Les femmes sont 5 fois plus infectées que les hommes
Vih-Sida au Cameroun
L’enquête Camphia sur l’évaluation de l’impact du Vih sur la population au Cameroun a livré ses conclusions hier lundi 16 juillet 2018 à Yaoundé. Il en ressort également qu’au cours des 12 derniers mois, l’on a enregistré environ 40 000 nouveaux cas d’infection. Le Cameroun reste en situation d’épidémie.
Lancé le 13 avril 2017, Camphia qui devrait durer 7 mois, avait pour objectif d’évaluer l’état actuel de l’épidémie de Vih et l’utilisation des services de prévention, de soins et de traitement au Cameroun. Soit, actualiser les données dont les plus récentes dataient de 2011. L’information majeure de cette enquête concernait l’incidence (le nombre de nouvelle infection annuelle). Cette incidence dans la population de 15 – 64 ans est de 0,27%. « Ceci correspond à peu près 40 000 nouveaux cas d’infection à VIH enregistrée au cours des 12 derniers mois parmi les adultes âgés de 15 à 64 ans», affirme Pr Anne-Cécile Zoung Kanyi Bissek, présidente du Comité de pilotage de Camphia. « En fonction du sexe, l’incidence est 5 fois plus élevée chez les femmes que les hommes. En fonction de l’âge, le pic le plus important de cette incidence chez les femmes concerne la tranche 14-24 ans. Dans cette tranche, le nombre de nouveaux cas infectés par le Vih est 9 fois plus élevé que chez les garçons du même âge », apprend-t-on.
Le pic de l’infection chez les femmes est dans la tranche des 35-49 ans et chez les hommes entre 40 et 50 ans. Ces statistiques actualisées confortent la campagne que vient de lancer Onu-Femmes Cameroun pour stopper la féminisation du Vih. Concernant les données de la tranche 15-49 ans, l’incidence est de 3,4%. « Si on la compare à celle des Eds précédentes 2004-2011, elle diminue régulièrement ». En effet, entre 2004 et 2011, la prévalence au Vih au Cameroun est passée de 5,3% à 4,3%. « Les nombreuses informations que nous avons eues de cette enquête Camphia nous permettra de mieux étudier la dynamique de cette réduction de 0,9% », assure Pr Bissek. Cette prévalence chez les moins de 5 ans est de 0,1%, résultats probable –vante-t-on au ministère de la Santé- des programmes de la prévention de la transmission mère-enfant (Ptme) pour réduire la transmission du Vih des mères séropositives aux enfants pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement.
Cibler davantage les femmes et les jeunes
Au cours de l’enquête Camphia, la mesure de la charge virale a été effectuée chez toutes les personnes vivant avec le Vih. Il en ressort que 44,7% ont une charge virale inférieure 1000 copies par ml. Au sujet de cette enquête, André Mama Fouda, ministre de la Santé publique rappelle qu’avant cette dernière, aucune étude antérieure au niveau national, basée sur la population n’a porté à la fois sur l’incidence du Vih, la suppression de la charge virale (Scv), la prévalence du Vih chez les enfants ou la couverture antirétrovirale au Cameroun. Ces chiffres sont encourageants mais d’autres pays sont à moins. Aussi pour Mama Fouda, « …Nous devons savoir que nous restons en situation d’épidémie généralisée. Pour atteindre l’élimination du Vih, nous devons tous travailler. Nous devons sensibiliser les jeunes […] Donnons des préservatifs à ces jeunes ».
Et de rappeler en outre que : « Au Cameroun, ceux qui sont sous traitement, reçoivent des bons traitements et surtout commence à bien respecter les traitements. 81% ont une charge virale indétectable ». Pour parvenir à ces résultats, 11 623 ménages (92%) sur les 14 000 prévus au départ ont répondu à un entretien. Des 15 419 femmes éligibles et 13 216 hommes éligibles âgés de 15 à 64 ans, 95% ont été interviewés et testés pour le VIH. Sur 8 018 enfants âgés de 0 à 14 ans, 92% ont été testés pour le VIH. Par ailleurs, un sous-échantillon représentatif de 1 962 adultes âgés de 15 à 64 ans a été testé pour l’hépatite B active chronique. La prévalence est ici de 8%. Cette enquête a été réalisée avec l’appui du gouvernement américain à travers le Pepfar (U.S president Emergency plan for Aids Relief) et l’assistance technique du Centers for Disease Control and prevention (Cdc). « Notre engagement collectif est indispensable dans cette lutte pour tous et par tous », exhorte Peter Henry Barlerin, Ambassadeur des Etats Unis au Cameroun.