination du Vih comme problème de santé publique en 2030, mais aussi réduire la morbidité et la mortalité liées au Vih et d’atténuer le fardeau socioéconomique de la maladie sur le développement du pays.
Au regard de l’importance de cette initiative, est-ce que la durée de cette campagne va-t-elle véritablement permettre d’atteindre les objectifs fixés ?
La durée n’est peut être pas longue, c’est une question de mois. Mais il faudrait que tout ce qui peut-être fait et avec les moyens qu’on a, il faudrait mieux le mettre dans la cagnotte. Nous ne sommes pas les seuls à travailler dans la lutte contre le VIH-Sida, plusieurs font des actions à titre individuel. J’en ai cité quelques uns plus haut. Mais, on se dit, ensemble, on a un peu plus d’impacts. Donc cette campagne n’est pas la seule contre le Vih-Sida, il y a par exemple la Journée mondiale contre le Vih-Sida, le 1er décembre. Il y a des semaines entières consacrées à cela. Il ya aussi des entités nationales qui ont des actions de plus longues durées et de plus grandes envergures contre le Vih. Le Cnls [Comité national de lutte contre le Sida, Ndlr] est l’organe phare au Cameroun. Il y a d’autres organisations internationales, donc Onufemmes n’est pas seul à mener cette campagne. Nous joignons nos bras à d’autres pour apporter notre contribution à cette lutte contre la propagation du Vih-Sida.
Cette initiative rentre dans le sillage de la campagne HeforShe. De quoi est-il question ?
Il s’agit d’une campagne mondiale mise en place par Onufemmes qui est l’agence des Nations Unies qui s’occupe de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de la femme pour impliquer les hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est une campagne qui mobilise les personnalités. Et au Cameroun, elle a été parrainée par le président de la République, à son lancement qui, a été représenté par le Premier Ministre il y a deux ans. Elle implique des hommes qui s’enregistrent en ligne pour marquer leur adhésion à tout ce qui est fait contre les violences faites aux femmes. Au Cameroun, nous avons aussi nominé quelques champions du Heforshe, le président de la République bien entendu est le premier. En raison de ces déclarations fortes, bien avant la campagne, à l’Union parlementaire Internationale en donnant une position pour la réalisation de l’égalité des sexes et une implication plus grande des femmes dans les positions de pouvoir et les postes de décisions.