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Céline Langendorf : « Réviser les guides de bonnes pratiques de prescription des antibiotiques »

Qu’est-ce qui peut être fait dans l’urgence pour palier ce déficit de formation relevée par l’étude ?

Il faut faire des formations à l’hôpital, il faut des formations sur sites à des personnes qui sont déjà opérationnel. Il faut renforcer la formation des étudiants médecins et infirmiers ; soit, augmenter le nombre d’heures de cours sur l’antibiorésistance et la prescription des antibiotiques pour les étudiants actuels. Mais aussi, il faut des formations pour des professionnels en poste. C’est d’ailleurs ce qu’ils demandent : des formations continues. En plus de ces formations, il faut un renforcement au niveau central sur l’édition et la révision des guides de bonnes pratiques de prescription. Ça manque d’avoir un guide de référence sur la prescription des antibiotiques.

A qui incombe cette responsabilité de former ?

Je ne peux pas me prononcer sur cette question. Cela dépend de l’organisation du système de santé du pays. Nous avons évalué l’Ouganda et le Niger qui sont deux pays qui fonctionnent complètement différemment. Un pays anglophone et un pays francophone dont les infrastructures fonctionnent différemment ; les ministères de la santé ne sont pas organisés de la même façon. Mais je crois qu’il faut une collaboration entre le ministère de la santé et de l’éducation puisqu’on parle de formation des étudiants.

De quoi veut parler l’étude quand elle relève l’absence de  la réglementation ?

Ce que nous avons recueilli est que les gens se plaignaient de la dérégulation du marché des antibiotiques. Cela veut dire que n’importe qui peut acheter n’importe quel antibiotique n’importe où : au marché noir, dans les pharmacies même sans prescription. Raison pour laquelle, ils demandent que le marché des antibiotiques soit réglementé de façon à ce que personne ne puisse se procurer un antibiotique sans une prescription.

En attendant cette réglementation, les prescripteurs ne peuvent-ils pas déjà s’autocensurer pour le bien des patients ?

Ils le font déjà ! S’ils sont bien formés, ils savent quoi prescrire pour quelle pathologie, quoi ne pas prescrire pour telle autre. Je ne pense pas que la solution soit là parce que si un médecin s’autocensure, et si une maman veut un antibiotique pour son enfant, elle ira au marché d’à côté. Il faut que les médecins soient formés pour ne pas prescrire des antibiotiques si le patient n’en a pas besoin. Mais il faut aussi sensibiliser la population, les mamans et les papas sur le fait que l’enfant n’a pas toujours besoin d’antibiotique, n’allez pas chercher par exemple l’amoxicilline au marché noir, dans le sirop qui reste de votre enfant qui a été malade la semaine dernière. En général, il faut une sensibilisation de la population, une formation des médecins et en parallèle, une réglementation du marché de l’antibiotique.

Cette étude nous fait penser au Cameroun où on retrouve également les antibiotiques au coin de la rue. Elle met en exergue également le déficit budgétaire. Aussi cela nous fait penser à la déclaration d’Abuja qui recommandait le relèvement du budget de la santé à 15% au moins du budget national. Au Cameroun, on est sensiblement au-dessus de 5%. Qu’en pensez-vous ?

Je ne sais pas pour le budget du pays. Par contre ce qu’on sait et qui est écrit mais qui n’est pas effectif, c’est la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans. Nous sommes sur une étude purement pédiatrique et on regarde les enfants de moins cinq ans. Normalement pour ces catégories en Ouganda et au Niger, ce sont des soins gratuits donc, une prise en charge gratuite, traitement gratuit… Normalement, on ne devrait pas avoir dans ces pays, un médecin obligé de faire une prescription d’un antibiotique que la maman irait acheter dans une pharmacie. Cela devrait être repenser. Je sais par exemple qu’au Niger, ils travaillent à renforcer la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans. Mais aujourd’hui, on voit en pédiatrie que le volet économique est une grosse contrainte pour que les enfants suivent leur traitement antibiotique de façon optimale. On sait bien que la façon de réduire les résistances aux antibiotiques, c’est de suivre un traitement de façon optimale. Si finalement on le suit 3 jours au lieu de 7 parce qu’on n’a pas les moyens de se payer les jours qui restent, ça crée des résistances.

Réalisée par

NCB

 

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