Malnutrition chronique au Cameroun
Yaoundé abrite un atelier dont l’objectif est de développer une vision commune sur la stratégie de réduction de la malnutrition chronique au Cameroun d’ici à 2025.
Pour Jacques Boyer, Représentant de l’Unicef et par ailleurs chef de file des partenaires techniques et financiers pour la nutrition : Lutter contre la malnutrition nécessite une approche multisectorielle qui rassemble tous les secteurs pertinents pour la fourniture d’interventions spécifiques à la nutrition. Il l’a indiqué à l’ouverture des travaux de l’atelier sur la malnutrition ouvert Yaoundé, ce mardi 24 juillet 2018. Cette rencontre de deux jours a pour objectif de développer une vision commune sur la stratégie de réduction de la malnutrition chronique au Cameroun d’ici à 2025. En effet, malgré les efforts consentis par le gouvernement et ses partenaires, la malnutrition demeure toujours un problème majeur de santé publique et un frein au développement du Cameroun.
Cette affection touche un enfant sur trois au niveau national et se concentre majoritairement dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua, de l’Est et du Nord-Ouest. Entre 2006 et 2014, on observe que la prévalence de la malnutrition chronique (retard de croissance) chez les enfants de moins de cinq ans reste élevée (30,4% MICS 2006 et 31,7% EDS/MICS 2014). Avec une côte d’alerte en 2000 (30 à 39,9% OMS 2000). Une analyse par régions montre une détérioration alarmante à l’Extrême Nord (de 35,7% en 2006 à 44,9% en 2011) et l’Adamaoua (de 28,4% en 2006 à 39,8% en 2011) révélant une situation d’urgence (≥40% OMS 2000). Les principaux déterminants sont la pauvreté, l’apport alimentaire insuffisant, les maladies infectieuses. Au cours des 30 dernières années, le niveau d’autosuffisance alimentaire est passé de 96% en 1980 à environ 80% en 2007 (ECAM III, CFSAM 2013). L’insuffisance de l’offre alimentaire est accentuée sur le plan interne par une faible organisation des circuits commerciaux, et sur le plan externe par une demande en nette augmentation dans tous les pays frontaliers du Cameroun.
Au second plan
« S’attaquer à la malnutrition chronique, c’est permettre d’offrir de nouvelles opportunités à toute une génération de jeunes enfants qui demain seront le moteur du développement du Cameroun. Lutter contre ce fléau, c’est contribuer à l’amélioration de leur santé et de leur survie, tout en garantissant leurs droits fondamentaux. C’est aussi veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé de côté », insiste-t-il encore dans son propos pour souligner l’intérêt de ce rendez-vous au cours duquel, les participants vont réfléchir autour des évidences scientifiques pour la réduction de la malnutrition chronique ; les interventions spécifiques à la nutrition et pro-nutrition ; les plateformes de convergence pour l’accélération des progrès en matière de réduction de la malnutrition chronique ; le partage d’expériences sur la contribution de divers secteurs sensibles (sécurité alimentaire, Santé, WASH, protection sociale, éducation) comme porte d’entrée d’une stratégie de réduction de la malnutrition chronique.
Les mécanismes de suivi et l’évaluation des programmes de réduction feront aussi l’objet des échanges. En dépit de l’engagement du Gouvernement au mouvement SUN (Scaling Up Nutrition), les interventions nutritionnelles actuellement en cours ne font pas de la lutte contre la malnutrition chronique une priorité. Elles ne figurent pas non plus dans les agendas des intervenants aussi bien publics que de la société civile. Depuis 2014, la feuille de route pour la réduction de la malnutrition chronique a été élaborée mais pas véritablement mise en œuvre. Par ailleurs, l’environnement des acteurs de la nutrition et les avancées scientifiques demande l’actualisation des connaissances et des différents outils élaborés. L’adoption de la politique nationale de nutrition et de son plan de mise en œuvre est toujours attendue. Par ailleurs, l’intégration des interventions de lutte contre la malnutrition chronique n’est pas perceptible dans les différents documents stratégiques des secteurs de la santé, de la protection sociale, de l’eau, d’hygiène et d’assainissement.