Le Cameroun bloque sur l’adoption de la loi nationale anti-tabac
20 ans après l’entrée en vigueur de la Convention- Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (Cclat), le Cameroun accuse un grand retard dans la mise en œuvre de ses dispositions au niveau national. Toutefois selon la Coalition Camerounaise Contre le Tabac, ce retard peut être corrigé par l'adoption et la mise en œuvre des mesures nécessaires comme la relecture et l’adoption de la Loi nationale sur le contrôle du tabac entre autres.

Le 27 Février dernier, la Convention- Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT) entrée en vigueur le 27 Février 2005, a eu 20 ans. Déjà ratifié par plus de 170 Etats à travers le monde, la Convention a été élaborée pour riposter à la mondialisation de l’épidémie de tabagisme. Le traité fondé sur des bases factuelles réaffirme « le droit de tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible ». La Convention-cadre représente une étape majeure dans la promotion de la santé publique et fournit de nouvelles dimensions juridiques pour une coopération sanitaire internationale. Toutes les dispositions des directives devant être mises en œuvre au niveau national. Seulement, « 20 ans après l’entrée en vigueur la CCLAT, le Cameroun doit définir [encore] ses priorités en matière de lutte contre le tabac ; Inscrire les actions déjà menées dans la durabilité , Adopter la loi nationale sur le contrôle du tabac et Stopper l’ingérence de l’industrie du tabac dans l’adoption et la mise en œuvre des politiques de contre du tabac », observe Judith Chekumo, Secrétaire Exécutive de la Coalition Camerounaise Contre le Tabac, une organisation à but non lucratif et à vocation socio-humanitaire. Constituée d’un réseau d’organisations de la Société Civile camerounaise œuvrant pour un Cameroun sans maladies ni décès liés au tabac, la C3T est composée d’une trentaine d’associations, de membres individuels et de bénévoles.

Dans une déclaration publiée à l’occasion des 20 ans de la Cclat, la C3T interpelle les décideurs à marquer leur réelle volonté de protéger la santé de la population à travers les mesures sus-évoquées. « Celles-ci s’imposent comme une nécessité et l’un des moyens efficaces pour atteindre l’Objectif de Développement Durable 3.4 sur la santé et le bien-être. L’adoption et la mise en œuvre des dispositions de la CCLAT contribuent à la réduction de la prévalence et des décès liés aux Maladies Non Transmissibles dont le tabagisme constitue l’un des facteurs de risques majeurs », précise Judith Chekumo qui interpelle également les parlementaires, les médias, les acteurs de la société civile et les partenaires au développement à jouer efficacement leurs rôles respectifs afin d’accompagner le pays dans l’atteinte des objectifs fixés et des engagements pris à travers la ratification de la Cclat en 2006.
Stratégie de développement durable
La C3T note que les mesures jusqu’ici adoptées constituent une petite avancée, mais demeurent cependant très insuffisantes pour inscrire la politique nationale de contrôle de tabac dans une stratégie de développement durable. Selon cette organisation, le pays aurait pu avancer significativement dans la mise en œuvre de la Cclat si les principales mesures de prévention et de contrôle du tabagisme étaient adoptées et complètement mises en œuvre. Parmi celles qui sont adoptées, l’application n’est pas effective pour certaines et inadéquate pour d’autres car, systématiquement plombée par les manœuvres d’ingérence de l’Industrie du Tabac. Les dispositions de la CCLAT devraient déjà être traduites dans une loi nationale qui n’a toujours pas vu le jour 20 ans après la ratification de la Convention-cadre de l’OMS.

Nadège Christelle BOWA