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Des journalistes apprennent à faire parler les chiffres

Dissémination des statistiques

En dépit de nombreuses avancées du Système Statistiques National (Ssn) du Cameroun à produire des données suffisamment désagrégées, on décèle encore un énorme gap en matière de statistiques genre sensibles dans de nombreux domaines.

image statistique genre« Dans toutes les données produites par l’Institut national de la Statistiques, on peut trouver une déclinaison genre », soutient Marie France Mfombang, Statisticienne lors d’une présentation sur les Statistiques genre disponibles au Cameroun pour le suivi des Objectifs de développement durable (Odd). C’était au cours d’un atelier de deux jours (22-23 juillet 2019) organisé à l’intention des membres du Gender Data Journalists Network sur la collecte et la communication des informations sur les statistiques de genre et Odd, par OnuFemmes dans la ville de Mbalmayo. Malgré la disponibilité des données, l’une des difficultés de leur utilisation efficiente est leur compréhension par le commun des Camerounais. Par ailleurs, « nous produisons beaucoup. Mais les données ne sont pas disséminées », déplore Esther Dimi Eyinga, démographe, Point focal genre au Bureau central des recensements et des études de populations (Bucrep). Il en résulte que les problèmes ne peuvent être résolus convenablement.

De ce fait, ces institutions attendraient des journalistes entre autres, des propositions sur la manière dont les données doivent être formulées afin de réduire les clivages. En effet, autant pour Onufemmes à l’initiative de cet atelier de renforcement des capacités que les producteurs des données (Ins, Bucrep, Minproff, etc.), les médias sont de puissants vecteurs d’informations qui peuvent changer ou renforcer les mœurs et autres attitudes dans la société, mobiliser les énergies et inciter à l’engagement. Mais ces derniers doivent être capacités sur les notions qui appellent leur action. La formation de Mbalmayo avait donc pour objectif de doter les journalistes de compétences pour collecter, traiter et diffuser des informations intégrants les statistiques de genre (Gender Data) et les ODD ; communiquer sur la prise en compte du genre dans les statistiques produites dans le Système statistiques national ainsi que les gaps et lacunes de ces données ; accroître leur communication sur les ODD précisément les cibles relatives au genre.

gender data2Cette formation précise Uilrich Inespéré Waffo, expert genre et statistiques et ODD à OnuFemmes rentre dans le cadre du projet « Making Every Women and Girl Count (MEWGC) ». Lequel vise une meilleure production et utilisation des statistiques de genre afin de permettre un suivi optimal des Objectifs de Développement Durable (ODD) en général et spécifiquement l’ODD n° 5 relatif à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’approche genre explique Bouchard Zambo de Onufemmes, vise entres autres à : Assurer la réalisation des droits humains de tous ; Permettre aux femmes et aux hommes, garçons et filles de jouir des mêmes opportunités, droits et obligations dans toutes les sphères de la vie quotidienne ; d’avoir un accès égal à l’éducation, d’acquérir une indépendance financière, de partager les responsabilités familiales et d’être libres de toute forme de coercition, d’intimidation et de violence ; d’être en mesure de prendre des décisions dont l’impact sera positif sur leur santé et leur sécurité et sur celle de leurs familles.

 

Emmanuel Batake

 

emmanuel Batake

« Le Gender Data journalists se positionne comme une courroie de transmission… »

Rédacteur en Chef chez The Spark, Emmanuel Batake est le coordonnateur du Gender Data Journalists Network, un réseau de journalistes qui se propose d’accompagner les actions des acteurs œuvrant dans la production et la diffusion des données. Il revient sur le contexte de création de ce rassemblement de journalistes.

Les membres du Gender Data journalists viennent de participer à une formation de renforcement de capacités sur la communication des informations relative au genre. Pouvez-vous nous parler du contexte de création de ce réseau ? 

Le réseau des Journalistes sur les statistiques de genre et ODD nait à la suite du constat selon lequel les journalistes, malgré leur volonté d’accompagner les actions des acteurs œuvrant dans la production et la diffusion des données, ont du mal à accéder à l’information statistique. Très souvent, les journalistes intéressés par les questions de genre et des statistiques se sont heurtés aux difficultés liées à la manipulation de ces informations, la rareté des données, le manque d’information, l’accès aux personnes ressources, la mauvaise utilisation de l’information statistiques et la mauvaise compréhension des données. Pourtant, dans le document de contextualisation des ODD au Cameroun, il apparaît que notre pays s’est engagé à renseigner 45 de 63 indicateurs genre sensibles des ODD. Toutefois à travers l’évaluation nationale genre et statistiques, il ressort que les statistiques de genre disponibles ne sont pas suffisamment communiquées auprès du grand public. De même les médias ne sont pas toujours au fait de la disponibilité des données pour jouer leurs rôles de veille citoyenne.

Le réseau des Journalistes sur les statistiques de genre et ODD, apparait donc comme un début de solution pour ce qui est de l’amélioration de la communication et de la diffusion de l’information statistique au large public. Il est soutenu par l’Entité des Nations Unies pour l’Egalité des Sexes et l’Autonomisation des Femmes (ONU Femmes) qui s’est engagé à accompagner le gouvernement camerounais dans l’atteinte de l’ODD5 tout en veillant à ce que le genre soit pris en compte dans le suivi des progrès concernant les autres 16 objectifs, le réseau se positionne comme une courroie de transmission entre les producteurs et les utilisateurs des données et de l’ informations statistiques.

Des précisions sur les missions réelles du réseau ? 

Le réseau a été créé avec le support d’Onu Femmes (à travers le Projet Making Every Women and Girl Count (Women Count)  qui vise à soutenir la production et l’utilisation des statistiques de genre pour un meilleur suivi des ODD au niveau national et local) et de ses partenaires institutionnelles tel que l’INS, le BUCREP et le Minproff, le Réseau des Journalistes sur les statistiques de genre et ODD encore appelé « Gender Data Journalists » réuni en son sein une quarantaine de journalistes travaillant sur les questions liées au traitement et à la vulgarisation de l’information statistique sur le genre et les Objectifs de Développement Durable (ODD). Sa mission est de susciter un intérêt auprès du public en ce qui concerne l’information statistique liée aux ODD en général et au genre en particulier  tout en veillant à la promotion de la prise en compte du genre dans la prise de décision et à la vulgarisation de l’exploitation de l’information statistique.

Susciter un intérêt auprès du public dites-vous. Mais concrètement qu’entendez-vous offrir ? 

Le Gender Data Journalists regroupe en son sein des journalistes exerçant dans différents organes de presses et média camerounais.  L’un de ces objectifs pratique est de venir en appui à la stratégie de vulgarisation des statistiques de genre et Odd produites par les structures en charges des statistiques au Cameroun. En tant qu’association, nous accompagnons les pouvoirs publics, le secteur privé est les partenaires au développement dans leur communication en nous appuyant sur la collecte, le traitement et diffusion des informations sur les statistiques de genre. Nous  communiquons également sur la prise en compte du genre dans les statistiques produites dans le Système Statistique National ainsi que les gaps et lacunes de ces données.

 

 

 

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