Gestion de l’eau: Des femmes veulent prendre le leadership
Pour ce faire, elles ont été capacitées au cours d’un atelier où elles ont pris conscience de leur rôle et décidé d’en finir avec les poids sociaux, l’ignorance liée au manque d’information et conséquence de leur désintérêt.
La femme est au contact permanent de l’eau. Ce sont elles qui dans les ménage s’occupent à rechercher cette denrée. Elles s’assurent que l’approvisionnement est suffisant, le stockage fait de manière adéquate dans la maison. De ce fait, ce sont les femmes qui gèrent l’eau au sein des ménages. Mais la gestion de cette ressource va bien au-delà du ménage et engage la prise des décisions quant à son orientation politique, son utilisation, etc. Car l’eau a une valeur économique. Si les femmes ont leur mot à dire dans ses sphères, elles n’en ont pas toujours conscience. Celles qui en ont ne savent pas toujours quoi faire. C’est pour cette raison que le Réseau Eau et Climat des Organisations de Jeunes d’Afrique Centrale (Recojac) a organisé un atelier de formation d’une journée pour les jeunes femmes leaders dans le domaine de l’eau et le climat.
La rencontre s’est déroulée le 13 septembre 2019, dans les locaux de Global Water Partenership (Gwp) en Afrique centrale sis au quartier Bastos à Yaoundé. Elle avait pour objectif de renforcer les capacités des jeunes femmes à travers le développement de compétences de leadership pour induire leur participation à la prise de décision et à l’élaboration de stratégies afin que les femmes soient plus présentes dans ce domaine. Par conséquent plus responsable dans la gestion des ressources en eau douce et la lutte contre le changement climatique. Ceci au travers des actions et des projets concrets leur permettant de participer à la planification et à la mise en œuvre des stratégies d’adaptation au changement climatique.
Les travaux se sont tenus en présentielle au Cameroun (Yaoundé). Mais grâce à la magie d’Internet via l’utilisation d’une plateforme en ligne, les organisations membres du Recojac d’autres pays tels que la République centrafricaine (RCA), Gabon, Congo, Tchad, Sao Tomés et Principes) ont pu bénéficier des différentes sessions axées sur : La participation des femmes dans les secteurs de l’eau et du climat par Blondel Silenou ; Les défis et les opportunités du leadership féminin dans les secteurs de l’eau et du climat par Murielle Elouga, Assistante de programmes à Gwp dont les activités et divers projets implémentés ont servi de cas d’écoles aux participantes. Ces dernières ont également reçu de Valérie Mengue, Chargée des programmes à OnuFemmes, les clés qui feront d’elles de véritables leaders dans le domaine de l’eau, du climat et bien au-delà.
Créé en novembre 2017, le Recojac s’est donné pour mission de créer des synergies entre les organisations de jeunesse impliquées dans les secteurs de l’eau et du climat dans la sous-région de l’Afrique centrale. Avec comme rôle de contribuer à la mise en œuvre effective des objectifs de développement durable n° 6, 13 et 4 (cible 4.4), notamment la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et, d’autre part, l’adaptation au changement climatique et les stratégies pour atténuer ses effets.
INTERVIEW
Michèle Abega Okala Nken
« Il serait bien que les femmes se mobilisent davantage »
La Coordonnatrice du Réseau Eau et Climat des Organisations de Jeunes d’Afrique Centrale (Recojac) présente le programme des jeunes femmes ambassadrices de l’eau et du climat lancé en marge de l’atelier sur cette thématique.
Quel est à votre avis le niveau de participation des femmes dans la gestion des ressources en eau ?
Au niveau par exemple de la prise des décisions, la participation des femmes est assez mitigée. Des politiques et des stratégies existent pour montrer que la femme est reconnue et pris en compte. Mais sur le terrain, il y a encore beaucoup à faire en termes de participation effective. Il serait bien que les femmes se lèvent, qu’elles se mobilisent davantage. Parce que les programmes peuvent exister sur le papier mais l’action revient à celles là même qui souffrent de ces problèmes. Ce sont les femmes qui vivent le plus les difficultés liées à l’accès à l’eau dans les ménages. C’est pour cela qu’on a pensé qu’il faille davantage mettre les femmes au devant de la scène. Vivant ce problème, elles peuvent mieux militer, mieux parler, mieux orienter et mieux implémenter les politiques.
Les femmes semblent se comporter en victimes résignées. Quels sont les principaux obstacles à leur pleine participation ?
Les obstacles sont à plusieurs niveaux. L’on pourrait noter au niveau social, la perception de la femme par la société et par elle-même. « Comment je me considère, qu’est-ce que je peux donner apporter ». La femme est toujours un peu comme celle qui ne se mêle pas des choses de la politique, comme celle qui doit rester cloisonner à un certain niveau. Certaines femmes ont enregistré ces positions dans leur subconscient, dans leur être profond. Celles là sont vraiment affectées sur le plan psychologique. Ce qui fait que même si des politiques sont mises sur pied, elles ne peuvent pas se lever Peut-être l’environnement n’est pas propice. Mais, c’est beaucoup plus que cela parce qu’il y a des modèles de femmes qui se sont levées ailleurs et même ici au Cameroun et qui font leur preuve chaque jour. Le deuxième pan se situe au niveau de l’accès à l’information. Si on n’est pas informer, on ne peut pas savoir ce qui se passe. En réalité beaucoup de gens vivent des choses, mais ne savent pas comment faire pour arriver à un certain résultat.
Aux termes justement de cet atelier sur le leadership féminin dans le domaine de l’eau et du climat, vous lancez un programme dénommé « programme des jeunes ambassadrices pour l’eau et le climat »
C’est davantage pouvoir mobiliser les femmes autour de la question de l’eau ; pouvoir créer cette synergie entre elles qui vivent les mêmes problèmes et sont soumises aux mêmes aléas, de pouvoir se soutenir à travers cette synergie, communiquer, partager les informations entre elles et maintenant voir quelles sont les actions à mener, quelles solutions par rapport aux situations auxquelles elles font face. C’est un peu la vocation que ce programme a envie de donner aux femmes. Mais il est à noter que le programme n’est pas prédéfini à l’avance. Ce sont les femmes qui vont définir elles-mêmes ce qui y entrent compte tenu des situations, du vécu, de ce qu’elles traversent chaque jour.