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Joan Carling : Une des voix emblématiques des peuples autochtones à Cali

Militante des droits des populations autochtones et défenseur de l'environnement des Philippines, Joan Carling défend depuis plus de 20 ans les droits fonciers des communautés au niveau local ainsi qu'au niveau international. Ses domaines principaux de préoccupations sont la protection des droits fonciers des peuples autochtones, la garantie du développement durable des ressources naturelles et la défense des droits humains des personnes marginalisées.

« Certaines questions ont été avancées lors de la COP16, et le président de la COP, la Colombie, ainsi que les Parties à la Convention méritent des éloges pour avoir progressé dans une atmosphère de négociation difficile, en particulier avec l’adoption historique d’un organe subsidiaire pour les peuples autochtones et les communautés locales, qui donne aux peuples autochtones et aux communautés locales un rôle plus important pour influencer les résultats de la Convention… », commente Brian O’Donnell, directeur de Campaign for Nature, à propos des résultats de la COP16 qui s’est achevé le 1er novembre dernier après près d’une quinzaine de jours d’activités intenses fait de side-events, de plénières et autres groupe de travail. L’autre victoire majeure en son sens et bien d’autres est « la création d’un mécanisme qui obligera enfin les entreprises à payer leur juste part pour l’utilisation de la biodiversité (en faisant progresser le partage des bénéfices dérivés du séquençage numérique des informations provenant des ressources génétiques avec les pays et les personnes où elles ont été acquises, en particulier les peuples autochtones et les communautés locales, par l’intermédiaire d’un Fonds de Cali nouvellement créé) ».

Le Jenga rappelle l’urgence de la protection de la nature.

Au cœur de cette victoire célébrée aujourd’hui, une infatigable défenseur des droits des peuples autochtones et marginalisés : Joan Carling, directrice exécutive d’Indigenous Peoples Rights International (IPRI), une organisation mondiale basée aux Philippines qui œuvre à la protection des droits des populations autochtones, figure emblématique de cette cause jadis considérée comme perdue au regard de l’historique sombre qui entache le quotidien des défenseurs de l’environnement, souvent tués ou enlevés à cause de leur combat, au premier rang desquels les peuples autochtones du monde. On l’a vu alerte, répondant aux nombreuses sollicitations des journalistes et bien d’autres acteurs ou observateurs, expliquant les enjeux de cette rencontre sur la biodiversité, le fonctionnement et surtout le bien-fondé de la proposition de création d’un organe subsidiaire tel que susmentionné, lequel va se concentrer particulièrement sur l’article 8J de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (UNCBD en anglais) ou convention de Rio. Adopté lors du sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992, ce traité international s’engage, entre autres, à respecter, préserver et maintenir les connaissances, les innovations et les pratiques des communautés autochtones et locales… pour la conservation de la diversité biologique.

Une vie pleine de danger

Agée de 61 ans-célébré le 30 juin dernier- au moment de la tenue de cette COP 16, Joan Carling est une activiste autochtone de la Cordillera ayant une formation universitaire en sciences sociales, spécialisée en sociologie et en économie. Elle travaille depuis plus de 20 ans sur les questions autochtones, du niveau local au niveau international. Ses domaines d’expertise comprennent les droits de la personne, le développement durable, l’environnement et les changements climatiques, en plus de l’application du consentement libre, préalable et éclairé. Pour cette militante des droits humains et écologiste, il est essentiel de « reconnaître que les défenseurs de l’environnement autochtones sont les principaux acteurs de la conservation de la biodiversité dans le cadre de cette conférence des parties ». Experte autochtone de l’Instance permanente des Nations Unies sur les peuples autochtones (UNPFii) entre 2014 et 2016, Joan Carling n’en est pas à sa première COP. Elle participe également aux activités de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et REDD+ contre la dégradation des forêts.

Née le 30 juin 1963 à Baguio sur l’île de Luçon aux Philippines, elle traîne une riche expérience qui lui a valu de nombreux awards dont le prix Champions de la terre du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (Pnue) qui récompense les leaders environnementaux exceptionnels des secteurs public et privé et de la société civile. Ancienne Secrétaire générale du Pacte des peuples autochtones d’Asie (AIPP), elle a également été membre du Conseil consultatif de la Cordillera Peoples Alliance (Alliance des peuples de la Cordillère). Elle est actuellement membre du Conseil consultatif de l’Alliance des peuples de la Cordillera, du Comité directeur du Forum mondial des peuples autochtones du FIDA et du Comité directeur de l’Appel mondial à l’action pour le droit à la terre. En tant que défenseur de l’environnement, la vie et la sécurité de Joan Carling ont été menacées.

Nadège Christelle BOWA à Cali-Colombie

Ce reportage a été réalisé dans le cadre de la bourse 2024 CBD COP 16 organisée par Internews Earth Journalism Network

 

 

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