OPINIONS

[Afrique] Renforcer la compétitivité des pays africains: l’intérêt de la coopération avec l’Union Européenne

La coopération entre l'Afrique et l'UE est essentielle pour promouvoir le développement économique et social, et améliorer le climat des affaires dans les pays africains. Cependant, il est important d'identifier les limites et les bénéfices de cette coopération afin qu'elle soit mieux capitalisée par les deux parties prenantes. L'analyse de Baltazar ATANGANA Gender expert/ Policy analyst

Dans un contexte mondial brutaliste et marqué par les polycrises, notamment les « tensions économiques », les inégalités de genre, les crises (climatique, humanitaire, hydrique, sécuritaire, politique etc), l’Afrique fait face à des défis sans précédent, qui nous invitent à nous interroger, plus que par le passé, sur l’état de la coopération du continent africain et ses institutions avec l’Union Européenne et ses institutions. Cette démarche s’avère décisoire car elle pourrait inciter et favoriser une réévaluation des nouvelles stratégies et outils d’appuis des institutions de l’UE, développés les dix dernières années, afin de se rassurer qu’ils sont adaptés aux réalités et aux contextes des partenaires africains ; ladite démarche appelle de ce fait certaines pistes de réflexions qui sous-tendent et fondent les questionnements qui pourraient contribuer à l’élaboration de politiques et programmes flexibles permettant aux pays africains de tirer davantage profit de cette coopération : la coopération avec l’Union Européenne pourrait-elle être la clé pour renforcer la compétitivité des états africains et booster leur capacité d’intégration dans le système économique mondiale en promouvant une justice sociale durable ? Quelle serait la place des jeunes femmes africaines, particulièrement touchées par le chômage, la pauvreté et l’accès limité aux postes de décision économique, dans cette nouvelle dynamique de coopération ?

Les défis de la compétitivité en Afrique

Les défis de la compétitivité en Afrique sont bien réels. La faiblesse des institutions chargées de la compétitivité, la corruption, la mauvaise gouvernance, les conflits armés et les inégalités sociales, entre autres, sont autant d’obstacles qui entravent la croissance économique, l’égalité des genres, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté. Il est donc clair que pour relever ces défis, les pays africains doivent renforcer leurs capacités institutionnelles, améliorer leur gouvernance, promouvoir la croissance économique et améliorer le climat des affaires.

Selon une étude de la Banque africaine de développement, menée en 2020, le taux de chômage des jeunes en Afrique est de 30% en moyenne, avec des taux allant jusqu’à 50% dans certains pays [1]. Les femmes, qui ont très peu accès à des postes de décision économique, sont également particulièrement touchées par le chômage et la pauvreté, avec un taux de participation au marché du travail de seulement 40% en moyenne [2].

La coopération avec l’UE : une opportunité pour l’Afrique ?

La coopération avec l’Union Européenne peut être un élément clé de cette stratégie. A la lumière des multiples projets et programmes développés à destination des pays africains, notamment le récent programme sur le renforcement des capacités des autorités africaines chargées de la concurrence et de la compétitivité (soit une enveloppe d’environ 20 millions euros), l’UE se pose comme un partenaire important pour les pays africains, avec une présence économique significative et une expérience dans la coopération au développement.

En effet, les bénéfices de cette coopération sont réciproques dans la mesure où les pays africains peuvent bénéficier de l’expertise et des ressources de l’UE pour renforcer les capacités des institutions chargées de la compétitivité tout en promouvant leur développement économique. L’UE, quant à elle, pourrait en retour bénéficier de la croissance économique et de la stabilité politique de ses partenaires africains pour renforcer ses intérêts économiques et promouvoir ses valeurs et ses principes importants pour son déploiement à l’échelle mondiale.

En particulier, les jeunes femmes africaines pourraient être les principales bénéficiaires de cette coopération en bénéficiant d’un renforcement de leurs capacités dans le sens de la maitrise des réglementations en vigueur afin d’améliorer ainsi leur accès aux marchés à tous les niveaux (national, régional et mondial).

La coopération entre l’Afrique et l’UE est essentielle pour promouvoir le développement économique et social, et améliorer le climat des affaires dans les pays africains. Cependant, il est important de reconnaître les limites de cette coopération. En effet, les pays africains doivent être conscients des risques de dépendance économique et politique vis-à-vis de l’UE. De plus, les programmes de coopération doivent être conçus pour prendre en compte les besoins spécifiques et contextuels des pays africains et pour promouvoir leur autonomie et leur développement durable.

Tout compte fait, la voie à suivre consiste donc à tirer profit des opportunités offertes par l’UE à travers ses programmes portant sur la compétitivité pour  transformer les vulnérabilités des institutions africaines chargées de la compétitivité en opportunités favorisant des investissements stratégiques et une collaboration régionale entre les Etats africains. En effet, les pays africains qui se posent de plus en plus en véritables pôles attractifs pour les affaires au niveau mondial- l’économie africaine a enregistré une croissance moyenne de 6% par an (AFD : 2022)-, gagneraient à capitaliser les appuis de l’Union Européenne dans le sens  du renforcement de leur compétitivité. A coup sûr, cela contribuera à améliorer la capacité d’intégration économique des pays africains dans le système économique mondial tout en renforçant non seulement leur résilience économique et en réduisant leur dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, mais aussi en stimulant une croissance économique plus inclusive à l’échelle continentale.

Baltazar ATANGANA

Gender expert/ Policy analyst

noahatango@yahoo.ca

Référence :

[1] Banque africaine de développement, « Rapport sur la compétitivité en Afrique », 2020.

[2] Organisation des Nations Unies, « Rapport sur le développement humain en Afrique », 2020.

[3] Commission européenne, « Stratégie de l’UE pour l’Afrique », 2017.

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