A Cali, l’humanité signe une amnistie avec la nature
La Coalition mondiale pour la paix avec la nature lancée à l’ouverture du Segment de haut niveau de la 16e conférence des parties sur la biodiversité (Cop 16), ce mardi 30 octobre 2024 à Cali en Colombie. L’évènement se tient depuis le 21 octobre dernier sous le thème : « la paix avec la nature ».
Pari gagné pour Susana Muhamad, présidente de la COP16 et ministre de l’Environnement de la Colombie, dont c’était le désir ardent selon https://www.lesechos.fr/ « A la COP16, elle compte porter de nombreux sujets cruciaux pour la biodiversité, comme l’implication des peuples autochtones, dont le rôle est fondamental pour la préservation de la nature. « Ils sont en charge d’un tiers des zones naturelles dans le monde », rappelle Gilles Kleitz. Susana Muhamad veut aussi lancer à Cali une coalition « pour la paix avec la nature ». Elle a fait de la notion de « transition juste » l’un de ses mantras », rapportait dans le journal dans l’une de ces éditions, dressant le portrait de cette nouvelle « star montante de la diplomatie environnementale ». C’est chose faite, la Coalition mondiale pour la paix avec la nature a été lancée à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Segment de Haut niveau de la COP 16-Conférence des Nations Unies sur la biodiversité 2024, le mardi 30 octobre 2024.
Parvenue à une étape cruciale de son histoire avec la nature, l’humanité prend conscience de sa dette avec la planète et marque un temps pour réfléchir à ses responsabilités et prendre des décisions urgentes et concertées pour non seulement compenser les dégâts, mais surtout, bâtir un futur vivable sur la planète bleue. L’humanité a enfin pris conscience son empreinte qui menace la biodiversité et met en danger la santé de nos écosystèmes. A Cali, il est question de : « éviter de mettre fin à notre propre bien-être ». Ce qui signifie « prendre des mesures pour prendre soin de notre planète ». A travers cette initiative, c’est « un nouveau dialogue avec le monde » qui s’ouvre en vue de la réconciliation avec la nature. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, qui à cette occasion a appelé à une action décisive pour rétablir l’harmonie avec la nature, a souligné l’urgence de la situation en évoquant des statistiques qui donnent à réfléchir : environ 75 % de la surface terrestre de la planète et 66 % des océans ont déjà été modifiés par l’activité humaine. « Chaque jour qui passe, nous nous rapprochons de points de basculement qui pourraient alimenter davantage la faim, les déplacements et les conflits armés », a-t-il averti avant d’appeler les pays à mettre en œuvre le Cadre de Kunming-Montréal, qui vise à stopper et à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030.
L’ONU engage le secteur privé
Il a également insisté sur l’importance de plans nationaux alignés sur les objectifs du Cadre, soutenus par un suivi transparent et un financement solide, dont au moins 200 milliards de dollars par an d’ici 2030. « Nous devons transformer ces promesses en actions de quatre manières essentielles », a déclaré M. Guterres, appelant les nations à présenter « des plans clairs, ambitieux et détaillés » pour s’aligner sur les objectifs du Cadre ». Il a ajouté que les dirigeants doivent s’entendre sur le renforcement du suivi et de la transparence et tenir les promesses de financement tandis que le soutien aux pays en développement est accéléré. « Et nous devons impliquer le secteur privé. Ceux qui profitent de la nature ne peuvent pas la traiter comme une ressource gratuite et infinie. Ils doivent s’engager et contribuer à sa protection et à sa restauration », a-t-il souligné. Dans son propos, le Secrétaire général de l’Onu a rappelé le rôle vital des peuples autochtones et des communautés locales « gardiens de notre nature » dont les connaissances traditionnelles offrent des perspectives essentielles pour la conservation de la biodiversité, mais ils sont trop souvent marginalisés ou menacés. Il a également appelé à la création d’un organe permanent au sein de la Convention sur la diversité biologique pour garantir que les voix des autochtones soient entendues tout au long des processus d’élaboration des politiques. Car, « La paix avec la nature signifie la paix pour ceux qui la protègent », a affirmé M. Guterres.
Avant lui, le président colombien Petro Gustavo a présenté une vision apocalyptique de la crise climatique qui secoue la planète et appelé à des solutions politiques qui tiennent compte des peuples : « les modes de productions doivent s’éloigner de la convoitise. Il faut penser à la pérennisation », a-t-il invité. L’initiative de la Coalition mondiale pour faire la paix avec la nature se présente ainsi comme l’occasion d’avoir une stratégie prochaine qui permettra de faire face à la crise climatique et à une perte de biodiversité. « C’est une occasion qu’il faut saisir pour prendre soin des écosystèmes et pour accélérer la transition par un nouveau modèle économique vert et décarboné. Un nouveau modèle qui nous permet de renforcer le développement durable et nous permet de nous réconcilier avec la nature et avec la vie », a-t-on entendu. La déclaration volontaire qui y est associée va permettre d’ouvrir le champ de cet instrument afin de de renforcer les engagements souscrits à un niveau international dans ce domaine.
Nadège Christelle BOWA (Le Messager) à Cali-Colombie
Ce reportage a été réalisé dans le cadre de la bourse 2024 CBD COP 16 organisée par Internews Earth Journalism Network.