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Des chercheurs prescrivent la consommation de l’Eru

Lutte contre l’anémie

Riche en micronutriments et en protéines, cette plante encore appelé Okok, aurait un effet bénéfique sur la santé des femmes enceintes et des enfants dans la lutte contre l’anémie, selon une étude récemment publiée par le Cifor.

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Le Gnetum est une plante spontanée, un légume-feuille qui n’est pas cultivé, mais récolté en forêt. Les femmes savent où le trouver ! Crédit Photo: Plante et Planète

Véritable problème de santé publique, l’anémie touche gravement les femmes et les enfants en augmentant le risque de mortalité maternelle et infantile. Au Cameroun, cette pathologie due à la carence en fer dans l’organisme affecte 60% des enfants de moins de 5 ans et peut avoir des conséquences irréversibles. Par ailleurs, 20% de la mortalité maternelle est liée à l’anémie par carence en fer. Chez l’homme, les besoins journaliers en fer sont estimés à 9 mg contre 7 à 30 mg chez la femme et 1mg/kg/jour pour le nourrisson. Tandis que les pertes quotidienne sont de 1mg/jour (Homme) ; 1,5mg/jour femme. Ces besoins sont 8 à 10 fois plus élevés chez l’enfant pubertaire. De même qu’au cours de la grossesse, les besoins sont augmentés du fait de l’évolution du nombre de globules rouges maternel ; la constitution des tissus du fœtus et du placenta. Ce sont près de 1000mg de fer qui sont requis pour la femme au cours de la grossesse.

Quand Caleb Yengo Tata se rend dans la région reculée de Takamanda dans la forêt tropicale humide du Sud-Ouest du Cameroun lors d’une mission scientifique avec le Centre de recherche forestière internationale (Cifor), il est frappé par l’ampleur de la malnutrition et de la mortalité infantile. « Nous visitions une communauté un jour et le lendemain, lorsque nous revenions, un autre bébé était décédé », témoigne le chercheur de l’ONG camerounaise Forests, Resources and People, partenaire du Cifor. « Il fallait vraiment que je fasse quelque chose sur le plan de la nutrition ». Le chercheur explique que bien que la population ne mourait pas de faim, la majorité des femmes en âge de procréer souffrait d’anémie due à une carence en fer. Ce qui suscite son intérêt pour le régime alimentaire et la santé de ces femmes. Il veut savoir si l’accès à la forêt a une influence sur l’anémie.

Analyses biochimiques 

Entre juillet 2013 et mars 2016, « Nous avons collecté trois ensembles de données, deux en saison sèche et une en saison des pluies. Nous avons interrogé des femmes en âge de procréer (18 à 49 ans). Notre cible était de 500 ménages et comptait en moyenne 359 ménages pour les trois saisons ». Après avoir pris en compte d’autres facteurs, « seule la consommation d’Eru est apparue comme un facteur ayant contribué à l’augmentation des taux d’hémoglobine chez les femmes vivant dans les communautés les plus boisées », révèle Caleb selon qui : « Oui, l’Eru, comme l’ont montré d’autres études, est riche en micronutriments et en protéines. Nous conviendrons donc que cela a un effet bénéfique sur la santé des femmes enceintes et des enfants dans la lutte contre l’anémie ». Connu sous le nom scientifique Gnetum africanum, l’eru est une liane aux feuilles vert foncé. on estime que sa teneur en fer est environ 85 % supérieure aux épinards frais. Elle semble aussi comporter peu d’antinutriments qui empêchent le corps d’absorber le fer par exemple.

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L’eru: de la forêt à la table

Autre révélation de cette étude : « Nous comprenons que la cuisson de légumes verts ne détruit pas la teneur en fer. Elle rend le fer dans le légume plus disponible puisque les protéines auraient été décomposées lors de la cuisson, libérant le fer », relève Caleb Tata qui ajoute que « d’autres recherches ont également montré que la consommation d’aliments riches en fer avec d’autres aliments riches en vitamine C rendrait le fer plus biodisponible pour le corps. Cela peut constituer un bon domaine de recherche », convient-il. Si, d’après les observations, il semble bien que la consommation d’eru empêche l’anémie, Amy Ickowitz, scientifique au Cifor, insiste sur le fait que « nous sommes très loin d’en avoir fait la preuve ». Aussi, elle pense: « qu’il y a là une piste intéressante à creuser et nous invitons d’autres chercheurs à prolonger nos travaux en forêt par des travaux de laboratoire en effectuant des analyses biochimiques ». Pour cette scientifique, cette étude montre également l’intérêt de préserver les forêts.

 

 

 

 

 

 

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