Des raisons pour les entreprises de soutenir leurs employées allaitantes
Allaitement maternel
Aussi curieux que cela puisse paraître, l’allaitement maternel exclusif les six premiers mois du nourrisson et l’alimentation de complément adéquate couplée à la poursuite de l’allaitement jusqu’à son deuxième anniversaire n’aurait pas des avantages que seulement le bébé et la mère. La pratique a des bénéfices pour la famille, la communauté… et même les entreprises qui emploient des femmes qui allaitent.
Ce n’est plus un secret ! L’allaitement maternel comporte de nombreux avantages pour le bébé et la mère. Même si de nombreux parents continuent d’ignorer cette pratique au bénéfice de l’usage des substituts (lait artificiel). Parmi les obstacles dans les familles, l’on note le contexte moderne qui commande à la femme de travailler soit comme employée voire employeur. Ce qui ne lui laisse pas le temps de véritablement se consacrer à son bébé comme le faisaient les mamans « d’avant ». Lancée ce 1er août à Yaoundé, la semaine mondiale de l’allaitement maternel placée sous le thème : « permettre l’allaitement maternel « agir en faveur de parents qui travaillent », met en lumière les bénéfices de cette pratique pour les entreprises. « L’absentéisme parental est réduit grâce à la bonne santé des enfants ; l’entreprise gagne en productivité grâce à un taux plus élevé de reprise du travail et à un meilleur moral chez les employés ; les femmes allaitantes sont plus concentrées et efficientes dans leur travail », liste Marlyse Ngede epse Mahamat, Chef service de la Diététique et des interventions nutritionnelles (C/SDIN) à la Direction de la Promotion de la Santé.
Selon cet ingénieure nutritionniste, pour agir en faveur des parents qui travaillent, les entreprises gagneraient à respecter la législation en matière de congé de maternité en vigueur. La loi N°74/14 du 27 novembre 1974 portant sur le congé de maternité rémunéré et des heures de tétés permet à une femme enceinte de prendre un congé de 15 semaines au total dont quatre semaines avant terme. Au regard des bénéfices, les autorités compétentes gagneraient à prolonger cette période, prolonger également le congé de paternité et augmenter le temps de repos. Egalement, les compagnies pourraient créer dans leurs locaux, des espaces dédiés à l’allaitement maternel où les mamans pourraient de façon commode donner le sein à leur nourrisson. Ce stress enlevé, elles seraient plus concentrées donc davantage productives pour le bien de la trésorerie de la société.
Productivité
Au Cameroun, rappelle Kamsouloum Elhadji Hachimi, Sous-directeur de l’Alimentation et de la nutrition, les enquêtes EDS menées de 1991 à 2018 ont montré une nette progression des indicateurs entre autres la mise immédiate du nouveau-né au sein dans l’heure qui suit sa naissance et le taux d’allaitement exclusif jusqu’à six mois. En effet, le taux de mise au sein dans l’heure qui suit la naissance a évolué passant de 11,9% en 1991 à 48,4% en 2018. Tandis que le taux d’allaitement exclusif des enfants âgés de 0 à six mois est passé de 28% en 2011 à 40% en 2018. « Ces résultats appréciables sont dus à une forte mobilisation sociale, à l’encadrement des mères et des communautés. Toutefois, ils sont encore en dessous de la cible recommandée par l’OMS qui vise un taux d’allaitement exclusif d’au moins 50% à l’horizon 2025 pour chaque Etat. Pour cela, il est important d’intensifier les efforts », laisse entendre cet administrateur principal de la santé publique.
Citant son chef de département, en l’occurrence le Dr Manaouda Malachie, il souligne : « Monsieur le ministre rappelle que le travail ne doit pas être un frein aux nombreux bienfaits qu’apportent l’allaitement maternel tant pour le nouveau-né, l’enfant, la mère, la communauté que pour la nation toute entière. Il interpelle les acteurs concernés à jouer chacun son rôle pour permettre aux femmes allaitantes qui travaillent de continuer à allaiter leurs enfants exclusivement jusqu’à six mois… ». Au terme de leur congé, les parents pour leur part gagneraient à bien se préparer pour la reprise du travail. Pour ce faire, une bonne organisation est nécessaire. Pour les mamans, cela consiste entre autres à commencer à faire des réserves de lait exprimé manuellement ou à l’aide de tire-lait et conservé au congélateur. La vie de près de 9700 bébés qui meurent par an serait sauvée. À l’occasion de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, qui porte cette année sur le thème « Allaitement et travail… C’est possible ! », l’UNICEF et l’OMS insistent sur la nécessité d’intensifier le soutien à l’allaitement sur tous les lieux de travail, afin de maintenir et de renforcer les progrès enregistrés en matière d’allaitement au sein dans le monde entier.
Nadège Christelle BOWA