Action humanitaire: Le niveau de financement a atteint un seuil critique
A ce jour, les organisations humanitaires n’ont reçu que 27% des fonds nécessaires pour venir en aide aux populations affectées par des crises et des conflits dans le monde. Le Cameroun se trouve parmi les Etats, les plus sous-financés.
L’alerte est donnée par le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (Nrc) qui appelle les pays donateurs à accroître leur soutien financier à l’aide humanitaire. Mais davantage à débourser les fonds promis. «Le manque actuel de financement est alarmant. Malgré des besoins croissants, les fonds alloués à l’action humanitaire sont très inférieurs par rapport à la même période de l’année dernière. Nous sommes profondément préoccupés par les personnes qui subissent déjà les lourdes conséquences de ce manque de ressources », regrette Jan Egeland, Secrétaire Général du Nrc. En effet, l’on apprend qu’au cours de la première moitié de l’année 2019, les organisations humanitaires n’ont reçu que 27% des fonds nécessaires pour venir en aide aux populations affectées par des crises et conflits dans le monde.
Selon le plan de réponses humanitaires publié par l’Onu à partir des évaluations des besoins dans les pays touchés par des crises, en 2019, 26 milliards de dollars sont nécessaires pour venir en aide à environ 94 millions de personnes dans le besoin. Dont 299 millions de dollars Usd (près de 150 milliards de Fcfa) pour 2,3 millions de personnes au Cameroun. D’après la plateforme de suivi financier de l’Onu, les pays donateurs n’ont fourni qu’environ 7 milliards de dollars. Soit 2 milliards de dollars en moins qu’à la même période l’année dernière lorsque 35% des plans de réponses humanitaires étaient financés. Alors même que les besoins sont sans cesse croissants.
Conséquences désastreuses
Beaucoup de personnes affectées par les conflits, la sécheresse et la famine ne reçoivent aucune aide. Les mères se privent de nourriture afin de pouvoir nourrir leurs enfants souffrant de malnutrition. L’absence de latrines adéquates entraîne la propagation de maladies transmises par l’eau telles que le choléra. Tandis que les maladies qui pourraient être traitées font des victimes à cause du manque d’assistance médicale. « Nous avons besoin de davantage de moyens de subsistance afin de combler les besoins de nos familles », supplie Adjana Mohamed, ancien commerçant, refugié refuge dans l’Extrême-nord du Cameroun à cause des exactions de Boko Haram. « Que l’on ne s’y trompe pas ! Les sommes requises pour l’action humanitaire ne sont pas si élevées. C’est une question de priorités », souligne Egeland.
D’après lui, « les dépenses militaires mondiales ont atteint le montant astronomique de 1.8 milliards de dollars. Le coût pour combler le déficit du financement humanitaire afin de fournir une assistance aux personnes dans le besoin équivaut à environ 1% de ce montant ». Si les fonds pour répondre aux besoins des réfugiés syriens sont en train de s’épuiser, au Cameroun, relève le NRC, la crise humanitaire est l’une des plus sous-financées avec moins de 20% des fonds nécessaires couverts à ce jour. L’aide humanitaire est également très insuffisante pour les populations de la RD Congo, un pays frappé par une série de conflits, des déplacements massifs et le virus Ebola. La crise actuelle de financement est le résultat de la multiplication et la longévité de crises humanitaires, aggravée par la montée de politiques nationalistes dans certains pays développés. « Le versement des fonds en début d’année permettra également une réponse humanitaire mieux planifiée et plus efficace ».