Nouvelles

Hygiène menstruelle: Pas facile de gérer ses règles en prison

Hygiène menstruelle en prison
Photo DR

Honte, promiscuité, etc., rendent davantage très lourd le fardeau de gestion de son hygiène menstruelle quand on est une détenue.

Mangras, Marie-Claire, Madjadjah… Tous les mots sont bons pour parler de ses règles sans toutefois les nommer. En matière de menstrues, la consigne- on ne sait pas qui l’a énoncé, mais c’est comme ça – est la même pour toutes les femmes. « On ne les nomme pas ». Dans les prisons, les femmes n’échappent pas à cette règle. À la Prison Centrale de Yaoundé au quartier Kondengui, les détenues ont leur code pour parler de leurs menstrues « en toute sécurité ». Pourquoi l’usage des détours pour parler d’un phénomène naturel, dont « c’est l’absence qui devrait nous inquiéter dans certains cas ou à un certain âge », renseigne Denise Ngatchou, présidente exécutive de Horizons Femmes, une organisation Camerounaise qui œuvre pour l’Education, la formation et l’insertion socio-économique de la femme afin de : « Réduire les inégalités sociales, particulièrement celles qui affectent les femmes, par la mobilisation et l’organisation des groupes cibles pour la défense de leurs intérêts sociaux, économiques et politiques ».

« On a honte », avoue une détenue, d’une voix à peine audible. Son attitude, de même que celles de ses codétenues face à l’aisance avec laquelle Chantal Sende, chef de projet d’appui à la gestion de l’hygiène menstruelle à Horizons Femmes, aborde le sujet, laisse imaginer les interrogations qui taraudent les esprits. C’est avec ces femmes qu’Horizons Femmes a décidé de célébrer la 6 e édition de la journée de gestion de l’hygiène menstruelle le mardi 28 mai 2019, sous le slogan : « Il est temps d’agir ». Question d’appeler toute la communauté à se mettre ensemble pour non seulement sensibiliser les filles, mais aussi faire entendre leur cri. Davantage perçant en milieu carcéral au regard du tabou, de la promiscuité mais aussi les conditions de détention non favorable à une gestion adéquate de l’hygiène menstruelle. Ce qui expose les filles et les femmes aux infections génitales.
Tabou
C’est davantage compliqué pour les jeunes filles en détention parfois moquées par les aînées à cause d’une garniture mal placée qui tombe. Également, en raison de l’espace contraint, il se pose un problème de gestion des déchets issus de l’utilisation des serviettes hygiéniques jetables. Celles qui à cause du coût relativement élevé (à partir de 600fcfa, en extérieur) desdites serviettes voudraient user des lavables, sont confrontées au dilemme de l’exposition frappé du sceau du tabou. « Bien qu’elle soit en situation de détention, la femme détenue n’en demeure pas moins femme. Elle est bien plus vulnérable encore. La causerie s’est déroulée sous forme d’échanges plutôt intime au cours de laquelle toutes les femmes présentés se sont exprimées sur ce phénomène. La façon dont elles le vivent et gèrent », rapporte Chantal Sende.

Et de poursuivre qu’en milieu carcéral : « C’est vrai que certaines femmes du fait de leur âge pensent qu’elles sont mieux placées pour édifier les autres. Mais à côté, d’autres vivent cette période avec d’énormes difficultés ». Une détenue rapporte par exemple que lorsqu’elle était en liberté, elle avait un flux moins abondant. En plus de ce changement probablement lié au stress, la causerie a également portée sur le port correct de la serviette hygiénique afin de s’éviter certains désagréments; la ménopause précoce… « La gestion de l’hygiène menstruelle est une histoire commune à toutes les femmes, quelque soit le lieu où elle se trouve », conclut Chantal Sende pour qui : « Il est vraiment important que dans certaines institutions comme les prisons, ce problème puisse être pris en compte comme une priorité ».

Articles Liés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back to top button