Emmanuel Foukou: « Il est important de soulever la question des ODD dans les différents médias »
Le Chargé de l’information publique et des partenariats au Bureau du Coordonnateur résident du Système des Nations Unies évalue l’implication des journalistes dans le traitement de l’information liée aux ODD.
Quelle appréciation faites-vous de la communication sur les Objectifs de développement durable dans les médias en Afrique et au Cameroun en particulier ?
J’ai grandi en Suède. Aujourd’hui en Suède si vous demandez à quelqu’un dans la rue « c’est quoi les ODD ? » Certains pourront te donner une réponse, d’autres pas. Au niveau global dans les médias en Europe, c’est presque chaque jour que vous trouvez un article sur les ODD dans les journaux. Ici, j’arrive juste, mais à la vérité, c’est pareil. Dans la population, quelques-uns connaissent les ODD, d’autres n’en ont jamais entendu parler. En ce qui concerne les médias, je n’ai pas encore une grande visibilité. Mais, il y a beaucoup d’articles sur l’humanitaire, les violences basées sur le genre, la santé, etc., cependant, on ne mentionne pas « Agenda 2030 », ou « ODD 3 » pour la santé, par exemple. En fait, tout le monde parle des ODD, mais personne ne les mentionne.On parle des ODD d’une manière indirecte. Pourtant on peut le faire plus clairement.
Il y a quelques jours, l’on a fait le bilan des quatre années de mises en œuvre des ODD. Et vous dites que les journalistes ont un rôle dans l’atteinte des ODD en 2030 ?
Le rôle du journaliste est très important. C’est lui qui descend sur le terrain. On a parlé de « Localizing les SGDs » [contextualiser les ODD, Ndlr]. C’est le rôle du journaliste de trouver les personnes vulnérables et d’en être le porte-parole. C’est-à-dire que tu vas au fin fond du pays, par exemple à l’Extrême-Nord, tu trouves la femme qui n’a pas à boire, qui souffre de fistule obstétricale, etc. Maintenant, il faut associer la femme qui souffre de la fistule avec l’ODD 3. Le lecteur, l’auditeur ou téléspectateur comprend qu’il y a un agenda 2030, un ODD3. Ainsi, on a un langage commun.C’est le rôle du journaliste de trouver l’histoire, la mettre en scène en la reliant aux ODD. Les journalistes font leur travail, mais c’est toujours bien si on peut dans la rédaction de l’article mentionner l’ODD correspondant.Le but est vraiment de rendre les ODD présents dans les médias traditionnels et nouveaux médias. Mais aussi à travers les films, des documentaires…C’est le plan que nous avons. Puisque en 2030, il faut améliorer le monde. On a qu’une seule planète. Je pense qu’il est important de soulever la question des ODD dans les différents médias.
Quel est le lien entre le journalisme humanitaire et les ODD ?
Il y a un lien très grand. Par exemple si on va dans un camp de réfugiés, c’est une ville. Pour qu’une ville fonctionne, tous les 17 objectifs sont présents que ce soit l’eau et l’assainissement, le partenariat (ODD 17), etc. Dans certains, il y a même la police, la paix, changement climatique… tout est là. L’humanitaire, c’est ODD à 100%. Mais on ne parle pas souvent de ça quand on lit des histoires sur la vie dans les camps des réfugiés.