Femmes et foncier: Horizons femmes courtise les administrations publiques
Dans le cadre de la mobilisation communautaire et plaidoyer pour la sauvegarde des droits fonciers des femmes et veuves dans les régions de l’Ouest et du Centre, l’organisation a organisé une rencontre dans les services du gouverneur à Yaoundé.
Emma Ozélé, constitue la grande attraction de la rencontre de plaidoyer organisée par Horizons femmes, le 13 décembre 2019 dans les services du gouverneur à Yaoundé. Super excitée, la dame brandie une sorte de registre de couleur rose où on peut lire : « Copie du titre foncier… ». Un trophée ! « Ce n’est pas facile d’obtenir un titre foncier. Ce n’est déjà pas facile pour une femme d’avoir un terrain », témoigne-t-elle en racontant comment elle a pu rentrer en possession du document « grâce à Horizons femmes ». En effet, Emma Ozélé reçoit en legs en 2014, dans le département du Nyong et So’o, région du Centre, un terrain d’une superficie de 5800 m². Mais celui-ci étant en indivision, impossible pour elle de l’immatriculer par ignorance de la procédure et aussi par manque de moyen.
« Grâce à la sensibilisation de Horizons femmes, j’ai demandé à sortir de l’indivision. Nous sommes allés devant le tribunal qui a demandé au délégué départemental des affaires sociales de proposer un partage des parcelles… » La suite de l’histoire, Emma Ozélé est désormais propriétaire foncier tel que exigée par la législation foncière au Cameroun. Ce qui lui confère beaucoup d’opportunités et de droits. « Ce titre peut me permettre d’obtenir un crédit à la banque pour mes investissements. J’avais déjà essayé sans succès. C’est pour cela que je le brandie comme un trophée. J’ai gagné une guerre », avoue-t-elle tout sourire.
Les statistiques dans le domaine du foncier justifient son attitude. D’après un état des lieux que dresse Denise Ngatchou, présidente exécutive d’Horizons femmes, la situation des femmes en la matière est très critique. « Les femmes sont victimes d’éviction injustes fondées sur le défaut du titre foncier. Sur 11 937 titres fonciers, seulement 2 309 sont possédés par les femmes contre 8 398 pour les hommes. Pourtant le secteur de l’agriculture est dominé à 87% par les femmes », décrie-t-elle. Une situation qu’elle voudrait voir changer à travers la mise en œuvre du projet « Ma terre, mon droit », implémenté avec l’appui financier de African women development Fund. Outre la réduction des discrimination à l’égard des femmes et des veuves en ce qui concerne la propriété foncière, l’impact attendu touche les droits successoraux, patrimoniaux et domaniaux voire l’autonomisation économique de ces dernières, etc.
Cependant, sa réussite dépend fortement de l’implication des différentes parties prenantes dont les femmes elles-mêmes, les époux, la communauté, les agents publics, les autorités traditionnelles, la société civile et les médias. D’où le plaidoyer pour la sauvegarde leur droits fonciers. « C’est un enjeu de paix sociale et d’équilibre sociologique. C’est un enjeu de développement… », affirme Simon Etsil, secrétaire général qui présidait les travaux au nom du gouverneur de la région du Centre.