Changement climatique

Cinq recommandations pour réussir les négociations sur le nouvel objectif de financement climatique

Un nouveau rapport de IMAL Initiative for Climate & Development (Initiative IMAL pour le Climat et le Développement) présente cinq recommandations qui contribueront à renforcer la confiance entre les pays dans les négociations en cours sur le Nouvel Objectif Collectif Quantifié (NCQG) avant la COP29 à Baku, en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre prochain.

Le rapport intitulé «Rebuilding Confidence and Trust after the $100 billion: Recommendations for the New Collective Quantified Goal (NCQG)» en français Nouvel Objectif Collectif Quantifié, recommande la manière de combler le « déficit de confiance» qui a historiquement affecté les négociations sur le financement du climat. Cette année a été annoncée comme « l’année du financement », avec des efforts en cours dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour trouver un consensus sur le NCQG, le nouvel objectif de financement du climat. Les pays du monde entier, également connus sous le nom de Parties, doivent se mettre d’accord sur l’objectif de financement du climat lors de la COP29 de cette année à Baku. En cas d’accord, le nouveau fonds remplacera effectivement l’objectif de 100 milliards de dollars par an introduit lors de la COP15 à Copenhague, au Danemark, en 2015. Or, jusqu’à présent, le processus du NCQG n’a pas permis de dégager une position commune, ce qui fait craindre que la COP29 ne se termine sans accord.

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Selon les auteurs du rapport suscité, l’incapacité des pays développés à fournir un financement adéquat pour l’adaptation, l’atténuation et les pertes et dommages dans le cadre du NCQG pourrait compromettre les résultats de la COP29 et, par conséquent, avoir de graves répercussions sur le régime climatique des Nations unies, qui a fait l’objet d’un examen minutieux ces dernières années. En effet soutient Iskander Erzini Vernoit, directeur de l’IMAL et co-auteur du rapport : « Ce rapport arrive à un moment crucial des négociations sur le NCQG. Les pays doivent saisir l’occasion de tirer les leçons des 100 milliards de dollars avant qu’il ne soit trop tard. S’ils ne le font pas, ils risquent de perdre confiance dans le régime post-Paris et de ne pas pouvoir fournir les financements internationaux nécessaires à l’atténuation du changement climatique, à l’adaptation et à une réponse juste aux pertes et aux dommages ».

Des objectifs clairs

Pour rétablir la confiance entre les Parties dans le débat en cours sur le NCQG, le rapport recommande entre autres : Une approche basée sur les besoins pour fixer le quantum : « Prendre en compte les besoins et les priorités des pays en développement » ; Une structure constitutive de sous-objectifs thématiques : Atténuation, adaptation et pertes et dommages ; L’engagement à ce que le financement climatique soit « nouveau et additionnel » a été interprété différemment, et une définition commune est donc nécessaire ; Les nations développées doivent clarifier la « part équitable » du financement climatique par pays, afin de remédier aux retards. « Nous proposons qu’un NCQG basé sur les besoins comprenne un objectif de provision de base mesuré en termes d’équivalence de subvention, avec des sous-objectifs clairs pour l’adaptation, l’atténuation et les pertes et dommages, dans le but de rétablir la confiance et d’établir un cadre de financement climatique plus transparent », explique Said Skounti, chercheur à l’IMAL et co-auteur du rapport.

« Nous sommes heureux de nous associer à l’IMAL pour mettre en lumière ces perspectives importantes sur les leçons à tirer de l’expérience de l’objectif de 100 milliards de dollars. Le Nouvel Objectif Collectif Quantifié ferait bien d’apporter de telles améliorations en matière de transparence et de responsabilité, afin de préserver l’ambition et de mieux garantir la réalisation des CDN »

Charlene Watson, associée principale de recherche à l’ODI et présidente du groupe de travail indépendant sur le financement (FWG)

Selon les auteurs dudit rapport, les pays doivent avoir une compréhension commune de l’équilibre du financement entre les prêts concessionnels et les subventions, d’une part, et les instruments de financement non concessionnels basés sur des prêts, d’autre part. Ils soulignent par ailleurs que les parties doivent être vigilantes pour éviter une répétition des événements de la COP15 à Copenhague, où les négociations ont échoué dans ce qui est maintenant largement considéré comme le  »moment le plus acrimonieux » dans l’histoire de la CCNUCC. Aujourd’hui, les besoins totaux en matière de financement climatique dans les pays en développement sont estimés à plus de 1 000 milliards de dollars de soutien financier public par an jusqu’en 2030. Cet argent est nécessaire pour financer l’atténuation, l’adaptation et les pertes et dommages, comme le prévoit l’Accord de Paris. Cependant, la plupart de ces pays en développement qui se trouvent en Afrique, sont confrontés à une pauvreté aiguë, au sous-développement et à une dette publique croissante, ce qui limite leur capacité à investir dans l’action climatique.

Débloquer des actions à une échelle proportionnelle à la crise climatique

Dans le même temps, les engagements pris par les pays riches de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays pauvres n’ont, à bien des égards, pas été respectés, alors même que les effets du changement climatique continuent de dévaster les populations et les moyens de subsistance dans les pays du Sud. Les experts préviennent que de nouveaux retards et ambiguïtés dans les négociations auront des conséquences considérables pour les nations vulnérables et pauvres qui ont un besoin urgent de financement pour développer et renforcer la résilience et la capacité d’adaptation de leurs communautés. Le rapport affirme que les ambiguïtés entourant l’engagement de 100 milliards de dollars sont en grande partie responsables de la rupture de confiance entre les pays développés et les pays en développement. Le rapport identifie cinq domaines de l’engagement de 100 milliards de dollars où les interprétations ont divergé, sapant ainsi la confiance et compromettant les flux financiers. Ce sont : Différentes interprétations de l’engagement selon lequel le financement de la lutte contre le changement climatique doit être « nouveau et additionnel ; Divergence sur la part équitable du financement climatique de la part des différents pays développés ; Malentendus sur l’équilibre du financement entre les différents domaines thématiques de l’action climatique ; Divergence sur les dettes concessionnelles et les subventions par rapport aux instruments de financement non concessionnels basés sur la dette ; Les canaux institutionnels appropriés pour le financement, y compris les banques multilatérales de développement (BMD).

Outre les retards, le débat sur les questions fondamentales de comptabilité pour ce financement a également contribué aux frustrations. Suscitant le scepticisme quant à l’engagement des pays développés à l’égard des objectifs de Paris, l’expérience des 100 milliards de dollars a contribué à la fin malheureuse de l’esprit de collaboration de Paris », écrivent les auteurs Said Skounti et Iskander Erzini Vernoit. Si l’humanité veut vaincre le changement climatique, le monde doit « débloquer des actions à une échelle proportionnelle à la crise climatique », insistent les auteurs. « Nous sommes heureux de nous associer à l’IMAL pour mettre en lumière ces perspectives importantes sur les leçons à tirer de l’expérience de l’objectif de 100 milliards de dollars. Le Nouvel Objectif Collectif Quantifié ferait bien d’apporter de telles améliorations en matière de transparence et de responsabilité, afin de préserver l’ambition et de mieux garantir la réalisation des CDN », s’est réjouie Charlene Watson, associée principale de recherche à l’ODI et présidente du groupe de travail indépendant sur le financement (FWG)

Nadège Christelle BOWA

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