Financements publiques: La pratique de la redevabilité préoccupe Yaoundé
La question est inscrite au cœur d’un atelier de renforcement des capacités à l’intention des agents de l’Etat organisé par la Commission économique pour l’Afrique (Cea) en collaboration avec le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).
« La formation actuelle fournit des outils pour favoriser cette redevabilité », souligne Mama Keita, représentant du Bureau Sous-Régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA/BSR-AC) à l’ouverture officielle de l’atelier de renforcement des capacités des gouvernements africains à intégrer cette pratique dans la planification du développement du 7 au 16 octobre à Yaoundé. « Il est impossible d’atteindre des objectifs de développement à long terme sans un plan directeur. Vous ne pouvez pas non plus compter uniquement sur les mécanismes du marché », relève-t-elle encore avant de citer des exemples à succès dans le monde et en Afrique de pays où l’application rigoureuse de la planification leur a valu d’être classer parmi les pays africains (Botswana, Ethiopie, Rwanda) ayant les taux de croissance les plus élevés et de considérablement réduire la pauvreté et de promouvoir le développement social.
Cependant rappelle Mama Keita, « Pour donner des résultats probants, la planification doit obéir à des principes de rigueur et de discipline. La prise en compte de la redevabilité favorise cela. Voilà pourquoi nous sommes plus qu’heureux d’organiser avec le Minepat, cet atelier de formation qui vise à améliorer la prise en compte de la redevabilité dans le processus de planification ». Le matériel didactique utilisé pour cette formation a été élaboré sur la base d’expériences pratiques de cinq pays africains dont le Cameroun. Ces études ont été réalisées en vue d’identifier les bonnes pratiques et leurs atouts dans le processus de planification et de recenser les faiblesses et manquements en vue d’y trouver des solutions. Le fruit qui en découle- ce programme de formation- bénéficiera à l’ensemble des pays africains.
Responsabilisation et transparence
Cette formation et les outils y afférents, précise Mama Keita dans son allocution, visent à renforcer le sens de la responsabilisation et de la transparence au niveau des autorités publiques dans un contexte où les ambitions affichées sont énormes et complexes alors que les ressources pour le financement du développement sont plutôt limitées. « Le renforcement des personnels en matière de planification ; de modélisation des politiques et de communication des résultats, est un objectif clé du gouvernement pour garantir que les investissements publics et les ressources mobilisées apportent une différence positive et durable dans l’amélioration du cadre de vie de tous les camerounais », a expliqué Ariane Siewe au nom du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). « Cet atelier arrive donc au moment le plus opportun pour contribuer à répondre à ces importants défis. Ce d’autant plus le pays est engagé à accélérer son processus de décentralisation », va-t-elle préciser avant de relever que les participants sont impliqués à un niveau ou à un autre dans le processus d’élaboration, de mise en œuvre ou de suivi-évaluation des plans macro et sectoriel du Cameroun.
A l’intention de ces derniers, Ariane Siewe insiste sur le fait que « la redevabilité –qui rentre en droite ligne avec la loi 2018/011 du 11 juillet 2018 portant Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publics- est à promouvoir pour la prise en compte des aspirations de nos populations dans nos plans de développement économiques, environnementaux et sociale et devraient s’inscrire dans tous vos efforts de développement ». Cette thématique, rappelle Alassane Ba du Système des Nations Unies (Snu), est aussi prise en compte dans l’agenda 2030 des nations unies sur les Odd notamment l’objectif 17 qui concerne le partenariat. Elle est aussi prise en compte sur la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement et bien d’autres instruments. Tout en rassurant sur l’engagement la CEA à accompagner le Cameroun dans ses efforts de réalisation de sa vision 2035 pour un Cameroun émergeant, Mama Keita formule le vœu que cet atelier contribue vivement à l’amélioration de la pratique de la planification au Cameroun et favorise la matérialisation de ladite vision. Cette formation rentre dans le cadre du projet : « Compte de développement des Nations sur le renforcement des capacités des gouvernements africains à intégrer la redevabilité dans la planification du développement », coordonné par Pr Sylvain Boko, Conseiller principal régional en charge de la planification à la Cea.