Changement climatiqueEnvironnement

En Azerbaïdjan, un objectif financier réaliste sera déterminant

2024 est la grande année du financement du climat où les pays se mettront d'accord sur un nouvel objectif financier mondial, connu sous le nom de Nouvel objectif collectif quantifié (NCQG). Pour la société civile, cet objectif sera un marqueur clé pour la réussite des négociations annuelles des Nations unies sur le climat (COP29) à Baku, en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre.

COP 29

En guise rappel ! Lors de la COP15 à Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour l’action climatique dans les pays en développement. À Paris (COP21), les pays ont convenu de fixer un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) avant 2025, en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement. Le NCQG vise à mobiliser des financements pour soutenir les besoins et les priorités des pays en développement en matière de climat, notamment l’atténuation, l’adaptation, les pertes et dommages et les transitions justes. Elle vise également à clarifier les fonds publics disponibles pour que les pays en développement puissent mettre en œuvre leur prochaine série de contributions déterminées au niveau national (CDN) et leurs plans d’adaptation, qui doivent être présentés d’ici février 2025. Lors de la COP28, les pays ont convenu de soumettre les CDN 9 à 12 mois avant la COP30. Du 3 au 13 juin dernier, près de 5 000 experts se sont réunis à Bonn en Allemagne, pour préparer la prochaine conférence internationale sur le climat (COP29).  Ces discussions techniques traçaient alors la feuille de route de ce qui sera convenu plus tard dans l’année.

Imane Saidi, chercheur en diplomatie et coopération, Imal Initiative for Climate & Development

Mettre l’accent sur une véritable responsabilité des pays développés

Les consultations du NCQG ont été prises en otage par les débats sur la réforme de la base des contributeurs et la pertinence de l’article 2.1c de l’Accord de Paris. Ces questions sont non seulement en dehors du mandat, mais elles bloquent également les discussions substantielles sur la définition de la structure, du calendrier et du montant de l’objectif. Un texte progressiste du NCQG pour l’Afrique et d’autres pays en développement devrait aller au-delà de ces tactiques et conditionnalités établies par les pays développés parties, afin d’éviter leur responsabilité historique et de se concentrer sur le mandat principal. Il devrait mettre l’accent sur une véritable responsabilité des pays développés et donner la priorité aux besoins réels du monde en développement.

 

Ce travail préparatoire fixe une ambition claire pour un objectif de financement réaliste, à la mesure de l’ampleur des besoins et de la rapidité avec laquelle il faut faire face à la crise climatique. Pour les pays en développement, cela signifie un financement qui leur permette de faire face à la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes qui font que les plus vulnérables subissent de plein fouet les effets du climat. « Le chiffre demandé par l’Afrique à l’approche de la COP29 est de 1,3 billion de dollars par an d’ici à 2030 », affirme Ali Mohamed, président du groupe des négociateurs africains. Plus que le montant en termes quantitatifs, les pays sont clairs sur la nécessité d’un financement de qualité. Cela signifie que le financement convenu pour le climat ne sera pas accordé sous forme de prêts, comme cela a été le cas dans le passé, qu’il ne devrait pas être comptabilisé deux fois et qu’il devrait donc s’ajouter au financement du développement. Le financement de la lutte contre le changement climatique qui a été accordé sous forme de prêts a exacerbé le fardeau de la dette des pays en développement.

Stela Herschmann, spécialiste de la politique climatique à l’Observatório do Clima, au Brésil

Des conséquences inquiétantes pour la COP

Nous entrons dans la deuxième semaine du SB60 et jusqu’à présent, ce que nous avons vu, ce sont des pays qui renforcent des positions déjà connues. Il n’y a pas encore eu de débat substantiel lors de cette réunion sur ce qui est vraiment important, comme ce qu’est réellement le financement du climat et le montant dont nous parlons. Les pays, en particulier les pays développés, doivent cesser d’esquiver et présenter des propositions et des chiffres clairs, faute de quoi nous ne ferons guère de progrès concrets lors de cette réunion, ce qui aura des conséquences inquiétantes pour la COP de cette année et pour notre route vers Belém.

1,3 billion de dollars par an d’ici à 2030 

Une étude de la campagne ONE montre qu’en raison des remboursements du service de la dette, les sorties financières des pays africains ont dépassé les entrées qui comprennent l’aide publique au développement. « Nous avons analysé le financement climatique de l’Union européenne et bien qu’il y ait eu une augmentation des contributions ces dernières années, l’échelle ne correspond absolument pas à ce qui est nécessaire », renseigne Sven Harmeling, responsable du climat au sein du réseau Climate Action Network, Europe. Selon l’expert, « Cette année et dans les futurs débats sur le financement climatique, l’UE doit augmenter de manière significative la qualité du financement et s’éloigner des instruments autres que les subventions comme les prêts, qui ont été de 50 %, et augmenter les subventions, qui sont particulièrement importantes pour les pays vulnérables afin de faire face à la crise climatique ».

Evans Njewa, président du groupe des pays les moins avancés

Prendre des décisions positives à Baku

En tant que président chargé de superviser 45 pays les moins avancés (PMA) à travers le monde, j’ai tenu à mettre en place un processus qui soit inclusif et qui réponde aux besoins des PMA. Alors que nous entrons dans la deuxième semaine, au cours de laquelle de nombreux textes de négociation seront probablement conclus, nous espérons nous mettre d’accord sur le fait que les pays développés fourniront un financement pour le climat qui soit basé sur la science, accessible et adapté aux besoins des pays en voie de développement. J’espère que nous nous mettrons d’accord sur les points communs qui produiront un projet de texte qui nous permettra de prendre des décisions positives à Baku.

Eva Peace de Loss and Damage Youth Coalition (en français : Coalition des jeunes pour la paix, les pertes et les dommages) explique que : « Le nouvel objectif de financement climatique est l’occasion de tirer les leçons de l’objectif de 100 milliards de dollars et de concevoir le NCGQ pour répondre aux besoins et aux priorités des pays en développement ». À son avis,  Le NCQG devrait inclure des sous-objectifs sur les pertes et dommages, l’adaptation et l’atténuation et fournir un financement public basé sur des subventions. « Lors de la COP28, nous avons obtenu la création d’un fonds pour les pertes et les dommages, qui a permis de passer à une autre phase de la lutte contre les chocs liés au changement climatique en Afrique et de renforcer le rétablissement de nos communautés. Toutefois, cela n’est pas suffisant», laisse-t-il entendre. Et d’espérer que les pays développés acceptent de prendre leurs responsabilités dans la mobilisation et la fourniture de financements climatiques en donnant la priorité à l’inclusion des pertes et dommages.

Nadège Christelle BOWA

Articles Liés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back to top button