Cameroun: La nutrition a ses ambassadeurs
Ils vont exercer au sein du mouvement Scaling-Up Nutrition (SUN), une initiative internationale lancée en 2010 qui vise à éliminer toutes les formes de malnutrition dans le monde d’ici 2030. Pour sa part, le FEICOM promet d’investir l’équivalent du budget alloué par les communes aux activités de nutrition.
L’un est un ancien maire d’une commune de la région de l’Est- Cameroun et l’autre directeur général d’un Etablissement public à caractère économique et financier doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Comme 05 autres compatriotes, ils ont été reconnus capables d’influencer ou promouvoir la formulation et la mise en œuvre de politiques ainsi que de stratégies visant à améliorer la nutrition au Cameroun. Ce sont : Jean Marie Nguele, ancien maire de Nguelemedouka et Philippe Camille Akoa, Directeur général du Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM) qui ont reçu leur Award jeudi 13 août dernier à Yaoundé au cours d’une cérémonie très courue. A laquelle prenait part d’illustres personnalités dont Jacques Boyer, Représentant Résident de l’UNICEF, chef de file du Réseau des Nations Unies (ONU) pour la Nutrition.
Les lauréats du jour font désormais partis du cercle fermé de sept ambassadeurs pour la nutrition 2020 composé également de Chef Dr Joseph Dion Ngute, Premier Ministre ; Christine Andela, présidente Cosader ; Hon. Monjowa Lifaka, Vice-présidente de l’Assemblée nationale ; Njong Eric Njong, directeur général Buns ; Sa Seigneurie Abraham Kome, Président de la Conférence épiscopale. « Les ambassadeurs de la nutrition sont des individus qui utilisent leur popularité et leur influence pour s’engager dans le plaidoyer public et le lobbying afin de mobiliser des ressources pour renforcer la nutrition et faire de la nutrition une priorité politique majeure aux niveaux mondial, régional et local », explique Dr Ismael Teta, Directeur pays Helen Keller, lead de l’Alliance de la société civile (SUN CSA).
Le pourcentage du FEICOM
Avant, il s’est appesanti sur l’état des lieux de la malnutrition au Cameroun en faisant remarquer que les chiffres de la dernière enquête de démographie et de santé (EDS 2018) ne sont pas « très reluisants ». En effet, la malnutrition sévit dans tous les 10 régions mais « la situation est plus alarmante pour la malnutrition chronique qui affecte les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes », souligne Gustave Ihong III, Coordonnateur du Comité interministériel de lutte contre la malnutrition (Cilm), par ailleurs point focal stratégique du mouvement SUN. Ils soutiennent également qu’un enfant malnutri est une perte totale pour le développement. Car, ce dernier perd environ 13 points de son quotient intellectuel. S’agissant des statistiques, au Cameroun, 1 114 000 (29%) des enfants souffrent de malnutrition chronique (trop court pour leur âge). Conséquence, leur chance de réussir à l’école et devenir des adultes productifs est compromise en raison de l’impact de la malnutrition sur le développement du cerveau.
A côté, 156 400 (4%) des enfants au Cameroun souffrent de malnutrition chronique avec comme conséquence qu’ils sont 9 fois plus à risque de mourir. On observe des disparités selon les régions. Leur traitement coûte plus cher (plus de 15 millions de dollars US) en 2020 que la prévention. En outre, la malnutrition est associée au décès de la moitié (12 millions de morts) des enfants en Afrique et au Cameroun. Soit 54% contre 27% infections respiratoires, 23% diarrhée, etc. Au regard des enjeux, il est urgent d’agir pour inverser les indicateurs qui sont au rouge. Dans cette optique annonce Francis Kambang du Réseau des communes du Cameroun pour la nutrition, 17 communes de la région de l’Est ont déjà signé des délibérations autorisant les maires à allouer 1% du budget de la commune aux activités de nutrition. Ce à quoi le directeur général du Feicom s’engage au nom de cet Etablissement publique à investir l’équivalent du budget alloué par chaque commune à la nutrition. Les dés sont ainsi jetés. A chaque commune de saisir cette opportunité pour bouter la malnutrition hors de son territoire et bénéficier de l’intelligence de ses citoyens pour l’émergence tant attendue.
Nadège Christelle BOWA