Les techniciens de la planification à l’école de la modélisation
Développement durable
Yaoundé abrite un atelier dont le but est d’aider le gouvernement à avoir une planification qui tienne compte des interconnections relatives à l’usage des composantes de l’environnement que sont l’eau, l’énergie, les sols, et le climat selon l’approche Clew. Lequel favorise la collaboration interinstitutionnelle.
Au Cameroun, l’on garde encore le goût amer de l’atterrissage raté de 2015, dans l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Pour ce qui est des Objectifs de développement durable (Odd), le pays veut voir différemment au moment même où se tient au siège de l’ONU à New York, le Forum Politique de Haut niveau pour l’évaluation du progrès de mise en œuvre des ODD. Plus encore, le contexte s’y prête avec la révision du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce). Pour y parvenir, le gouvernement à travers le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), s’est tourné vers ses partenaires au développement, lesquels ont conçu un projet pour l’aider à adopter l’évaluation intégrée des systèmes de climat, de terres, d’énergie et d’eau (Clew, en Anglais), pour identifier et gérer les compromis et les synergies dans la formulation des politiques et des stratégies.
Baptisé « Renforcer la cohérence des politiques pour les ODD à travers des évaluations intégrées et renforcement institutionnel en Afrique », le projet est mis en œuvre par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (Undesa) et coordonné par la Division de l’analyse et des politiques économiques (Eapd) et la Division des institutions publiques et de la gouvernance numérique (Dpidg) en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Un premier atelier de deux jours s’est à cet effet ouvert ce mardi 9 juillet 2019 à Yaoundé. Il s’agit de : « Booster la capacité des institutions du Cameroun », explique Antonio Pedro, Directeur du Bureau sous-régional, Afrique centrale de la CEA. D’après cet expert, « les Odd sont très complexes. Pour les atteindre, on a besoin des interventions multisectorielles. La formation va permettre de doter les planificateurs Camerounais d’outils de modélisation très modernes qui peuvent aider le pays à mieux maîtriser comment promouvoir le développement durable ».
Veille stratégique
L’objectif général est de favoriser d’après Thomas Alfstad, Conseiller interrégional de l’Undesa, la collaboration interinstitutionnelle dans les domaines de l’alimentation, l’eau, de l’énergie et du changement climatique. En effet, approuve Saidou Hamadou, représentant du Minepat à ces travaux, « ce genre d’initiatives nous permettra de mieux suivre notre marche vers l’émergence à l’horizon 2035. Par le fait que ça permet de voir à quel niveau nous sommes avec chacun des objectifs et de voir comment adresser à chaque niveau la question du climat, de l’énergie et de l’eau… ». Il poursuit : « On le sait, aujourd’hui on ne peut pas parler de croissance sans adresser la problématique du changement climatique. Cela va nous aider dans le dispositif de veille stratégique et chaque fois, nous allons essayer de voir comment nous évoluons vers l’atteinte des objectifs ».
Les participants sont donc appelés à : « indiquer la voie en terme de besoins du Cameroun par rapport à la modélisation. Les experts vont ensuite orienter la conception des outils par rapport à une thématique bien précise la modélisation qu’il faut », explique Dr Martin Zeh-Nlo, Assistant au Représentant Résident du Pnud. Selon qui : « Modéliser c’est planifier, prédire ». S’agissant du cas spécifique de l’eau, cette composante de l’environnement extrêmement recherchée par l’agriculture, pour d’autres usages (ménages, etc.), le scientifique observe que la capacité des pays à pouvoir intégrer les besoins en matière d’eau est souvent limitée. « L’eau doit être raisonnée en termes de stock. Quand on a ce stock, il faut savoir ce qu’on va en faire en terme d’usage. Souvent, il y a des usages qui sont conflictuels. A ce moment il faut bien des compromis ».
Pour y arriver, « il faut développer justement des interactions avec tous les secteurs qui utilisent l’eau pour arriver à des choix. Parce que si on prend beaucoup d’eau pour un besoin précis, il risque compromettre l’autre besoin et cela va affecter le développement d’un pays. C’est la même chose pour l’énergie, les sols. Maintenant le climat vient affecter toutes ses composantes. Il est question d’aider le gouvernement à avoir cette planification qui tienne compte de ces interconnections», déroule-t-il. Pour lui en effet, intégrer cette approche interconnectée va permettre de faire en sorte que le décideur le fasse en connaissance de cause.