Dr Patrice Teufack : Il y a des comportements à adopter pour éviter une naissance prématurée
Au niveau clinique, le gynécologue-obstétricien recommande de traquer et agir sur les facteurs de risque. Un rôle qui incombe aux professionnels de la santé. Cependant, les femmes enceintes aussi ont une certaine responsabilité mais davantage des attitudes à observer pour accoucher à terme ? Les éclairages et conseils du Dr Patrice Teufack, Médecin gynécologue-Obstétricien pour éviter les accouchements prématurés.
C’est quoi une menace d’accouchement prématuré ?
La menace d’accouchement prématuré est définie par la survenue des contractions utérines, c’est-à-dire des douleurs que la femme enceinte va ressentir au niveau de son bas-ventre. Ces contractions régulières reviennent une fois toutes les 10 minutes et qui est associé à des modifications du col de l’utérus qui peut se raccourcir, se dilater ou devenir plus mou. Les obstétriciens et les sages femmes ont la capacité de détecter ces éléments. Le troisième élément qui rentre dans la définition de la menace d’accouchement prématuré est : le terme que l’Organisation mondiale de la santé situe entre 22 semaines d’aménorrhée et 36 semaines plus 6 jours. Cependant dans notre contexte, avec le faible niveau socio-économique, les ressources de prise en charge un peu limitées, nous situons la limite inférieure de cet âge-là à 28 semaines, parce que les bébés nés trop tôt, 22 ou 23 semaines, seront difficilement pris en charge dans notre contexte. Cette définition étant donnée, nous pouvons comprendre que le bébé prématuré sera celui-là qui sera né entre 22 et 36 semaines d’aménorrhée plus 6 jours, selon la définition de l’OMS.
Quels sont les facteurs de risque ?
Nous avons une panoplie de facteurs de risque. Sur le plan général, les âges extrêmes constituent déjà des facteurs de risque. Par exemple, une patiente qui a moins de 18 ans, les adolescentes, et puis les patientes de plus de 35 voire 40 ans. Parce qu’à cet âge-là, on a déjà des comorbidités, notamment l’hypertension antérieure, le diabète, déjà fréquent dans cette population-là. Et nous avons des problèmes sur le plan gynécologique et obstétricale. Les patientes qui ont des cols faibles, dans notre jargon, nous parlons de l’incompétence cervicale. Des patientes qui ont des malformations utérines ou alors des myomes seront plus sujets à faire des menaces d’accouchement prématuré. Les patientes qui ont d’autres infections, les infections urinaires par exemple, le paludisme, les infections cervico-vaginales seront responsables des menaces d’accouchement prématuré. Donc ce sont les facteurs de risque qu’on va traquer et sur lesquels on va agir. Toujours dans ce registre des facteurs de risque, nous pouvons citer l’hypertension artérielle, le diabète, les placentas praevia, les hématomes rétro placentaire, etc.
Comment est-ce qu’une dame va reconnaître elle-même qu’elle est peut-être en train de faire une menace d’accouchement prématuré ?
Cliniquement, le symptôme phare chez la dame, sera la douleur. Elle n’est pas encore à terme, elle est peut-être à 7 mois, 8 mois et subitement la douleur commence. Les contactions commencent de manière régulière. C’est le principal signe qui va l’alerter. C’est à l’hôpital que le médecin, la sage-femme va l’examiner et se rendre compte qu’il y a des modifications au niveau de son col qui pourront permettre de poser de manière formelle le diagnostic de menace d’accouchement prématuré.
Est-ce possible de prévenir ces menaces-là. Si oui comment ?
Les facteurs de risque étant connus, c’est vraiment notre principal cheval de bataille. Nous nous battons de telle sorte que les menaces ne surviennent plus et c’est sur ces facteurs de risque que nous devons agir. Nous misons sur les consultations prénatales de bonne qualité qui vont permettre de détecter les patientes qui sont à risque et de les orienter vers le spécialiste gynécologue qui va mettre les thérapeutiques adaptées pour éviter que cela ne survienne.
Il n’y a pas de gestes ou des attitudes que la patiente ou future maman peut poser pour prévenir ?
Effectivement, chez la patiente, il y a des comportements à adopter pour éviter la survenue des menaces d’accouchement prématuré. Premièrement, il faut bien suivre sa grossesse, il faut éviter l’obésité parce que c’est un gros facteur de risque. S’il y a une malformation utérine, il faut d’abord la prendre en charge. Et puis maintenant, lorsqu’on est enceinte, il faut éviter la station debout prolongée. C’est le principal facteur sur lequel les patientes elles-mêmes peuvent agir. Limiter un peu les activités physiques qui sont trop intenses. Lorsqu’on est au travail, au maximum, tant que c’est possible de rester assise, ça va nous permettre de prévenir certains cas de menaces d’accouchement prématuré. La médecine préventive est vraiment ce que nous devons apprendre à faire.
Réalisée par
Nadège Christelle BOWA