Déforestation au Cameroun – Le Mouvement pour la Justice Climatique interpelle le Premier Ministre
C’est la toute première action du Mouvement Camerounais pour la Justice Climatique (MCJC) lancé par Greenpeace, le 5 juin 2024 à Yaoundé, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’Environnement.
Pour sa première sortie qui la portait par ailleurs sur les fonts baptismaux, le Mouvement Camerounais pour la justice climatique (Mcjc) est allé à la rencontre du Premier ministre porter les doléances des communautés en souffrance en raison des conséquences du réchauffement climatique lié à la déforestation. Au regard de leur nombre, ils ont été reçu par le ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (Minepded), Helé Pierre en compagnie de certains de ses collaborateurs à l’esplanade de l’immeuble ministériel n°2 qui abrite ses services. « La pression sur l’environnement est de plus en plus forte et face à cela, il est plus que jamais urgent d’envisager une riposte globale. La planète est pressée de toutes parts : industries d’énergie fossile, pollution plastique, déforestation etc. », énumère Dr. Fabrice Lamfu, Chargé de la campagne Forêt chez Greenpeace Afrique. A son avis, « …une action collective donnera plus d’écho à nos voix et à nos demandes. Ce matin, le Mouvement a marqué un premier pas en adressant au gouvernement camerounais les requêtes des communautés affectées par la déforestation et nous croyons que des actions collectives pareilles produiront plus d’impact sur le terrain », a-t-il confié.
Ce réseau regroupe près de 40 organisations de la société civile issues des 10 régions du Cameroun. Il sert désormais de plateforme d’échanges et de prise de décisions en vue d’une action collective pour mieux protéger l’environnement au Cameroun. Comme première action, le MCJC a mobilisé près de 500 Camerounais pour une marche qui s’est conclue par la remise au Premier Ministre Camerounais d’une lettre demandant plus d’actions concrètes sur le terrain pour la protection des forêts. Cette lettre contient les doléances des communautés locales et autochtones affectées par la déforestation, recueillies lors du dernier atelier national tenu en avril 2024 à Kribi. Certains points saillants ont été lu séance tenante par sa majesté Victor Yetina, Chef traditionnel riverain de la forêt d’Ebo et d’autres membres du Mcjc désignés pour la circonstance. Au rang des doléances formulées : l’urgence de finaliser les différentes réformes foncières et forestières entamées en 2010.
Pressions tout azimut
Près de 14 années plus tard, le Cameroun ne dispose pas toujours d’une législation qui tienne compte des enjeux climatique actuels. Le deuxième message concerne les communautés qui elles vivent dans un environnement sans cesse mis sous pression foncière, exploitation minière, forestière. Lesquelles contribuent à augmenter le réchauffement climatique parce que l’on coupe le bois, donc on détruit la forêt. Les communautés qui vivent au jour le jour demandent une évaluation des activités de toutes ces entreprises et que les dommages soient réparés. Avant le Cameroun, le mouvement pour la Justice climatique a été lancé en mars dernier en République Démocratique du Congo avec en son sein près de 30 organisations de la société civile.
Après le Cameroun, ce sera au tour du Ghana. « Les défis auxquels fait face le continent africain en raison des changements climatiques sont énormes. Greenpeace Afrique veut mobiliser un nombre important d’acteurs de la société civile ainsi que les leaders de communautés locales et autochtones pour qu’ensemble, ils puissent proposer des solutions propres au contexte africain afin que le continent cesse d’importer des solutions », explique Dr. Lamfu. Faut-il le rappeler¸ le Cameroun reste en proie à plusieurs menaces liées aux changements climatiques et, les phénomènes tels que la déforestation massive aggravent le pronostic climatique. A tel point qu’en Avril 2024, Greenpeace Afrique et une coalition d’Organisations de la Société Civile nationales et étrangères ont envoyé une lettre à certains gouvernements étrangers pour faire part de leur préoccupation concernant la déforestation à grande échelle qui sévit dans le pays.
Nadège Christelle BOWA
Réactions
Que le gouvernement ordonne l’arrêt de la coupe de bois
Au niveau de Doum-Essamebenga, village de l’arrondissement de Campo, nous souffrons du problème de dévastation de nos plantations par les gros mammifères. Nous attendons que le gouvernement ordonne l’arrêt de la coupe de bois par les agro-industries présentes dans nos forêts. Parce que s’ils continuent de couper les arbres, on sera toujours menacé par les gros mammifères notamment les éléphants qui nous empêchent de cultiver nos champs et même de vivre en paix. Nous avons tout le temps peur pour nos vies. Ensuite, nous voulons que les communautés participent à la prise de décision.
On a besoin de législation adaptée au contexte et aux enjeux actuels
Vu l’urgence de prendre des actions pour la protection du climat, on a besoin de législation adaptée au contexte et aux enjeux actuels. Il faut donc vraiment finaliser ses réformes et que ces dernières tiennent compte des doléances des communautés notamment en termes de protection du climat, de protection des droits des communautés, tout cela étant lié à la forêt et l’environnement. Le gouvernement attribue de grandes superficies aux agro-industries. Ce n’est pas une bonne politique pour la lutte contre le changement climatique. Ce n’est pas une action adaptée parce qu’elle entraine la destruction de la forêt ; La perte de tout le couvert y compris les ressources biologiques. On comprend aisément que le gouvernement veut lutter contre le déficit de l’huile de palme. Mais, on se dit qu’il vaut peut-être mieux attribuer une petite superficie et y maximiser l’exploitation avec des méthodes et des technologies avancées. Le troisième message concerne le plastique qui nous tue à petit feu.
Sauver l’eau c’est préserver la planète
En tant que responsable de l’assainissement au sein de l’Association des femmes professionnelles de l’eau et l’environnement du Cameroun, je peux dire que l’environnement et l’eau en particulier est pris en otage par les hommes. Il faut que les gens prennent conscience de ce que le travail doit être fait à tous les niveaux. En tant que société civile, nous militons pour une égalité et une justice climatique à tous les niveaux. Que ce soit environnemental, économique, de la santé, de l’accès à l’eau et à l’assainissement, etc. Il est important que quelque chose soit fait. Mais, si les actions ne sont pas conjointes, l’objectif ne sera pas atteint. Il est important de comprendre que si on n’agit pas maintenant, demain on aura des problèmes en ce qui concerne l’accès à l’eau conditionné par l’accès à l’assainissement. Lui-même conditionné par la préservation de la biodiversité aussi bien animal que végétal. Laquelle biodiversité joue un très grand rôle dans la préservation de la ressource en eau. Donc pour moi, participer à cet événement c’est interpeller l’État, les populations, jeunes et adultes afin qu’on puisse sauver l’eau. Parce que sauver l’eau c’est préserver la planète.
Rassemblées par NCB