Avertissements sanitaires graphiques: L’Acta félicite le gouvernement du Cameroun
Pour l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique, il s’agit d’une brave décision en faveur de la santé publique. L’Acta exhorte cependant le gouvernement à accélérer la mise en œuvre totale de la Cclat à travers l’adoption d’une loi antitabac forte.
« Un pas en avant dans la lutte antitabac ». C’est ainsi que l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (Acta) perçoit l’introduction de mises en garde sanitaires illustrées sur les emballages de produits du tabac au Cameroun. Ce changement majeur a été noté dans certains points de vente de produits du tabac au Cameroun depuis le 12 juin 2019, fait suite à la décision conjointe prise le 3 janvier 2018 par les autorités camerounaises. « Avec la mise en application effective de cet arrêté, suite à une extension de six mois,[…]Le pays vient de faire un grand pas en avant dans son effort à mettre en œuvre la Convention Cadre de l’ OMS pour la lutte antitabac (Cclat) qu’il a ratifié en 2006 », salue Deowan Mohee, Secrétaire Exécutif de l’Acta dans un communiqué rendu public le 14 juin dernier depuis Lomé au Togo.
Ainsi, « l’Acta s’associe à la communauté antitabac pour féliciter le gouvernement camerounais d’avoir pris cette brave décision en faveur de la santé publique », écrit Deowan Mohee qui tout en ayant des propos d’encouragement pour la société civile également, exhorte « le gouvernement à accélérer la mise en œuvre totale de la Cclat à travers l’adoption d’une loi antitabac forte ». En effet argumente-t-il, le Cameroun dispose d’un fort potentiel humain de près 24 millions qui, faute d’une législation antitabac forte a longtemps été victime des conséquences sanitaires, économiques et environnementales du tabac. Près de 1,1 million d’adultes, soit 8,9% de la population, consomment des produits du tabac avec près de 7 millions de fumeurs passifs. Selon le ministère de la Santé publique, le tabac tue environ 3500 personnes par an, avec un impact sur le développement économique du pays.
Résistance
L’introduction de mises en garde sanitaires illustrées sur les emballages de produits de tabac est l’une des dispositions de la Cclat qui vise à réduire la demande du tabac. « Cette mesure -affirme-t-il- contribuera certainement à sensibiliser la population camerounaise sur les méfaits du tabagisme et à dissuader les non-fumeurs, notamment les jeunes à fumer. Il servira également de leçon à d’autres pays de la région que des progrès dans la lutte antitabac sont possibles, malgré les nombreux défis à relever ». En parlant de défis, le Cameroun qui emboîte le pas au : Kenya, Madagascar, Ile-Maurice, Namibie, Sénégal, Seychelles, Tchad en connaît déjà s’agissant de l’effective application de l’arrêté du 3 janvier 2018.
Le premier challenge auquel les pouvoirs publics devraient face est la cohabitation d’anciens conditionnements avec les nouveaux. A ce propos, sur les trois grosses multinationales qui commercialisent au Cameroun, une seule s’est conformée depuis lors à la nouvelle réglementation en vigueur. Du moins, c’est la seule présente sur les comptoirs avec un nouveau look. S’agissant du seul producteur local, on apprend qu’il a introduit une lettre de protestation de la mesure, qui n’a pas prospéré. Le deuxième défi est celui de la disponibilité des produits new-lookés sur toute l’étendue du territoire. Seule la ville de Yaoundé – et même, c’est par endroit- semble jusque là pourvue. Par ailleurs, une analyse sommaire de la Coalition Camerounaise contre le Tabac (C3T) des premiers paquets relève quelques incongruités, relative à la qualité des images qu’elle juge « choquante mais floue ». Également, certains messages ne sont pas en accord avec l’image choisie, etc.