L’Ethiopie « désenfume » sa population
Tabagisme
Le 5 février dernier, le parlement éthiopien a adopté une loi qui comprend de fortes dispositions conformes à la Convention Cadre de l’Oms pour la lutte antitabac que ce pays a ratifiée le 21 janvier 2014. Soit huit (08) ans après le Cameroun.
Ça y est l’Ethiopie a rejoint le cercle encore très fermé des pays africains qui ont eu le courage d’adopter une loi antitabac conforme à la Convention Cadre de l’Oms pour la lutte antitabac. Soit 5 ans seulement après l’avoir ratifié. En gros, la loi antitabac éthiopienne interdit la vente de la shisha, de cigarettes électroniques, de produits du tabac chauffés et aromatisés ; la publicité, la promotion, le parrainage et la vente en détail de cigarettes. De même, elle exige des avertissements sanitaires graphiques sur 70% des faces arrière et avant des paquets de cigarettes, ainsi que l’interdiction totale de fumer dans les lieux de travail, les espaces publics fermés, dans les transports en commun et dans la cour des écoles, des centres de jeunesse et des parcs d’attraction. Cette loi interdit également la vente des produits du tabac aux et par les moins de 21 ans. Plus forte encore, elle comporte des dispositions strictes contre l’ingérence de l’industrie du tabac dans la lutte contre le tabagisme, ainsi qu’une interdiction totale des activités de responsabilités sociale de ladite industrie.
Ce qui fait dire à Deowan Mohee, Secrétaire Exécutif de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (Atca) que : « L’adoption de cette loi crée un cadre législatif pour une lutte antitabac efficace en Ethiopie. Elle démontre l’engagement politique et la détermination à lutter contre la consommation croissante du tabac le pays ». En effet, en 2016, l’enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes révèle que 5% (3,2 millions) de la population éthiopienne âgée de 15 ans et plus consomment le tabac. Tandis que 29,3% (6,5%) sont exposés à la fumée sur le lieu de travail. Commentant elle aussi cette législation, Bintou Camara, Directrice des programmes Afrique pour la « Campagne des enfants sans tabac (en Anglais Ctfk) », affirme que « cette loi adoptée à l’unanimité par le parlement va permettre de sauver des vies et de protéger plus 105 millions de personnes dans le 2e pays le plus peuplé d’Afrique ».
Le Cameroun sommeille
De concert, Acta et Ctfk félicite l’Ethiopie pour cette « décision historique » et exhorte toutes les parties concernées y compris la société civile à assurer la mise en œuvre intégrale de ladite loi. D’autres pays à l’instar du Cameroun sont appelés à suivre l’exemple de l’Ethiopie. Une honte quant on sait que ce pays a été parmi les premiers à ratifier la Cclat en 2006 soit seulement 3 ans après son adoption le 21 mai 2003 par la 56e Assemblée mondiale de la santé à Genève en Suisse. En attendant que les parlementaires Camerounais à l’instar des Ethiopiens prennent leur responsabilité, des organisations de la société civile se battent au quotidien avec le seul arsenal dont elles disposent. A savoir : le plaidoyer et la sensibilisation.
A cet effet, en prélude à la célébration de la fête de la Jeunesse dans le pays, une équipe de la Coalition Camerounaise contre le Tabac, conduite par le Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la C3T, s’est rendue le 8 février 2019, au Lycée bilingue de Nyété dans le département de l’Océan, à plus de 300 Km de Yaoundé, pour une causerie éducative sur les méfaits du tabac à l’attention de la population jeune, cible privilégiée de l’industrie du tabac. La rencontre présidée par le sous-préfet de cet arrondissement, était couplée au dialogue tripartite sur les rôles des membres de la communauté éducative sur la prévention du tabagisme en milieu jeune et à l’installation d’un club antitabac dans cet établissement où le proviseur est un champion de la lutte contre le tabac.