218,7 millions d’hectares de forêts tropicales humides ont disparu
Amazonie-Bassin du Congo-Asie du Sud-Est
Les menaces liées à l’expansion des industries pétrolières, gazières, minières, etc. sont immédiates où ces concessions se superposent aux forêts naturelles. Alors que s’ouvre à Brazzaville, le Sommet des trois bassins, des voix s’élèvent pour alerter sur l’état des forêts dans ces zones d’un intérêt indéniable sur les objectifs stock carbone important pour au moins réduire la température dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
« Sans un arrêt rapide de la déforestation et de la dégradation des forêts naturelles, les trois bassins risquent une rupture systémique de l’écosystème et, à mesure que le climat se réchauffe, des boucles de rétroaction se déclenchent et des canopées entières disparaissent. L’Amazonie est déjà au milieu d’une crise de basculement, tandis que le bassin du Congo devrait atteindre un point où il ne pourra plus soutenir les écosystèmes et les services de la forêt tropicale », préviennent les auteurs du rapport sur la menace des trois bassins : Empêcher l’expansion pétrolière et gazière, minière et industrielle. Le document a été publié le mardi 24 octobre 2023 par Earth Insigth, une initiative de recherche et de renforcement des capacités qui est un projet parrainé par le Resources Legacy Fund, au cours d’un évènement en ligne organisé en prélude à la tenue du Sommet des trois bassins qui s’ouvre ce jeudi à Brazzaville en République du Congo.
Ce rapport jette un regard sévère sur les menaces imminentes liées à l’expansion de ces industries en examinant les endroits où les concessions pétrolières et gazières, minières et autres concessions industrielles se superposent aux forêts naturelles (souvent des forêts primaires et des zones clés pour la biodiversité). Il indique également les zones de chevauchement avec les territoires autochtones, les terres coutumières et les lieux habités. Par exemple, décrie Tyson Miller, Executive Director (Directeur exécutif) de Earth Insight, la cartographie et l’analyse montrent que : près de 400 millions d’hectares, soit 26 % des forêts tropicales intactes en moyenne, se trouvent aujourd’hui dans des concessions pétrolières, gazières…et d’exploitation minière dans les trois bassins ; près de 100 millions d’hectares de territoires indigènes se trouvent aujourd’hui dans des blocs pétroliers et gaziers et/ou des concessions minières actives ou concessions minières actives ou potentielles dans la seule Amazonie ; près de 54 millions d’hectares de forêts tropicales (en majorité des forêts tropicales non perturbées) font l’objet d’une exploitation forestière dans le bassin du Congo ; près de 50 000 lieux habités (villages, communautés, villes, etc.) se trouvent dans des concessions pétrolières, gazières et minières dans les 3 bassins.
106,5 millions d’hectares supplémentaires dans un état dégradé
Une analyse des données Landsat de 1990 à 2019 a révélé que 218,7 millions d’hectares de forêts tropicales humides ont disparu et que 106,5 millions d’hectares supplémentaires se trouvent dans un état dégradé. Elle estime qu’au moins 45,4 % de la dégradation récente conduira probablement à la déforestation dans moins de dix ans. En 2022, la perte de forêts tropicales primaires s’élevait à 4,1 millions d’hectares, soit l’équivalent de 11 terrains de football de forêt disparaissant chaque minute. Dans le bassin amazonien, quelque 26 % de la superficie présentent des signes de déforestation et de forte dégradation ; 20 % ont été convertis de manière irréversible et 6 % sont fortement dégradés. On prévoit également qu’au moins 27 % des forêts pluviales intactes du bassin du Congo présentes en 2020 seront confrontées à de graves menaces existentielles d’ici à 2050 si le rythme de la déforestation et de dégradation des forêts.
L’Asie du Sud-Est a perdu une superficie forestière supérieure à celle de l’Allemagne : 376 000 km2, soit près d’un sixième de ses forêts, avec des menaces croissantes liées aux combustibles fossiles, à l’exploitation minière, à l’agro-industrie, à la sylviculture et à d’autres formes d’expansion industrielle. Raison pour laquelle, Earth Insigth et ses organisations partenaires soulignent dans ce rapport alarmant, la nécessité absolue d’un moratoire sur l’expansion des activités industrielles dans les forêts primaires et prioritaires de ces régions et du monde entier, afin de créer un espace pour des solutions financières telles que l’allègement de la dette, la réorientation des subventions, le paiement des services écosystémiques et d’autres innovations du système financier à mettre en place pour préserver ces trésors mondiaux et répondre aux besoins en matière de développement. « En l’absence d’un arrêt des activités extractives et d’une protection et d’une application adéquate, les forêts restantes et les communautés autochtones et locales qui en dépendent continueront d’être gravement touchées », préviennent-ils.
Nadège Christelle BOWA
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