Il faut libérer le potentiel des adolescentes au Cameroun et faire entendre leur voix
Contrairement aux croyances et autres préjugés, les adolescentes ont une vision claire de l’avenir qu’elles souhaitent avoir. Seulement, de nombreux obstacles dressés sur leur chemin -parfois par des personnes censées les soutenir- les empêchent de se réaliser. A l’occasion de la journée internationale de la fille, des voix s’élèvent pour plaider en leur faveur.
Au Cameroun, les adolescentes représentent 12 % des 26 millions d’habitants du pays. Cependant, elles font souvent partie des groupes les plus défavorisés en ce qui concerne l’accès aux services de base et leurs droits à la participation et à la protection. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), plus de 3 filles sur 5 n’achèvent pas le premier cycle de l’enseignement secondaire, et près de 8 sur 10 ne terminent pas le second cycle. La même source affirme que 11 % étaient mariées à l’âge de 15 ans et 30 % à l’âge de 18 ans ; Près d’une fille mariée sur 4 âgée de 15 à 19 ans a subi des violences de la part de son partenaire intime. Par ailleurs, le taux de natalité chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans est alarmant, avec 122 naissances pour 1 000. En 2023 ; les filles âgées de 15 à 24 ans représentaient 30 % des nouvelles infections à VIH ; 42 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont anémiques. Pour l’UNICEF, tous ces problèmes sont interconnectés mais ils sont également évitables. Des interventions multisectorielles ciblées pour les filles les plus marginalisées peuvent faire une différence substantielle dans leur bien-être et leur développement.
En effet soutient Nadine Perrault, représentante de l’UNICEF au Cameroun, « Les adolescentes sont des moteurs de changement ». De ce fait, « Investir dans leur bien-être aide à briser les cycles intergénérationnels de pauvreté et apporte des bénéfices sociétaux et économiques significatifs », argue Nadine Perrault. « Lorsque les adolescentes sont en bonne santé, éduquées et dotées de compétences et d’opportunités leur permettant de se forger un avenir radieux, elles et leurs enfants – s’ils choisissent d’en avoir à l’âge adulte – ont plus de chances d’avoir une vie meilleure », renchérit de son côté, Dr Nathalia Kanen, Directrice Exécutive du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) à l’occasion de la Journée internationale de la fille célébrée ce 11 octobre sous le thème : « La vision des filles pour l’avenir », pour rappeler l’urgence d’agir pour améliorer la situation des filles dans le monde entier.
« Lorsque les adolescentes sont en bonne santé, éduquées et dotées de compétences et d’opportunités leur permettant de se forger un avenir radieux, elles et leurs enfants – s’ils choisissent d’en avoir à l’âge adulte – ont plus de chances d’avoir une vie meilleure », Dr Nathalia Kanen, Directrice Exécutive-UNFPA
Offrir aux adolescentes des opportunités
Dans le monde en général et au Cameroun en particulier, de nombreux obstacles –dont quelques-uns ont été énumérés plus haut- empêchent les adolescentes de réaliser leur plein potentiel. « … répondons à leur appel à la liberté de vivre en paix et de déterminer le cours de leur propre vie », invite Dr Nathalia Kanen selon qui : « Les adolescentes ont une vision claire de l’avenir qu’elles souhaitent. Soutenons-les dans la réalisation de cet avenir ; soyons à leurs côtés et ne leur mettons pas de bâtons dans les roues ». Pour l’UNICEF au Cameroun, offrir aux adolescentes des opportunités de s’exprimer est essentiel pour garantir leur autonomisation et leur bien-être. C’est pourquoi l’UNICEF a mis en place le Conseil consultatif des adolescentes (AGAB), une plateforme où les adolescentes peuvent contribuer aux programmes de l’UNICEF, s’engager dans des projets communautaires et aider à garantir que nos interventions répondent aux besoins et aux attentes des filles. À ce jour, quatre groupes AGAB ont été établis à Yaoundé, Bertoua, Buea et Maroua.
« l’UNICEF appelle tous les partenaires à se mobiliser pour libérer le potentiel des adolescentes au Cameroun et faire entendre leurs voix », Nadine Perrault, Représentante UNICEF-Cameroun
Dans les zones touchées par les crises, l’UNICEF Cameroun met en œuvre un ensemble d’interventions pour favoriser des changements positifs pour les filles en investissant dans leurs compétences et en leur offrant des opportunités d’apprentissage dans un environnement sûr et protecteur, ainsi que des plateformes – telles que les clubs de filles adolescentes – qui leur permettent de discuter entre pairs des obstacles qui entravent leur apprentissage. Plus de 8 000 filles ont participé à ces clubs en 2023. Les interventions de l’UNICEF incluent également la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant et la distribution gratuite de médicaments antirétroviraux, ainsi que la prévention de l’anémie par carence en fer, grâce à la distribution de suppléments de fer. L’UNICEF soutient également la gestion de l’hygiène menstruelle avec des kits pour permettre aux filles de rester à l’école et de vivre dignement. En cette journée dédiée aux filles, « l’UNICEF appelle tous les partenaires à se mobiliser pour libérer le potentiel des adolescentes au Cameroun et faire entendre leurs voix », a déclaré Nadine Perrault.
Ludovick Franklin TCHAMBA