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COP 26 à Glasgow : La presse camerounaise se mobilise au niveau local

Comme les années précédentes, de nombreux journalistes Camerounais ne sont pas de la Conférence des parties sur les changements climatiques qui déroule du en Ecosse. Toutefois, la Friedrich Ebert Stiftung et le Saild espèrent une couverture médiatique différente.

Ce dimanche 31 octobre s’est ouvert en Ecosse, la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques. Elle est la 26e Conférence des parties (COP26), qui réunit les pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Organisée par le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie, il s’agit d’un événement majeur qui réunit depuis 30 ans, des dirigeants de tous les pays du monde afin de convenir de la manière d’intensifier l’action au niveau mondial pour résoudre la crise climatique. Au cours de cette réunion, les parties feront le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements qu’elles ont pris dans le cadre de l’objectif de l’accord de Paris consistant à maintenir le réchauffement de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre l’action menée pour le limiter à 1,5 °C. Les enjeux sont donc énormes ! Notamment pour les pays africains, petits contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre mais grosses victimes de ses conséquences.

Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement de la planète provoque des changements plus marqués, dans certains cas, irréversibles concernant les régimes de précipitations, les océans et les vents dans toutes les régions du monde. On observe des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses (vagues de chaleur, inondations et incendies de forêt). Il est extrêmement urgent de prendre des mesures contre le changement climatique. La COP26 offre aux dirigeants mondiaux une occasion unique d’agir ensemble et rapidement pour limiter les hausses de température et le changement climatique. Il est attendu de cette COP26, que des pays respectent les engagements qu’ils ont pris dans le cadre de l’accord de Paris en : s’engageant à atteindre des objectifs plus ambitieux pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ; débattant de mesures d’adaptation aux conséquences inévitables du changement climatique ; accroissant le financement de l’action climatique, en particulier pour les pays en développement. Lesquels attendent toujours la concrétisation de la promesse de mobiliser les fameux 100 milliards de dollars annuels à l’horizon 2020 pour les aider.

Contribution

Engagé dans la majorité des conventions et vulnérable aux changements climatiques qui selon Pr Joseph Armathé Amougou, Directeur Général de l’ONACC, impacte sur les différentes secteurs d’activités socio-économiques, le Cameroun est présent à cette 26e Conférence des parties sur le climat. Cependant, contrairement aux pays, sa délégation est pauvre en journalistes. Nombreux sont ceux qui vont suivre les négociations à partir du terroir. Pour en assurer malgré ce handicap, une couverture maximale, la Friedrich Ebert Stiftung et le Saild ont organisé à Mbalmayo, un atelier de deux jours (27 et 28 octobre 2021) pour les professionnels des médias. « Cet atelier est une contribution que le Saild voudrait apporter sur les débats concernant la mise en œuvre de l’Accord de Paris et la manière avec laquelle les parties au Cameroun se préparent pour participer aux différentes rencontres internationales sur les questions climatiques », affirme Ghislain Fomou, chargé des programmes au sein de cette organisation.

« C’est l’évènement annuel qui détermine la trajectoire de développement que devra prendre notre Etat. Donc, il était important pour nous de nous rassurer que les multiplicateurs des messages soient au courant de cet évènement et puissent à leur tour poser toutes les questions y relatives et vraiment pouvoir relayer le message pour que toute la communauté nationale s’intéresse sur ce sujet qui concerne notre développement », appuie Stéphanie Njiomo, en charge des programmes à la FES. Il s’est agi d’informer les médias sur tous les mécanismes de négociation internationale (acteurs, sujets ; délégations qu’elles relèvent du gouvernement, de la société civile ou du privé qui prendront part à cette rencontre). De nombreuses décisions prises dans ces instances ont une implication sur le tissu social, économique voire politique du pays. Raison pour laquelle, les populations doivent pourvoir prendre part au débat. « Surtout demande des comptes, contribue dans la construction de notre position pour qu’à la fin, ce soit des rencontres qui soient bénéfiques pour nos Etats », justifie Gislain Fomou. Ont été mis à contribution, les prof Joseph Armathé Amougou, Christophe Bring, directeur de la Conservation et Dr Rodrigue Aimé Feumba, Expert en Changements Climatiques, Coordonnateur de l’Observatoire indépendant sur les changements climatiques (OICC).

