PAUL BIYA Février 2020: Pourquoi il faut accentuer la lutte contre le tabagisme
Ce 10 février, le chef de l’État s’est adressé à la jeunesse. Dans son traditionnel discours, Paul Biya, entre autres préoccupations, s’est penché sur les questions de violence en milieu scolaire.
Le décès du jeune enseignant assassiné dans l’enceinte d’un établissement scolaire de la ville de Yaoundé, revient dans le discours du chef de l’Etat ce lundi. Paul Biya, comme c’est de tradition s’adressait à la jeunesse de son pays en cette veille de célébration qui leur est consacrée. Dans son adresse, le chef de l’Etat a évoqué le meurtre de ce jeune enseignant par son élève. Cet « acte à peine croyable (qui) en dit long sur les dérives de notre société », lui donne d’interpeller parents, hommes de religion et enseignants. Mais aussi les jeunes. Ces derniers sont invités à méditer sur ce qui s’est passé, à en mesurer les conséquences et à s’engager à ne plus poser de tels actes.
Dans ce même registre, Paul Biya demande une fois de plus au gouvernement de se mobiliser pour combattre la drogue en milieu jeune. C’est l’un des facteurs majeurs de la dégradation alarmante de la moralité juvénile. « Il n’y a pas si longtemps, lors d’un Conseil Ministériel, j’avais demandé au Gouvernement d’envisager la mise en place d’un plan national de lutte contre la consommation des drogues et de l’alcool. Celle-ci avait alors atteint la côte d’alerte au sein de la jeunesse camerounaise. J’invite encore aujourd’hui le Gouvernement à se mobiliser davantage pour lutter contre ce fléau », prescrit-il de nouveau.
Sera-t-il entendu cette fois ? Où sont-ce des propos tenus le temps d’un discours, long d’une quinzaine de minutes ? Toujours est-il que cela nous l’opportunité de rappeler avec les acteurs de la lutte contre le tabagisme, de ne point oublier où l’on est tombé. Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la Coalition Camerounaise contre le tabac (C3T) ne cesse de réitérer que le tabac est la porte d’entrée à la consommation des drogues dites dures. Aussi serait-il opportun de s’en souvenir et d’accélérer la lutte contre ce phénomène en lui consacrant plus de moyens, de ressources (humaines, matérielles et financières).
Au Cameroun, le problème du tabagisme en milieu jeune se pose avec acuité. Plus de 17% des jeunes âgés de 13 à 15 ans consomment du tabac sous diverses formes. Les résultats des enquêtes de l’OMS menées au Cameroun en 2014 sur le tabagisme en milieu jeune (GYTS) révèlent que chez les élèves âgés de 13 à 15 ans, 31,2% ont expérimenté la cigarette avant l’âge de 10 ans ; 5,7% fument des cigarettes et 9,5% consomment d’autres produits du tabac comme la shisha, etc. En valeur absolue, ce sont plus de 300.000 jeunes qui consomment régulièrement le tabac et ses produits au Cameroun. « Cela s’explique principalement par une inconscience due un manque d’information sur les dangers du tabac et surtout par le recrutement actif des jeunes par l’industrie », conclut Dr Ndembiyembe dans une récente interview. Elle y rappelle la nécessité d’une loi nationale antitabac, conformément aux dispositions de la Convention -Cadre de l’Oms pour la lutte antitabac (CCLAT) pour entre autres, encadrer les activités de l’industrie du tabac, sensibiliser les potentiels consommateurs et davantage protéger la jeunesse.