L’appel du ministre de la Santé pour l’adoption d’une loi nationale antitabac
Législation
Dr Malachie Manaouda réclame la contribution de tous les acteurs. Parlementaires, acteurs de la société civile et médias, administrations publiques et secteurs privés… Chacun et tous ont un rôle à jouer pour qu’enfin le Cameroun dispose d’une législation conformément à ses engagements pour mettre un terme à la toxicomanie liée à l’usage des drogues et du tabac.
Véritable carnage insidieux. Le tabac est le seul produit légal qui tue la moitié de ses consommateurs. De ce fait, c’est un problème de santé publique et un frein au développement des pays tant elle fait partie des principales causes évitables des décès prématurés et de morbidité dans le monde. Ces fragments sont extraits du discours du Dr Malachie Manaouda, ministre de la Santé publique, hier 26 juin 2019 à Yaoundé à l’occasion de la cérémonie commémorative conjointe de la journée mondiale sans tabac sous le thème : « Tabac et santé pulmonaire » et de la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues. En présence du Dr Phanuel Habimana, Représentant de l’OMS au Cameroun et d’autres personnalités à l’instar du Dr Pascal Magloire Awono, Secrétaire permanent du Comité national de lutte contre la drogue ; Mme Ousman née Fanne Mahamat, directeur de la promotion de la santé, etc.
Fort des chiffres alarmants sur la situation du tabagisme dans le pays, le patron de la Santé publique en appelle à la mobilisation de tous. En effet, les données factuelles montrent qu’au Cameroun, l’activité tobaccole est moins contrôlée et les produits du tabac accessibles à moindre coût sur le marché camerounais. Les méfaits sur la santé sont désastreux. L’Oms estime que le tabagisme est responsable de 36% des décès liés à la tuberculose ; 31% des décès liés aux maladies respiratoires, etc. Aussi, « Mesdames et messieurs les représentants des administrations, les mesures relevant des compétences respectives de chacune de vos administrations et permettant de réduire la demande en drogues et produits du tabac dans notre pays doivent se poursuivre », invite Malachie Manaouda qui saisit cette occasion « pour rappeler une fois de plus l’administration en charge de l’Economie et des finances à œuvrer pour l’augmentation des taxes sur le tabac ». Pour sa part, le ministère en charge des Relations extérieures devrait faire aboutir le processus de ratification du Protocole pour éliminer le commerce illicite du tabac et des produits du tabac. Tandis qu’au sujet des mesures d’interdire de fumer dans les espaces publics ouverts et fermés qui permettent de protéger la population à l’exposition à la fumée du tabac secondaire, il en appelle la contribution des administrations en charge de l’Administration territoriale, du Tourisme, du Transport, du Travail et de la Promotion de la famille.
Avertissements
Est également appelé à contribution, le ministère de la Communication pour une application rigoureuse de la loi nationale sur la publicité, le parrainage, le mécénat, et la promotion des produits du tabac « tant la publicité indirecte des produits du tabac est établie aussi bien dans les points de vente que dans certains médias dans notre pays », explique Malachie Manaouda qui poursuit : « Par ailleurs, l’accélération du processus d’adoption et de promulgation d’une loi cadre nationale anti-tabac requiert le soutien de tous notamment celui des parlementaires ». Heureusement se réjouit-il, « Certaines administrations ont commencé à donner suite à cet appel ». Ce qui augure de bonnes perspectives pour le pays qui vient de rentrer dans le cercle encore restreint des pays qui ont intégré le marquage sanitaire graphique des produits du tabac comme outil de sensibilisation.
La prorogation du délai d’application dudit texte, accordée par le gouvernement en septembre 2018 s’est achevée le 12 juin 2019, rappelle le Minsanté qui a le regret de relever : « …Malheureusement encore des résistances de la part de certaines entreprises tobaccoles, exposant ainsi ceux qui commercialisent les produits du tabac non conformes, aux sanctions prévues par la législation en vigueur. L’occasion nous est donnée aujourd’hui pour appeler à la vigilance des administrations en charge du Commerce et des finances à ce sujet ». De même, il invite les organes de presse à organiser des émissions de grande écoute autour de cet important texte ; alors que les organisations communautaires de base doivent œuvrer de façon permanente pour dissuader les jeunes à faire usage des produits du tabac et des drogues. Malachie Manaouda plaide aussi désormais pour un changement de l’appellation « Journée mondiale sans tabac » qui prête à confusion à « journée mondiale zéro tabac ».