Autonomisation de la femme et dividende démographique : D’heureuses perspectives entre UNFPA, OOAS et LANACOME
C’est l’une des retombées de la mission conjointe de plaidoyer du directeur général de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) et de la directrice régionale du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Cameroun les 18 et 19 février dernier. La visite intégrait des échanges avec les autorités du pays sur le rôle élargi de la CEDEAO-OOAS avec un accent sur le genre dans la phase 2 du projet SWEDD.
Dans le but de promouvoir la coopération et la collaboration interrégionale et interinstitutionnelle, professeur Stanley Okolo, directeur général de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) et Argentina Matavel Piccin, directrice régionale du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), ont effectué du 10 au 19 février 2022, une mission de prise de contact et de plaidoyer dans les pays du Swedd non membres de la CEDEAO que sont la Mauritanie, le Tchad et le Cameroun. A Yaoundé précisément, la délégation a rencontré certaines autorités du pays au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), ministère de tutelle du projet d’autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Swedd) ; ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff. Il a été question du rôle élargi de la CEDEAO-OOAS avec un accent sur le genre dans la phase 2 du projet suscité. Egalement, leurs pas les ont conduits au Laboratoire national de contrôle de qualité des médicaments et d’expertise où ils ont été reçu par Dr Rose Ngono Mballa, directrice générale du Lanacome et ses collaborateurs.
« …Cette visite est importante parce que la santé inclut plusieurs aspects dont la question du contrôle de la qualité des médicaments qui est critique. Par exemple, si on emmène des produits contraceptifs ou tout autre produit dont la femme a besoin dans la salle de maternité, il faut que ces produits soient de bonne qualité pour soigner la femme. On veut s’assurer que le laboratoire a tout ce qu’il faut », explique Argentina Matavel Piccin. En effet renchérit professeur Stanley Okolo, « Entre 60 et 70% des médicaments que nous avons dans notre territoire sont importés. Nous ne les fabriquons pas ici. Des expériences et investigations que nous avons faites, montrent qu’entre deux et trois sur dix sont faux, environ 30% ne contiennent pas ce qu’ils prétendent. Ils ne sont pas de qualité ». Pour les membres de cette délégation conjointe, le Lanacome est un laboratoire « très avancé qui pourra être même un centre d’excellence pour toute l’Afrique centrale. Donc avec très peu d’appui, ils pourront avancer. Ils auront besoin peut-être d’une certaine loi pour leur donner complète indépendance, autorité et autonomie de la part du gouvernement », a déclaré Argentina Matavel.
Renforcer les cadres juridiques
D’après la directrice régionale de l’UNFPA, « Après la visite, dans notre plaidoyer auprès du gouvernement et de ses institutions et agences, nous allons aussi plaider pour la totale autonomie et autorité du laboratoire, et une connexion très proche du ministère de la Santé. On ne sait pas ce que les populations sont en train de consommer. S’agissant des médicaments même qui sont dans les hôpitaux, c’est ce laboratoire qui nous confirme qu’on utilise les bons médicaments ». Dans le monde, l’Afrique subsaharienne compte environ deux tiers des décès maternels en 2017. Elle enregistre la plus forte proportion de femmes ayant un besoin de contraception non satisfait, avec près de 25% des femmes en âge de procréer. Par ailleurs, les mutilations génitales sont encore pratiquées dans certaines communautés dans 29 pays dont 17 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. De ce fait, cette mission revêt une importance stratégique. « En rassemblant les ressources et en tirant partie de leurs avantages comparatifs, nous visons à renforcer notre partenariat et notre plaidoyer pour améliorer l’utilisation des cadres juridiques régionaux dans le but de renforcer l’autonomisation des filles, des adolescentes et des femmes », affirme Pr Stanley Okolo.
La phase 2 du projet Swedd se concentre sur le renforcement des cadres juridiques existants par le développement d’une directive régionale et d’un guide en santé et droits en matière de sexualité et de reproduction. Selon Argentina Matavel, ceci va contribuer « de manière significative » à l’atteinte des trois résultats transformateurs de l’Unfpa que sont : mettre fin aux décès maternels évitables ; aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale ; aux violences basées sur le genre et aux pratiques néfastes d’ici 2030. D’après Guy Ronel Guemaleu, sous-directeur de la Coopération multilatérale et vice-président du groupe de travail Sweed, le Cameroun a adhéré à ce projet en 2019. Analysant les besoins du pays en matière d’autonomisation des filles et des femmes, il indique que « 1,6 million de filles de 10 à 19 ans sont vulnérables aux mariages d’enfants, grossesses avant l’âge adulte et/ou à la déscolarisation précoce. Soit 66% de toutes les filles camerounaises de cette tranche d’âge ». Les régions de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua sont celles où on retrouve la prévalence des mariages d’enfants et les taux de grossesses précoces les plus élevées. Ce qui justifie leur choix pour l’implémentation du projet.
Nadège Christelle BOWA