Nadège Christelle BOWA

Focal

Qu’attendre de l’impréparation de la délégation gouvernementale

« Il va de soi que ce qui en ressort ne sera pas forcément quelque chose de très bon pour l’ensemble de la population ». Gislain Fomou, affiche son pessimisme quant à la présence de la délégation camerounaise aux négociations de la Cop 26 qui se tient Glasgow en Ecosse. Cette rencontre internationale devait avoir lieu en 2020, en dépit de son report en en 2021, la délégation camerounaise y arrive impréparée. « Depuis, on sait qu’on va aller à une COP […] Tout au long de l’année comment on s’est préparé pour y aller ? On ne peut pas vous le dire. Ça fait seulement trois mois aujourd’hui qu’on a vu un certain engouement du Cameroun à pouvoir préparer quelques outils qui étaient attendus pour cette rencontre. Pour moi, c’est une préparation qui n’était pas très bonne », tranche-t-il. « Est-ce qu’il y a une bonne consultation, des acteurs pour savoir quel est le besoin réel de ces populations afin de traduire cela dans notre négociation ? Pour ma part, pas vraiment ! donc, je vois cette participation d’un œil un peu pessimiste… ». Le Cameroun qui préside le groupe COMIFAC, porte la voix des pays de cette sous-région, souhaite la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour faire face aux effets du changement climatique, plutôt que sur sa renégociation comme le souhaitent certains pays, parties. Saura-t-il faire entendre sa voix sur les débats en matière d’atténuation, d’adaptation, au financement… au regard de son agenda incertain ? Le spectre de Marrakech au Maroc plane. Du côté des organisations, on espère que la couverture médiatique de cet évènement donnera un peu plus d’attention pour les citoyens et les amènera à interpeller un peu plus le gouvernement pour sa préparation dans les échéances futures. Dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) déposée sur le tard, le pays entend réduire l’empreinte carbone de son développement 35% à l’horizon 2030.

NCB

INTERVIEW

Dr Rodrigue Aimé Feumba

Il faut améliorer le cadre institutionnel pour un résultat optimal

L’expert en Changement climatique et par enseignant chercheur à l’université de Yaoundé I exprime son avis sur la CDN révisée du Cameroun. D’après le coordonnateur de l’Observatoire indépendant des changements climatiques (Oicc), le rendement peut être meilleur.

Quel est votre regard en qualité d’expert sur la Contribution déterminée au niveau national du Cameroun partie prenante de la COP 26 ?

Globalement, on peut dire qu’au regard de ce que la Convention-cadre sur les changements climatiques attend, notre CDN révisée est bonne. Même si c’est satisfaisant à l’international, on aurait pu mieux faire. Au niveau national, endogène, des différents acteurs et parties prenantes de la lutte contre les changements climatiques, on aurait pu procéder autrement et avoir quelque chose de mieux fait. Voilà mon regard d’expert qui a suivi le processus vers la fin mais qui sait comment celui-ci doit être fait et qui connait la première version de 2015.

Qu’aurait-on pu faire autrement à votre avis ?

Au niveau de l’élaboration, il y a à redire en ce qui concerne la participation, l’inclusivité. On aurait pu faire mieux en associant plus d’acteurs en termes de type d’acteurs. Je prends le cas des médias, on les voit à toutes les cérémonies. Mais les médias viennent au début, après la cérémonie d’ouverture, ils font des interviews, ils s’en vont. Non ! on ne peut pas dire que les médias sont véritablement impliqués. L’affirmer suppose que des représentants des médias participent au processus. Ils peuvent même relire le document qui comporte autant des aspects communications que techniques. Cette contribution dans le processus peut être groupée ou isolée. Il ne s’agit pas seulement de venir pour la diffusion de l’information, mais être impliqués de l’élaboration à la validation. Il en est de mêmes d’autres acteurs comme les collectivités locales décentralisées. Ne serait-ce que la représentation des structures faîtières comme le CVUC ou présidents des conseils exécutifs régionaux. Je n’en ai pas vu un seul dans la salle lors de la validation nationale. Au niveau du contenu, il y a des améliorations à apporter en termes d’arrangement institutionnel pour obtenir une meilleure mise en œuvre que la première CDN. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on connaît à peu près déjà les résultats auxquels on va arriver.

Est-ce à dire que la CDN telle qu’elle est élaborée aujourd’hui ne va rien apporter au pays ?

Non, on ne peut pas dire cela. Elle va apporter mais elle aurait pu mieux apporter. Ensuite comme ce sont des mécanismes dynamiques, le travail participatif que nous faisons en ce moment, il y a encore des possibilités d’amélioration dans la mise en œuvre. Par exemple, au niveau du cadre de mis en œuvre, il y a des textes qui doivent être signés par le premier ministre. Si le Minepded (ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature, Ndlr), le gouvernement est réceptif, beaucoup de choses peuvent être améliorées même au niveau des actions pour aller au-delà de ce qui est prévu. C’est déjà bien qu’on ait fait la révision. Le Cameroun a finalement été parmi les premiers pays qui ont déposés la version révisée. Maintenant sur la base de l’existant, on peut améliorer.

Quelle évaluation faites-vous de la mise en œuvre de la première CDN ?

Je vais commencer par évaluer le gouvernement qui était chargé de cette mise en œuvre. C’est vrai que dans les ateliers, on a vu les communications sur ce qui a été fait, sur les gaps, etc. Mais normalement au bout de cette évaluation, on devait avoir un rapport d’évaluation formelle de cette CDN qui devait être suffisamment diffusé. Pour ce qui est de l’évaluation informelle, je ne peux pas donner un avis scientifique parce qu’il faut une étude. Mais en tant qu’expert, je peux dire que globalement grâce aux actions sectorielles des choses ont été faites qui ont contribué à la mise en œuvre de cette CDN. C’est d’ailleurs cette approche que le gouvernement a utilisée pour évaluer ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Mais une fois de plus comme c’est un document de planification de l’action climatique, il aurait fallu que le pilotage de la mise en œuvre réponde à la planification initiale. Cela aurait donné assurément un résultat plus important.

Propos recueillis par

NCB

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