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La Banque mondiale mobilise 100 milliards de dollars pour IDA 21

Cette annonce a été dévoilée au terme de la réunion de reconstitution des ressources qui s'est tenue à Séoul, en Corée du Sud, les 5 et 6 décembre dernier. La reconstitution de l'IDA21 apportera un soutien essentiel aux pays à faible revenu sur une période de trois ans, de l'exercice 2025 à l'exercice 2028, renforçant ainsi les efforts mondiaux de lutte contre la pauvreté, les inégalités et le changement climatique.

Pour le Groupe de la Banque mondiale, c’est un programme de financement record de 100 milliards de dollars pour le 21e cycle de reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA21), le plus important de l’histoire du fonds. L’enveloppe financière de l’IDA21 dépasse l’engagement historique de 93 milliards de dollars pris lors du cycle de reconstitution précédent (IDA20). Cet engagement comprend une contribution conjointe de 23,7 milliards de dollars de la part de 59 pays donateurs. Les engagements définitifs ont été pris lors de la réunion de reconstitution des ressources qui s’est tenue à Séoul, en Corée du Sud, les 5 et 6 décembre, et qui a rassemblé la direction de la Banque mondiale, les gouvernements et diverses autres parties prenantes. Ce financement est vital pour 78 pays, y compris certaines des nations les plus pauvres du monde, alors qu’ils s’efforcent de relever des défis urgents tels que la pauvreté, l’insécurité alimentaire, les conflits, la fragilité, le fardeau de la dette et la résilience climatique.

Il est particulièrement important pour l’Afrique, l’un des principaux bénéficiaires du soutien de l’IDA – en 2023, près de 70 % de l’ensemble des financements de l’IDA sont allés à des pays africains. Plus tôt cette année, les dirigeants africains ont appelé à une reconstitution d’au moins 120 milliards de dollars en 2024. Bien que les 100 milliards de dollars alloués soient en deçà de ces appels, ils représentent tout de même une augmentation globale du financement. « IDA21 représente une opération d’attente critique – nécessaire et importante – mais elle n’est pas à la hauteur du changement transformateur dont nous avons besoin de toute urgence. Les fondements du financement du développement évoluent rapidement et nous devons suivre le rythme », a remarqué Savior Mwambwa, directeur de programme – Prospérité économique et climatique, Open Society Foundations (OSF), New York. « Dans le domaine du financement climatique, malgré un dialogue approfondi, il n’existe toujours pas de cadre clair définissant le rôle de l’IDA au sein de l’architecture plus large du financement climatique. L’impulsion donnée au financement des pertes et dommages lors de la COP28 ne fait que souligner l’urgence d’établir cette clarté », a poursuivi l’expert.

Déception

« Du point de vue des emprunteurs, le résultat est une déception », renchérit Hannah Ryder, PDG de Development Reimagined. Pour qui, « La Banque mondiale et les donateurs seront bien sûr désireux de présenter ce résultat comme une victoire, en particulier dans le contexte de tant de mauvaises nouvelles ces jours-ci ». En effet, dans l’ensemble, « ce résultat n’est pas à la hauteur des appels modestes des dirigeants africains, qui réclamaient au moins 120 milliards de dollars, notamment parce que certains donateurs, comme le Royaume-Uni, ont vu leurs contributions frôler des records de faiblesse, en particulier en termes réels, et que l’engagement en faveur d’un nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique, pris il y a quelques jours à peine, n’a manifestement pas été pris en compte dans leurs calculs », relève Hannah Ryder.

« L’IDA n’élargira pas non plus nécessairement la marge de manœuvre pour augmenter les budgets de l’éducation ou de la santé. Cet espace restera très limité, en particulier dans les environnements à forte inflation et avec des populations en constante augmentation. Dans l’ensemble, il s’agit d’une démonstration décevante de ce que signifie aujourd’hui la « solidarité mondiale », pressent ce PDG. « L’investissement dans l’IDA n’est pas seulement un catalyseur de croissance, c’est une chance de renforcer la confiance entre les nations du G7 et les nations africaines, en favorisant la stabilité et la sécurité mondiales. C’est aussi un investissement dans l’avenir. Trente-cinq pays sont passés du statut de bénéficiaires de l’IDA à celui de donateurs, ce qui prouve qu’avec l’investissement adéquat, les pays peuvent devenir autosuffisants et aider les autres à faire de même », Ndidi Okonkwo Nwuneli, PDG de ONE. Amy Dodd, consultante indépendante, relativise : « À l’heure où le monde est confronté à une crise climatique, à des vents économiques contraires et à une profonde instabilité politique qui menace le multilatéralisme, il convient de se réjouir de la reconstitution réussie de 100 milliards de dollars du plus grand fonds mondial destiné aux personnes et aux régions les plus démunies ».

Coup de pouce

Elle explique que : « la capacité de l’IDA à démultiplier les contributions signifie que chaque dollar versé sera transformé en 3,50 dollars pour les pays qui luttent contre ce que la Banque a appelé une crise de la dette « record ». Lors de cette reconstitution, les donateurs traditionnels de l’IDA ont été rejoints par 16 nouveaux contributeurs, ce qui a permis d’augmenter la base de donateurs de l’IDA de près d’un tiers. « Nous savons que nous avons besoin de plus pour véritablement relever les défis auxquels le monde est confronté, mais c’est un excellent début et cela montre que les pays les plus riches du monde peuvent faire quelque chose s’ils décident de se serrer les coudes », a-t-elle observé. L’annonce du Groupe de la Banque mondiale fait suite à l’engagement pris par les pays développés de fournir 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour le financement de la lutte contre le changement climatique aux pays en développement, lors de la COP29 qui s’est tenue le mois dernier.

On se souvient que de nombreux pays en développement ont exprimé leur inquiétude quant au fait que ce montant est nettement inférieur au financement nécessaire pour faire face à la crise climatique. L’une des principales demandes formulées par ces pays lors de la COP29 était que les financements soient accordés sous forme de dons ou de conditions équivalentes à des dons, compte tenu des niveaux d’endettement élevés auxquels sont confrontées de nombreuses nations à faible revenu. L’IDA reste l’une des rares sources de financement internationales à offrir des subventions aux pays en situation de grave surendettement, ce qui concerne plus de la moitié des pays éligibles à l’IDA, et des financements à très faible coût aux pays restants. « Par conséquent, suite aux annonces faites lors de la COP29, la contribution de l’IDA donnera un coup de pouce aux pays pour les aider à répondre à leurs besoins de financement de l’adaptation », concluent certains.

Nadège Christelle BOWA

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