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Jaff Napoléon Bamenjo : « La résolution des conflits est essentielle pour maintenir les moyens de subsistance »

Le Coordonnateur du Réseau de lutte contre la Faim s’exprime sur l’impact des crises sociopolitiques sur la sécurité alimentaire au Cameroun.

Qu’est ce qui justifie la tenue d’un atelier lors de la journée mondiale de l’alimentation ?

RELUFA a toujours célébré la journée mondiale de l’alimentation, mais cette année 2020 marque également le 20eme anniversaire de RELUFA. C’est pourquoi la célébration de la journée mondiale de l’alimentation était importante pour nous car c’est une étape importante dans notre existence. Egalement, il y a beaucoup de sujets d’actualité affectant la sécurité alimentaire sur lesquels nous devons réfléchir. Vous pouvez constater que nous avons choisi comme sujet de discussion pour cet atelier les personnes déplacées internes, le COVID-19, les systèmes alimentaires et la terre.

Le thème de cette année est : « cultiver, nourrir, préserver. Ensemble, agissons pour l’avenir ». Est-il possible aujourd’hui pour tous ceux qui le souhaitent de cultiver la terre ?

La réponse est non! Car il existe plusieurs poches de conflits qui ont chassé les agriculteurs de leurs terres et qu’ils sont désormais soit des réfugiés, soit des déplacés internes. C’est plus inquiétant car la plupart de ces personnes vivaient dans des zones rurales où l’agriculture est leur principale activité. En tant que personnes déplacées internes ou réfugiés, ils sont devenus des mendiants de nourriture au lieu de producteurs de nourriture qu’ils sont. C’est une préoccupation majeure.

Vous évoquez à propos les conflits sociopolitiques, et leurs conséquences. Notamment, les réfugiés et les PDI. Que faire pour ces personnes aient aussi accès à la terre ?

Résolvez les conflits afin que ces personnes puissent retourner dans leurs lieux d’origine et poursuivre leur agriculture. Cependant, étant déplacées internes, elles peuvent toujours être en mesure de produire de la nourriture si elles ont accès à la terre là où elles se trouvent. La question de l’accès à la terre des personnes déplacées internes est donc d’actualité et doit être abordée. C’est pourquoi dans la révision de la loi foncière, c’est une question à traiter également, mais l’idéal reste de résoudre nos problèmes assez tôt plutôt que de courir autour de résoudre la guerre. Éviter les conflits réduira le nombre de personnes déplacées internes suite à la guerre, bien qu’il existe d’autres facteurs naturels qui peuvent encore entraîner le déplacement de personnes.

Il est donc urgent de continuer à réfléchir et à concevoir des voies et moyens pour rendre nos systèmes alimentaires résilients face à une telle crise.

Quel est l’impact de l’accès à la terre sur la sécurité alimentaire ?

La terre est essentielle pour la production alimentaire et la sécurité alimentaire. La production alimentaire réduit l’insécurité alimentaire et la terre étant la source des pratiques agricoles, son impact sur la sécurité alimentaire ne peut être sous-estimé. Au-delà de l’accès à la terre, il est important que cet accès soit sécurisé. C’est pourquoi la reconnaissance et la protection de la propriété foncière coutumière est très importantes. En outre, 80% des pauvres du monde vivent dans des zones rurales, où les gens dépendent de la terre et de l’agriculture, de la pêche ou de la sylviculture sont leur principale source de revenus et de nourriture… 2020 est une année où tout a changé à cause du COVID-19. C’est une menace pour la sécurité alimentaire dans le monde. Les mesures restrictives du COVID-19 ont particulièrement impacté la sécurité alimentaire des ménages urbains pauvres.  Cette situation a contribué à saper la capacité des gens à obtenir des aliments nutritifs pour leurs besoins. Il est donc urgent de continuer à réfléchir et à concevoir des voies et moyens pour rendre nos systèmes alimentaires résilients face à une telle crise. Le Cameroun n’est pas non plus épargné car le COVID-19 et les conflits en cours dans les régions anglophones et de l’extrême nord exercent beaucoup de pression sur les systèmes alimentaires. La résolution de ces conflits est essentielle pour maintenir les moyens de subsistance.

Propos recueillis par 

Nadège Christelle BOWA

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