88% des OSC actives travaillent sans réelles connaissances des stratégies de lutte contre le paludisme
C’est ce que révèlent les résultats de la cartographie des organisations de la société civile (OSC) actives dans le domaine de la lutte contre le paludisme, publiés le 19 juillet 2024 au cours d’une session de dissémination destinée aux membres de la société civile, partenaires institutionnels, représentants des bailleurs qui peuvent les utiliser pour faire avancer la lutte contre le paludisme.
Cameroun
Réalisée par Impact Santé Afrique (ISA) en étroite collaboration avec le Programme National de lutte contre le paludisme (Pnlp), la cartographie des organisations de la société civile de lutte contre le paludisme au Cameroun a pour objectif de combler le manque d’informations concernant les organisations qui travaillent sur le paludisme au Cameroun, leurs expériences, leurs cibles, leurs partenaires et leurs appartenances à divers réseaux. Financée par L’Initiative à travers Expertise France dans le cadre du projet « Equité Accès Palu », cette étude a été réalisée du 07 janvier au 17 février 2024. Selon les résultats présentés par Magloire Kuetche, Consultant, au cours d’un atelier le vendredi 19 juillet à Yaoundé, sur un échantillon de plus de 1000 OSc, dont 995 ont accepté de participer à cette étude, 95% sont reconnues sur le plan légal donc disposent d’un récépissé de déclaration d’organisation reconnu par l’autorité administrative ; 78% sont des associations ; 41% sont dirigées par des femmes.
S’agissant de leur engagement dans la lutte contre le paludisme, 60% de ces OSc déclarent connaître les principales stratégies de lutte contre le paludisme ; et 47% ont mis en place des procédures pour lutter contre la discrimination fondée sur le genre. Environ 66% de ces Osc enquêtées ont pour cibles de leurs activités, la population générale. Tandis que 59% ciblent les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes (58%), les déplacés internes (27%) ; les personnes vivant avec un handicap (25%) ; les orphelins (21%). En termes de ressources humaines, 53 424 individus, dont 28% sont des volontaires, travaillent au sein des Osc. 55% de cet effectif global sont des femmes contre 45% des hommes. Pour 92% de ces Osc, la première source de financement est la contribution des membres. Toutefois, sur les trois dernières années, 12% d’entre elles ont bénéficié de financements principalement dans le domaine de la communication pour le changement social et de comportements qui représente l’activité la plus menée (85%) par ces organisations dont 51% sont membres d’un réseau national d’Osc comme le CS4ME, CHOI et Resipat.
Défis et besoins
Toujours sur ces trois dernières années, les Osc ont bénéficié de 2,8 milliards de Fcfa pour leurs projets. Et les fonds provenaient principalement du Fonds mondial de lutte contre le Vih, la tuberculose et le paludisme (57%) ; de leurs fonds propres (15%) ; PMI (3%) ; OMS (3%) et UNICEF (3%). Les ruptures de stocks en intrants anti-paludiques, la sensibilisation de la population sur les risques liés au paludisme, la mauvaise utilisation des Milda et l’accès limité aux services de santé constituent les principaux défis auxquels font face ces Osc. L’enquête enregistre comme principaux besoins : un déficit de ressources financières pour mener les activités de lutte contre le paludisme chez 92% d’entre elles ; un besoin en formation sur les stratégies de lutte contre le paludisme (88%) et ressources opérationnelles pour le fonctionnement (82%).
D’après Dr Jean Fosso, Secrétaire permanent adjoint au Pnlp, cette étude a le mérite de révéler le nombre d’associations intervenant dans la lutte contre le paludisme qui n’en connaissaient qu’une centaine sur les 995 répertoriées dont seulement 54% ont une lettre de collaboration signée du ministère de la Santé publique. « Nous avons retenu que ces associations ont besoin d’être encadrées. Elles ont exprimées des attentes de formation, de supervision pour pouvoir mieux contribuer à la lutte contre le paludisme ». Pour lui, cette étude apporte de données de base qui peuvent éclairer la planification des activités. Ces résultats sont autant importants pour la planification que pour la mobilisation des ressources.
Dans la réponse contre le paludisme, le Cameroun dispose d’un Plan national stratégique de lutte qui couvre la période 2024-2028. Généralement lors de l’élaboration de ce document, maitrisant la cartographie des OSC, on pourra mieux planifier les activités pour les accompagner. C’est le document qui résume les besoins du pays en matière de lutte contre le paludisme sur lequel les partenaires s’appuient pour voir les domaines d’intérêt qu’on devrait appuyer
L’étude n’a cependant pas ressorti les évidences que chaque organisation identifiée disposait de tous les documents administratifs requis ; ni mis en exergue la qualité desdites organisations et de leur contribution, des évidences qui soutiennent leur apport indiscutable dans la lutte contre le paludisme. Selon le consultant, ces aspects n’étaient pas pris en compte par la présence enquête mais constituent un champ d’investigation pour d’autres recherches.
« Quand on collecte des informations aussi importante que la cartographie, quand on a des résultats de recherche, l’étape suivante et la plus importante est de les diffuser pour appeler à les utiliser », affirme Laure Moukam, Manager et responsable du suivi, évaluation et apprentissage à ISA. « Après la présentation des résultats, il s’agit de voir comment utiliser les résultats de façon pertinente pour faire avancer l’agenda de la lutte contre le paludisme » a-t-elle relevé.
Nadège Christelle BOWA