Banque mondiale : IDA-21 vise un objectif de 120 milliards de dollars
La réunion de reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA), une institution de la Banque mondiale qui investit dans l’avenir des populations et de la planète, en finançant des projets dans 78 pays, se déroule actuellement à Séoul, en Corée du Sud, les 5 et 6 décembre 2024. IDA 21 s'attaquera à des défis mondiaux cruciaux tels que la pauvreté, le changement climatique et la résilience économique, en mettant fortement l'accent sur l'Afrique, où plus de 70 % des engagements mondiaux de l'IDA sont dirigés.
En Corée du Sud, précisément dans la ville de Séoul, se sont ouverts ce jour les travaux de la 21e conférence des donateurs pour la reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) sur un appel urgent à la coopération mondiale pour faire face aux crises interdépendantes de la pauvreté, du changement climatique et de l’inégalité économique. Ce cycle de reconstitution des ressources comprend une enveloppe financière sans précédent destinée à renforcer la capacité des pays les plus pauvres du monde à se remettre des crises et à construire une résilience à long terme. Au cœur de cette reconstitution, un solide ensemble de politiques abordant des questions clés telles que les populations, la planète, les infrastructures, la numérisation, l’emploi, l’autonomisation des femmes et la fragilité. Dans le cadre d’une mesure importante visant à rationaliser les processus, l’IDA a réduit ses engagements politiques de 1 017 dans IDA20 à un nombre beaucoup plus gérable dans IDA21, réduisant ainsi les formalités administratives et garantissant une plus grande efficacité dans la fourniture de l’aide.
Cette simplification vise à résoudre les problèmes de capacité des pays bénéficiaires, en veillant à ce que les ressources de l’IDA soient affectées là où elles sont le plus nécessaires, sans accabler les pays d’obligations inutiles. « Nous avons rationalisé les engagements de l’IDA, en réduisant les politiques de moitié afin de garantir la flexibilité et de réduire les charges inutiles qui pèsent sur les pays bénéficiaires. Le cadre financier que nous avons proposé reflète l’urgence et l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés, et nous attendons avec impatience des engagements ambitieux de la part de nos partenaires donateurs », a indiqué Dirk Reinermann, directeur de la mobilisation de l’IDA à la Banque mondiale, soulignant de ce fait, l’importance du processus et des résultats attendus. L’expert affirme son optimisme quant à l’obtention d’un paquet solide. « Certains donateurs ont déjà indiqué des augmentations significatives, tandis que d’autres, limités par les politiques fiscales, pourraient ne pas augmenter leurs contributions. Toutefois, les contributions en monnaie locale, en euros, en yens et en renminbis, sont substantielles. La force du dollar pourrait masquer ces contributions lorsqu’elles sont converties », a-t-il précisé.
L’Afrique appelle à des engagements historiques
Outre la refonte des politiques, les conditions financières de l’IDA ont été considérablement améliorées afin d’en maximiser l’impact. Bien que le montant final de la reconstitution dépende des promesses des donateurs, la qualité et la solidité du cadre proposé sont indéniables. L’objectif pour ce cycle de reconstitution est de 120 milliards de dollars, ce qui constitue une étape audacieuse pour répondre aux besoins mondiaux urgents. Ce nouveau cadre financier intervient à un moment où les dirigeants africains, qui se sont réunis au début de l’année à Nairobi, ont lancé un appel collectif aux donateurs pour qu’ils répondent à l’ampleur croissante des besoins par des engagements financiers audacieux. Cet appel rappelle le rôle urgent que joue le financement du développement pour permettre aux plus vulnérables de la planète de résister aux crises et de construire un avenir plus durable.
Depuis sa création en 1960, l’IDA a engagé 533 milliards de dollars pour stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie, plus de 70 % de ses engagements globaux étant destinés à l’Afrique. Ces investissements ont soutenu des secteurs critiques tels que les infrastructures, l’éducation, les soins de santé, la numérisation et la résilience climatique. Fondateur et directeur général d’Africatalyst, Daouda Sembene souligne le rôle central de l’IDA en tant que partenaire du développement : « L’IDA ne doit pas être considérée uniquement comme un fournisseur de ressources concessionnelles, mais comme un partenaire travaillant aux côtés des pays emprunteurs pour relever les défis mondiaux. Ces défis ne concernent pas seulement l’Afrique, mais le monde entier. Dans le même temps, il est essentiel de veiller à ce que l’Afrique dispose de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour répondre à ses priorités nationales » ; a-t-il relevé.
Engagement de la société civile
En plus de l’augmentation de ses contributions financières, l’IDA élargit sa base de financement en faisant appel à des bailleurs de fonds non traditionnels, notamment des acteurs du secteur privé, des philanthropes et des économies émergentes. Cette expansion vise à créer un modèle de financement plus résilient et plus durable, mieux équipé pour répondre à l’ampleur et à l’urgence des défis mondiaux en matière de développement. L’accent est mis sur la mobilisation des ressources du secteur privé et des ressources nationales dans les pays bénéficiaires. « Lorsque vous investissez dans les capacités de production des pays en développement, vous vous attaquez simultanément à de multiples défis. Des investissements, même modestes, peuvent avoir un effet de levier jusqu’à quatre fois supérieur à leur valeur. Le modèle offre un financement à long terme et abordable, contrairement à d’autres sources de financement qui impliquent souvent des coûts élevés ou des négociations prolongées. Cette approche permet non seulement de relever les défis immédiats, mais aussi de renforcer la résilience à long terme », a affirmé Trevor Lwere, analyste économique et politique chez Development Reimagined, expliquant l’impact profond de la lutte contre la pauvreté.
« Les pays qui connaissent un déclin doivent prendre des mesures proactives pour l’inverser. Tandis que ceux qui maintiennent les niveaux de reconstitution précédents devraient suivre l’exemple de l’Espagne, qui s’est engagée à doubler ses contributions, créant ainsi un précédent fort pour les autres pays qui augmenteront leurs promesses rapidement et de manière significative », recommande-t-il. La reconstitution de l’IDA 21 met également l’accent sur l’engagement de la société civile. Rien que cette année, huit forums régionaux, dont un à Nairobi, ont permis de recueillir des informations précieuses qui ont façonné l’ensemble des politiques. En outre, une nouvelle fiche d’évaluation du Groupe de la Banque mondiale permettra de suivre et d’assurer la qualité et la cohérence de ces engagements, garantissant ainsi que la société civile joue un rôle central dans l’élaboration de l’agenda du développement à l’avenir. Avec la poursuite de ce processus historique de reconstitution des ressources, l’IDA est prête à jouer un rôle encore plus crucial dans la lutte contre la pauvreté mondiale, la promotion du développement durable et le renforcement de la résilience dans les régions les plus pauvres du monde.
Nadège Christelle BOWA