Des entreprises tobaccoles font de la résistance au Cameroun
Avertissement sanitaire graphique
A ce jour, seules 3 marques de cigarettes sur les 21 recensées sur le terrain ont observé la mutation relative à l’arrêté conjoint MINSANTE/MINCOMMERCE du 03 janvier 2018, fixant les modalités de conditionnement et d’étiquetage des produits du tabac commercialisé au Cameroun.
« Selon les l’OMS, l’usage du tabac et des produits du tabac constituerait la cause d’environ 3 500 décès chaque année dans notre pays, tant le tabac est responsable de 3% de décès toute cause confondue dans la région africaine ». Dixit Malachie Manaouda, ministre de la Santé publique à l’occasion de la célébration de la 31e Journée mondiale sans tabac. En relation avec le thème de ladite célébration, l’OMS estime que le tabagisme est responsable de 38% des décès liés à la tuberculose, 31% des décès liés aux maladies respiratoires. Toujours d’après le ministre de la santé, une importante partie de la population est exposée à la fumée de tabac secondaire, notamment dans les domiciles et dans les lieux publics fermés ou ouverts. Ce qui fait de la toxicomanie liée à l’usage des drogues et du tabac un problème de santé publique et un frein au développement des pays, tant elle fait partie des principales causes évitables des décès prématurés et de morbidité dans le monde.
Sur le plan sanitaire donc, le bilan s’alourdit. Un véritable carnage, insidieux, silencieux et sournois causé par le tabac, seul produit légal qui tue un fumeur sur deux. Dans le cadre de la lutte contre ce fléau, des mesures ont été prises par le gouvernement. Parmi elles, le fameux arrêté conjoint MINSANTE/MINCOMMERCE du 03 janvier 2018, qui fixe les modalités de conditionnement et d’étiquetage des produits du tabac commercialisé au Cameroun. La prorogation du délai d’application dudit texte, accordée par le Gouvernement en septembre 2018 s’est achevée le 12 juin 2019. Mais sur le terrain, l’on observe encore des résistances de certaines entreprises tobaccoles. Rendu au 29 août 2019, soit près de 12 semaines après la date butoir, seules trois (03) marques sur les 21 présentes dans les commerces sont conformes à la réglementation suscitée.
Complaisance des administrations
Egalement, deux (02) opérateurs sur 5 ont entrepris l’application de cette mesure. Leur comportement belliqueux vis-à-vis de l’arrêté conjoint du 03 janvier 2018 expose ceux qui commercialisent les produits du tabac non conforme aux sanctions prévues par la législation en vigueur. Seulement, nul ne semble inquiet. Sur les comptoirs, les marques non conformes côtoient allègrement les autres. La main tendue du Minsanté en direction de ses collègues ne semble pas avoir trouvé l’adhésion escomptée. Au sujet du suivi de la mise en œuvre de cette mesure, « L’occasion nous est donnée pour appeler la vigilance des administrations en charge du Commerce et des finances à ce sujet », plaidait-il alors. De même, il invitait les administrations en charge de l’économie et des finances à œuvrer pour l’augmentation des taxes sur les produits de tabac ; le ministère en charge des Relations Extérieures pour ce qui est de faire aboutir le processus de ratification du protocole pour éliminer le Commerce illicite du tabac et des produits du tabac.
Il en appelait à la contribution de l’Administration Territoriale, du Tourisme, du transport, du travail et de la Promotion de la Famille pour les mesures d’interdictions de fumer dans les espaces publics ouverts ou fermés qui permettent de protéger la population à l’exposition à la fumée du tabac secondaire. A celle de la communication, au sujet de l’application rigoureuse de la loi nationale sur la publicité, le parrainage, le mécénat et la promotion des produits du tabac, tant la publicité indirecte des produits du tabac est établie aussi bien dans les points de ventes que dans certains médias du pays. Les parlementaires n’avaient pas été oubliés dans cette plaidoirie au sujet de l’accélération du processus d’adoption et de promulgation d’une loi cadre nationale anti-tabac.
« La Situation actuelle est de nature à fragiliser les politiques publiques en matière de lutte antitabac Elle continue aussi à maintenir la population dans l’ignorance des méfaits du tabac en même temps qu’elle constitue une violation des droits fondamentaux du Consommateurs », commente-t-on à la Coalition Camerounaise de lutte contre le Tabac (C3T). Faut-il le préciser, le marquage sanitaire graphique obéit aux principes directeurs des Nations Unies et aux dispositions de la loi-cadre nationale du 6 Mai 2011 portant protection des Consommateurs au Cameroun. Il s’agit de donner la bonne information au Consommateur afin qu’il soit mieux éclairé sur les dangers auxquels il s’expose en consommant les produits du tabac. Le ministère de la Santé publique a sa part de responsabilité dans la surveillance et l’encadrement de cette industrie rebelle.