Accès à une justice adaptée: Les députés juniors plaident en faveur des détenus mineurs

A la Prison centrale de Garoua, une équipe de parlementaires juniors ont récemment rencontré les autorités pénitentiaires au fin de les sensibiliser au respect des droits des enfants en conflit avec la loi.

« Tout enfant en conflit avec la loi doit être assisté. Les enfants doivent avoir accès à une assistance juridique gratuite durant les procédures criminelles et civiles, et les frais administratifs doivent être éliminés ». Tel est en substance le message porté par l’Hon. Amirah Bah et ses pairs, députés juniors représentants des enfants au Parlement en campagne de sensibilisation sur le respect des droits de l’Enfant d’une part et d’autre part la lutte contre la contamination au Covid-19. A Garoua, région du Nord Cameroun notamment, la campagne qui se tient dans le prolongement des activités relatives à la journée de l’Enfant Africain (JEA) sous le thème : « Accès à une justice adaptée aux enfants en Afrique », les a conduits tour à tour dans les communautés, organisations de la société civile à l’instar Saare Jabamma qui accueille des enfants de la rue pour réinsertion sociale ; dans des radios communautaires pour une sensibilisation de masse mais aussi à la Prison centrale de Garoua où, ils ont rencontré le régisseur pour un plaidoyer en faveur des détenus mineurs.

En effet soutiennent-ils, « les gouvernements, les ONG et les agences internationales doivent collectivement donner la priorité et soutenir l’éducation juridique dans les communautés, les écoles, les cliniques médicales, les postes de police et dans les tribunaux en tant que moyen pour rendre accessibles les services juridiques aux enfants ». Et de développer : les compétences clefs nécessaires pour offrir une assistance juridique adaptée aux enfants sont : l’entrevu avec un client mineur ; les conseils et la négociation ; le plaidoyer efficace. Etant entendu qu’un plaidoyer juridique efficace peut faire ressortir les lacunes structurelles et pratiques du système juridique et éduquer les décideurs et le public sur la nécessité d’une réforme. Tandis qu’une assistance juridique pour les enfants pourrait servir de catalyseur à la recherche et à l’attribution des bourses, menant à termes à de nouvelles lois, politiques et pratiques faisant la promotion des droits humains procéduraux substantiels des enfants.

Traitement spécial compatible

Ce déploiement des députés juniors qui bénéficie de l’accompagnement de la Délégation des Affaires sociales (Dras) du Nord et l’Unicef, s’appuie sur des instruments juridiques de protection de l’Enfant au plan national (Loi N°96-06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 ; au plan international à l’instar de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’Enfant (CDE) ; la Charte Africaine sur les droits et bien-être de l’Enfant, lequel en son article 17 al 1 dispose que : « Tout enfant accusé ou déclaré coupable d’avoir enfreint la loi pénale a droit à un traitement spécial compatible avec le sens qu’à l’enfant de sa dignité et de sa valeur et propre à renforcer le respect de l’enfant pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales des autres ».

Après les avoir écouté, Honoré Debalzac Mengue, régisseur de la Prison centrale de Garoua rassure : « Les détenus juniors bénéficient d’un encadrement de proximité. La plupart d’entre eux suivent des cours pour rattraper leurs études scolaires qui a été perdues à l’extérieur. Cela participe du respecte de leur droit fondamental à l’instruction. Lorsqu’ils sont malades, ils sont immédiatement référés à l’infirmerie. Ils ont droit à la visite de leurs parents. Leur épanouissement psychologique est suivi dans la mesure où ils ne sont pas mélangés avec les adultes pour les prémunir de la contagion de la criminalité ». Ce centre de détention compte 02 appelants, 05 condamnés et 61 prévenus soit 68 détenus mineurs dont une quinzaine vont présenter le CEP cette année. En ce qui concerne la riposte contre la Covid-19, « Nous avons reçu des instructions de notre hiérarchie nous demandant de renforcer la prévention contre la Covid-19 conformément au plan d’action gouvernementale. Cela est respectée à la lettre », souligne le régisseur qui a reçu des mains des députés juniors un don constitué de cartons de savon, gels hydroalcooliques, des seaux avec robinets.

Nadège Christelle BOWA

A Garoua