Le blanchiment du bois à rude épreuve
Forêts communautaires
Selon le Saild, l’appropriation par les gestionnaires des forêts communautaires du Système de vérification communautaire de la légalité des bois des forêts communautaires (Svcl), à travers la phase II du Projet du même nom, donne à espérer.
C’est un secret de polichinelle, la foresterie communautaire constitue le ventre-mou de la foresterie légale et durable. En effet, près de 98% du bois des forêts communautaires alimentent à hauteur de 3% le marché national du bois illégal. « Le secteur forestier perd pas mal de ressource bois du fait des activités qui ne sont pas toujours réalisées dans le cadre légal », affirme Gislain Fomou, chef projet Svcl (Système de vérification communautaire de la légalité des bois des forêts communautaires). Mis en place par le Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (Saild) dans le cadre du projet « Mise en place d’un système de vérification communautaire de la légalité des bois des forêts communautaires ».
L’expert qui estime à plusieurs milliers de dollars de l’argent perdu du fait de l’exploitation forestière illégale soutient que les forêts communautaires jouent un rôle important dans ce désordre parce qu’elles sont gérées par des communautés démunies, faibles. « Ce sont elles qui sont souvent utilisées pour blanchir le bois illégal ». Le projet Svcl se veut une réponse à cette situation. Après la phase I qui a permis le développement des outils technique et technologique visant à faciliter la traçabilité du bois, place à la phase II, lancée à Yaoundé le jeudi 26 juillet 2018, au cours d’un atelier dont l’objectif est d’assurer la connaissance et la compréhension du projet par les parties prenantes. « Notre intervention vise à réduire l’utilisation des forêts communautaires comme des acteurs du blanchiment illégal du bois à partir de leur document d’exploitation ».
Assumer la légalité
Il s’agit tout au long du projet d’accompagner les forêts communautaires, de les appuyer en réalisant toutes les activités qu’elles n’arrivent pas à réaliser de manière normale à cause du coût élevé desdites activités dans le but de les conformer à la législation en vigueur au Cameroun. Mais aussi à créer des relations commerciales, des partenariats d’affaire entre les forêts communautaires et les demandeurs de la ressource bois au niveau national et international. La seconde phase consiste donc à appuyer les forêts communautaires tout en les mettant à niveau sur les faiblesses décelées au cours de la phase I et en faisant en sorte qu’ils s’approprient ces outils pour un meilleur respect de la légalité et la traçabilité du bois.
La première faiblesse est la volonté. « L’illégalité est tellement enracinée dans la manière d’exploiter nos forêts que le changement de mentalité n’est pas évident. Très peu d’acteurs sont réellement engagés à aller vers la légalité. Autre chose, la légalité a un coût. Il faut que les consommateurs soient prêts à payer le prix », souligne Gislain Fomou. Pour le ministère des Forêts et de la Faune, Partie prenante de ce projet, celui-ci s’inscrit dans une démarche d’opérationnalisation qui permettra de renseigner le Sigif 2 dont le démarrage est prévu pour octobre 2018, renseigne Patrick Kanga, Point Focal Apv-Flegt au Minfof. La Fédération des Unions des GIC et Regroupements des Forêts Communautaires du Haut-Nyong (Fugirfoc) est pour l’instant le principal bénéficiaire de ce projet financé à hauteur de plus de 70 millions de Fcfa par le Programme Fao-UE-Flegt sur une durée de 12 mois.