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COVID-19: Comment les compagnies de tabac exploitent la détresse mondiale

Alors que le monde lutte pour faire face au COVID-19, l’industrie du tabac poursuit intérêts commerciaux égoïstes. En désaccord avec les compagnies du tabac qui profite de la pandémie, l’ACTA expose leurs tactiques et appelle à l’action.

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Alors que le monde vit au ralenti, elle n’a pas cessé de mener ses activités. Bien au contraire, même en pleine pandémie de COVID-19, l’industrie du tabac s’efforce de promouvoir ses produits et de manipuler la santé publique, mettant plus de personnes en danger. Ses manœuvres pour polir son image n’ont pas échappé à l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA). « Dans les pays où le confinement a été annoncé et où seuls les biens et services essentiels peuvent être offerts, dans le cadre des mesures visant à contenir la propagation du virus, les multinationales du tabac s’engagent dans des initiatives visant à faire accepter leurs produits comme essentiels. Ceci malgré les preuves scientifiques que le tabagisme et le vapotage seraient associés à la progression et aux effets néfastes du COVID-19 », note avec consternation Sessou Léonce, Secrétaire Exécutif de l’ACTA dans une déclaration rendue publique ce 20 avril 2020.

En effet, le tabagisme a un impact considérable sur la santé pulmonaire. Associé à plusieurs maladies respiratoires, il est également préjudiciable au système immunitaire et à sa réactivité aux infections. Ce qui rend les fumeurs plus vulnérables aux maladies infectieuses. Des études antérieures ont même montré que les fumeurs sont deux fois plus susceptibles que les non-fumeurs de contracter la grippe et d’avoir des symptômes plus graves, tandis que les fumeurs ont également enregistré un taux de mortalité plus élevé lors de la précédente épidémie de coronavirus (MERS-CoV). Or, «… A l’heure où la communauté de la santé publique s’accorde à dire qu’il est absolument vital que les fumeurs cessent de fumer, les multinationales du tabac participent à une série d’initiatives visant à amener les gouvernements à laisser ouvrir les points de vente de tabac en tant que services essentiels, et laisser vendre les produits du tabac en tant que biens essentiels », expose l’ACTA. Qui dénonce le fait que « l’industrie du tabac agit ainsi malgré les nombreuses preuves selon lesquelles les produits du tabac exposent les consommateurs à de graves conséquences du COVID-19 s’ils sont infectés ».

Interférence

Des cas d’infraction sont légions en Afrique du Sud, au Kenya…Ici, contrairement aux attentes de base en matière de santé publique, les autorités ont inclus le tabac dans la liste de produits essentiels lors du confinement pour contenir le COVID19. Les preuves de l’interférence de l’industrie du tabac lors de l’épidémie de COVID-19 ne concernent pas seulement la disponibilité des produits du tabac. L’industrie du tabac utilise également la crise comme une occasion pour soigner son image. Au niveau mondial, British American Tobacco (BAT) a annoncé qu’il travaillait sur un vaccin contre la maladie, tandis que Philip Morris International (PMI) a récemment été critiqué pour un coup de publicité, en fournissant des respirateurs pour aider la Grèce. En Afrique, le magnat rwandais des affaires, Tribert Rujugiro Ayabatwa, propriétaire de Meridian Tobacco Company et de Leaf Tobacco and Commodities, a fait don de 250 millions de shillings ougandais au gouvernement pour soutenir le pays dans la lutte contre Covid-19.

Pour l’OMS qui met en garde contre de telles relations, le partenariat avec l’industrie du tabac sape la crédibilité des gouvernements en matière de protection de la santé des populations car il existe « un conflit fondamental et irréconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et les intérêts des politiques de santé publique ». Aussi, de l’avis de l’ACTA, « Il est de la plus haute importance que les pays africains répondent à cet appel et ne laissent pas l’industrie du tabac gagner la capacité d’influencer les politiques antitabac à l’avenir grâce à leur assistance d’aujourd’hui pour faire face à COVID-19 ». Plusieurs organisations de la société civile africaines ont pris l’initiative louable de demander aux gouvernements d’utiliser cette épidémie du COVID-19 comme une occasion d’intensifier les mesures de protection des citoyens contre le tabagisme et ses conséquences. « Le meilleur exemple que l’Afrique devrait peut-être suivre est celui du Botswana, où le gouvernement, juste après que la société civile l’y a incité, a interdit la vente et l’importation de tabac et de produits dérivés, alors que le pays s’efforce de lutter contre la pandémie du COVID-19 », recommande Sessou Léonce.

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