SANTE

Cancer du col de l’utérus : Le projet C3UC3 affiche des résultats satisfaisants à mi-parcours

Après 18 mois d'effectivité, le projet Combattre le Cancer du cancer du col de l’utérus en clinique et en communauté au Cameroun (C3UC3) lancé en février 2023, a été évalué, au cours de la réunion spéciale de restitution du comité de pilotage dudit projet à la salle des conférences de l’ANRS le 09 avril 2025 à Yaoundé.

D’ici 2030, le cancer du col de l’utérus doit être éliminé au sein de la population mondiale. « C’est un objectif noble, parce que ce sera pour la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un cancer soit éliminé de manière définitive », exulte par avance, Pr Blaise Nkegoum, Secrétaire Permanent du Comité de lutte contre le cancer (Cnlca). Dans sa stratégie mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini 3 étapes clés pour accélérer cette élimination. Ce sont : la vaccination, le dépistage et le traitement. S’agissant du dépistage et du traitement des lésions précancéreuses du cancer du col de l’utérus l’OMS propose deux approches. La première repose sur le dépistage primaire de l’ADN du HPV suivi du traitement si le résultat est positif. Tandis que la seconde sur le dépistage de l’ADN du HPV et lorsque celui-ci est positif, un second test : génotype partiel, colposcopie, VIA ou cytologie confirme le diagnostic avant traitement.

Espoirs

Pr Blaise Nkegoum, Secrétaire permanent du Cnlca : Ce projet, qui est du côté de la cité verte, avec un groupe pilote qui vise à éliminer ce cancer chez 2000 patients, est aussi présent dans d’autres parties du Cameroun, notamment à l’ouest, et par d’autres partenaires. Il sera question, quand on aura les chiffres définitifs, de passer à l’élimination sur le plan national. Il faut dire que le ministre de la Santé publique suit de près ce combat.

Avec 2 349 nouveaux cas en 2021, le cancer du col de l’utérus (CCU) est le deuxième cancer le plus fréquent chez les femmes au Cameroun. « Et 80% des patients qui arrivent tardivement vont perdre leur vie », regrette Pr Blaise Nkegoum. Le Cameroun qui a souscrit à cet objectif planétaire de l’OMS, ne dispose pas cependant d’un programme de dépistage national du cancer du col de l’utérus. En outre, les stratégies adoptées dans le plan stratégique 2020-2024 ne sont toujours pas mises en œuvre et les actions entreprises se résument souvent à des campagnes de dépistage sporadiques organisées en stratégie avancée, par le CNLCa, certaines organisations de la société civile et quelques formations sanitaires (FOSA). C’est dans ce contexte que le projet Combattre le Cancer du Col de l’Utérus est implémenté au Cameroun depuis bientôt 18 mois. Il s’inscrit dans la deuxième approche promue par l’OMS. Conjointement mis en œuvre par le Centre International de Recherche d’Enseignements et de Soins (CIRES) et L’Association de Lutte Contre Les Violences faites aux Femmes (ALVF) Antenne du Centre avec l’appui technique et financier de l’Initiative d’Expertise France, ce projet vise à évaluer la faisabilité et l’acceptabilité d’un programme de dépistage du cancer du col de l’utérus intégré dans une offre de santé reproductive chez les femmes vivant avec le VIH et la population générale dans le district de la Cité Verte. Soit 2000 femmes.

Des améliorations en perspective

Mireille Carole Fock : Ce qui intervient généralement ici, c’est la psychologie du malade. La malade, bien qu’elle reçoive son résultat qui est positif, a peur d’accepter le résultat. Parce qu’elle se dit que si elle accepte le résultat, alors le cancer se fera, se verra.

« La faisabilité, c’est de voir s’il est possible en travaillant avec les agents de santé communautaires, les agents psychosociaux des services VIH, d’améliorer la prise en charge du cancer du col de l’utérus », explique Mireille Carole Fock, coordonnatrice du projet C3UC3. Et d’ajouter : « parce que c’est un test qui se fait par étapes, à chaque étape, on perd les femmes, des perdues de vue. Comme les agents communautaires connaissent généralement où sont les femmes, ils sont proches de la communauté, il est possible pour eux d’aller auprès de ces femmes au cas où leurs résultats sont positifs pour les encourager à venir se faire suivre ». Malgré certaines difficultés enregistrées, les résultats de l’évaluation présentés par un consultant d’Iresco, montrent que le projet est mis en œuvre de manière réussie. Le taux d’adhésion est estimé à 97%. A titre d’exemple, le nombre de personnes ciblées pour être informer et sensibiliser sur leurs droits en santé sexuelle et reproductive (SSR), la prévention des infections sexuellement transmissibles, le cancer du col de l’utérus a été « largement dépassé ». Soit 10163 contre 4000 prévus. Il en est de même du nombre d’auto prélèvement récolté en communauté 1147 sur les 1000 attendus.

Combattre le cancer du col de l’utérus

En perspective « Nous allons au niveau du ministère de la Santé publique, nous rapprocher de la DPLM, [Direction de la Pharmacie, du Médicament et des laboratoires, Ndlr], pour les problèmes que nous avions eus dans l’importation des réactifs lors du projet. Du point de vue communautaire, nous allons nous rapprocher davantage des leaders religieux, et des chefs traditionnels pour collaborer avec eux dans la prise en charge des femmes avec le cancer qui refusent de se faire soigner » affirme Mireille Carole Fock, après les recommandations de la Consultante d’Iresco. Et de poursuivre : « En troisième lieu, nous allons améliorer notre collaboration avec les services de VIH pour travailler avec les agents psychosociaux qui sont véritablement une aide pour la prise en charge de ces femmes vivant avec le VIH qui ont des cancers et qui sont susceptibles de développer encore davantage d’autres infections ».

Nadège Christelle BOWA

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