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Le gouvernement Allemand s’attaque à la malnutrition chronique au Cameroun

Zone de crise humanitaire
Le pays d’Angela Merkel vient d’injecter la somme de neuf (9) milliards de Fcfa (15 millions d’Euro) pour lutter contre la malnutrition dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est.
enfant malnutri

Ce financement intervient dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase du projet « s’attaquer à la malnutrition chez les enfants vulnérables de moins de cinq ans dans les zones affectées par des crises humanitaires » dont les activités ont été planifiées en début de semaine à Kribi, département de l’Océan, au cours d’un séminaire organisé par le Minepat et le Minsanté en partenariat avec l’Unicef et la KFW (Allemagne). En effet, les régions ciblées comptent parmi celles qui ont une prévalence de la malnutrition chronique supérieure à la moyenne nationale qui est de 31,7%. Elles sont également les plus vulnérables avec des niveaux de pauvreté chronique. A cela s’ajoute une situation de sécurité volatile. Le Nord, l’Est et l’Adamaoua hébergent plus de 200 000 réfugiés de République Centrafricaine. L’Extrême-Nord est la plus affectée par les activités du groupe terroriste Boko-Haram et les opérations militaires y afférentes.
Ses habitants sont confrontés aux répercussions dramatiques engendrées par la détérioration de la situation sécuritaire dans le Bassin du Lac Tchad ayant conduit à des déplacements massifs de la population. Soit 227 500 déplacées internes et 92 000 retournés ; un afflux de réfugiés nigérians estimés à 63 000 au Camp de Minawao et 39 000 en dehors. Cette situation a conduit le gouvernement allemand depuis 2016 à financer le projet suscité à travers la KFW, son institution d’exécution. Fort du succès enregistré, la 2e phase est engagée via les différentes composantes du projet que sont: la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère (Pcimas), la promotion de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (Anje), la lutte contre les carences en micronutriments, le renforcement des capacités au niveau local et le suivi/évaluation et gouvernance.
Mieux encore, Dr Robert Mba, Chargé des missions à la KFW a annoncé des financements additionnels dont le montant n’a pas été révélé pour l’instant. Ainsi, chaque année, 50476 enfants réfugiés de moins de 2 ans vont recevoir de la poudre en micronutriments et la sensibilisation sur l’alimentation de complément. Est également prévue, la prise en charge de 60000 enfants malnutris aiguë sévère, et la sensibilisation de 23000 familles sur les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune. Tandis que six trois groupements féminins vont recevoir une assistance pour la production locale d’aliments de complément de qualité. Ces chiffres ont été revus à la hausse comparé à ceux de la première phase qui (Cf. Le Messager n° 5299 du mardi 14 mai 2019) d’après Cécile Patricia Ngo Sack, sous directeur en charge de l’alimentation et de la nutrition au ministère de la Santé publique avait permis de prendre en charge plus de 40 000 enfants malnutris aigus sévère de 0 à 5 ans dans les centres nutritionnels thérapeutique en interne et en ambulatoire dans 37 districts de santé, contre 68 aujourd’hui.

 

INTERVIEW

Gustave Boulemegne Moubitang

bouloumegne« La stratégie PB-Mère permet le dépistage précoce de la malnutrition »
L’éclairage du chef de bureau du suivi évaluation des activités nutritionnelles au ministère de la Santé publique (sous-direction de l’alimentation et nutrition) sur l’une des stratégies mise en place pour venir à bout de la malnutrition en zones de crise humanitaire.

En quoi consiste la stratégie PB-Mère dans la lutte contre la malnutrition en zones de crise humanitaire ?
La stratégie PB-Mère a été développée pour dépister précocement la malnutrition chez l’enfant. Elle consiste en la recherche de deux indicateurs que sont : la mesure du tour du bras gauche de l’enfant pour savoir si celui est amaigri et la recherche des œdèmes nutritionnels au niveau des pieds. Quand la maman appuie le pied de l’enfant, s’il reste un trou (godet), il faut amener l’enfant dans une formation sanitaire. Pour la mesure du tour du bras, on utilise le Muac qui est un ruban à trois couleurs (rouge, jaune et vert). Lorsque la maman mesure le bras de l’enfant, si la fenêtre de lecture est au rouge, l’enfant est malnutri aiguë sévère. Il faut le conduire immédiatement dans une formation sanitaire. Egalement pour le jaune qui est signe de malnutrition aiguë modérée. La couleur verte montre que l’enfant est bien portant.
Avant cette activité était menée par le relais communautaire qui en tant que bénévole la délaissait parce qu’il n’était pas motivé. La maman restait à la maison avec son enfant malnutri où l’enfant arrivait à la formation sanitaire dans un état de malnutrition avancée avec des complications médicales. Ce qui rendait la prise en charge plus coûteuse et le pronostic vital de l’enfant était engagé.
On comprend bien que l’un des avantages de cette stratégie est le dépistage précoce de la malnutrition chez l’enfant. Y’en a-t-il d’autres ?
Outre cet avantage qui permet de réduire les coûts et limiter les décès, cette stratégie va permettre de limiter les abandons. Parce qu’une maman qui prend elle-même le périmètre brachial est impliquée dans l’activité. Quand elle va amener son enfant malnutri à l’hôpital, elle va difficilement abandonner les soins. Par ailleurs, pendant qu’on forme les mères, on les sensibilise sur l’alimentation de leurs enfants.
Le Muac qui apparaît comme un outil central de ce projet va-t-il être distribué à toutes les mamans ? Les bénéficiaires pourront-elles l’utiliser pour leurs voisines ?
Par exemple ! C’est même cela l’idée du projet. La maman formée non seulement dépiste son propre enfant, mais utilise ses connaissances et son matériel au service de la communauté l’impliquant ainsi dans le programme. Il est prévu que les toutes les mères enrôlées dans le projet reçoivent ces rubans qui seront remplacés quand ils sont usés.
La tâche semble ardue. Quels sont les défis déjà identifiés ?
Le principal défi consiste à faire accepter cette approche à la communauté. Cependant, nous avons des pistes de solutions puisqu’on s’est inspirée de ce qui se passe ailleurs comme au Nigéria, au Burkina Faso où on a noté une adhésion massive de la communauté. Même au Cameroun dans le Logone et Chari, à Goulfey, ce programme a été implémenté avec beaucoup de succès tel que le montrent les premières évaluations avec MSF. Le deuxième défi est la formation et le suivi des bénéficiaires. A l’Extrême-Nord, où on a 4 districts de santé, si on prend seulement un DS, ce sont des milliers de mères qu’il faut former et suivre. Mais là aussi, nous avons signé des conventions avec des organisations proches de la communauté à l’instar d’Alima, Actions contre la Faim, etc. pour assurer le suivi. Le dernier challenge est celui de l’approvisionnement en ruban. Jusqu’à présent, c’est le partenaire du ministère de la Santé publique qui est Unicef qui va approvisionner les mères en ruban. On pense dans le cadre de projet financé par KFW inciter les industries locales à se lancer dans la production des Muac. C’est comme une règle graduée en plastique flexible qui peut plier facilement.
Réalisée par
Nadège Christelle BOWA

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